2. Le repeuplement rural se confirme et s'accélère

a) L'augmentation globale de la population rurale à l'oeuvre depuis trente ans

Le repeuplement des espaces à dominante rurale a commencé en 1975. En effet, alors que leur population avait encore un peu diminué entre 1968 et 1975, elle se mit à augmenter de près de 1 % par an entre 1975 et 1982 (soit trois fois plus vite que la population urbaine), puis de 0,7 % entre 1982 et 1990, et enfin de 0,5 % entre 1990 et 1999.

Cette évolution s'est d'ailleurs doublée d'un processus d'inversion de la dynamique démographique des espaces ruraux à partir de 1975. Avant cette date, les campagnes françaises perdaient des habitants en raison des soldes migratoires déficitaires non compensés par l'excédent naturel ; depuis, ces territoires profitent d'une croissance démographique grâce à un solde migratoire à présent positif, compensant largement les scores négatifs des variations naturelles 16 ( * ) .

b) Une accélération au cours des années 2000

Alors que le rythme de croissance de la population rurale avait décru au cours de la décennie 1990, les résultats des premières enquêtes du nouveau recensement font apparaître une augmentation du rythme du repeuplement, qui est passé de + 0,5 % à + 0,7 % par an pour les espaces à dominante rurale entre 1999 et 2005 17 ( * ) .

Surtout, le taux de croissance de la population avait atteint 1,3 % en 2005 contre 0,5 % en 1999 pour l'ensemble des communes de 2.000 habitants 18 ( * ) , soit trois fois plus que pour les communes urbaines 19 ( * ) .

Le taux de croissance de celles-ci est passé de seulement 0,3 % à 0,5 % sur la même période.

A l'inverse, on observe sur la même période, un effet d'inertie des coeurs de villes plus marqué au sein même des espaces urbains puisque les principaux pôles urbains affichent des taux de variation annuels plus faibles (+ 0,4 %).

c) Deux tendances fortes : attractivité et périurbanisation

? Le renouveau démographique rural correspond bien à un phénomène de repeuplement.

Le taux de variation annuel de la population dans l'ensemble rural est essentiellement porté par un solde migratoire largement positif . En effet, l'ensemble rural, composé des pôles d'emplois dans l'espace rural, de la couronne des pôles d'emplois et des autres communes rurales, enregistre un solde naturel déficitaire de 0,2 % en moyenne depuis 1990 : les décès sont donc structurellement supérieurs au nombre des naissances.

Cette contribution négative est surcompensée par un solde migratoire positif de 0,8 % pour la période 1999-2005 : les arrivants sont plus nombreux que les partants, ce qui n'est pas le cas des villes. Ainsi, le taux de croissance de la population rurale est positif et oscille entre 0,6 % et 0,7 % par an. Ce solde migratoire positif, en termes relatifs, a quasiment triplé par rapport à la période 1990-1999 et il est huit fois plus important que le solde migratoire de l'ensemble urbain sur la période 1999-2005 . Cette forte attractivité des zones rurales résulte des bonnes performances des couronnes rurales des pôles d'emplois et des autres communes rurales. Enfin, il convient de rappeler que l'accroissement du taux de migration de la ville vers l'espace à dominante rurale est sensible, passant de 8 à 23 habitants pour 10.000 sur la période 1999-2004 20 ( * ) .

Le diagramme ci-dessous démontre le contraste entre cette évolution et celle que connaît le milieu urbain.

? Un phénomène encore très lié à l'étalement urbain.

Le succès des régions en voie de périurbanisation : ce sont surtout les cantons périurbains, ou en voie de périurbanisation, qui connaissent la croissance la plus rapide avec les cantons ruraux à attractivité touristique, surtout résidentielle, (entre 1,3 % et 1,7 % en moyenne par an). Ces territoires ruraux situés dans le contexte périurbain doivent leur croissance autant au solde naturel que migratoire. A l'inverse, les fortes évolutions des cantons touristiques résidentiels sont dues exclusivement à l'attractivité. Les retraités sont en majorité présents dans les « campagnes des villes » et dans les cantons des petites villes rurales.

* 16 Cf. I. A. 2 .c.

* 17 Soit 15 % au-dessus de la moyenne nationale (+ 0,6 % par an en 2005).

* 18 La différence entre les deux chiffres s'explique par le fait que certaines communes de moins de 2.000 habitants sont comptabilisées dans les aires urbaines.

* 19 Le taux de croissance de celles-ci est passé de seulement 0,3 % à 0,5 % sur la même période.

* 20 Ce phénomène doit toutefois être relativisé car le taux annuel de migration nette des villes vers les couronnes périurbaines est passé de 122 habitants pour 10.000 habitants pendant la période 1990-1999 à 143 habitants pour la période 1999-2004.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page