(2) Un facteur humain avantageux

La main-d'oeuvre rurale, encore souvent marquée par une culture paysanne, possède des qualités particulièrement utiles à l'industrie moderne (sens des responsabilités, gestuelle habile, réflexe qualité...). Si le niveau relativement faible de compétences professionnelles relativise cet avantage, il doit être nuancé du fait que les entreprises mettent en place des programmes d'investissement à long terme sur un personnel dont la fidélité leur est souvent acquise. La politique de ressources humaines est ainsi largement tournée vers l'apprentissage et la promotion internes, la polyvalence des compétences étant favorisée afin d'acquérir plus de souplesse dans la distribution des tâches.

Les rapports salariés-entreprises sont globalement très bons en milieu rural, caractérisé par une proximité et un réseau de sociabilité intense. Ils s'insèrent dans une nébuleuse complexe de relations où les rôles des syndicats et de la filière hiérarchique sont beaucoup moins segmentés et spécialisés que dans une entreprise urbaine, les relations interindividuelles primant sur les rapports institutionnels. En l'absence d'alternative d'emploi et d'embauche, la situation des salariés dépend largement de celle de l'entreprise, et inversement.

Le recrutement du personnel donne lieu à des stratégies différentes selon le niveau de qualification. Celui du personnel d'exécution se fait en général à proximité, pour une bonne partie par le réseau de relations des salariés. Celui du personnel technique et de la maîtrise s'effectue au niveau régional. Enfin, celui des cadres, plus délicat, a lieu à l'échelle nationale. Attirés par un niveau de responsabilité plus élevé que celui auquel ils pourraient prétendre en ville mais hésitant à l'égard de conditions de vie perçues comme plus difficiles, le personnel encadrant est en général jeune et d'un tempérament plus « accrocheur » que la moyenne, aux dires des entrepreneurs.

Les rapports à l'environnement institutionnel sont excellents du fait de l'identification et de la personnalisation poussées de l'entreprise dans le milieu rural. La solidarité de fait liant personnel, dirigeants et responsables locaux facilitent la négociation et renforcent l'efficacité du lobbying au-delà de l'échelle strictement locale (avec la préfecture, les directions départementales et régionales, les parlementaires...).

Les principes d'organisation interne sont marqués par la globalisation des responsabilités et l'autonomie de gestion. La chaîne hiérarchique est courte, les temps de coordination faibles et les personnels adaptables. Les contacts informels sont favorisés à tous niveaux, réduisant d'autant la nécessité d'organiser des réunions de travail.

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