II. A LA RENCONTRE DE LA « SILICANE VALLEY » OU LA RÉUSSITE EXCEPTIONNELLE DU BIO-ETHANOL BRÉSILIEN

Votre délégation, par delà l'observation du modèle brésilien de développement a souhaité examiner plus avant la question cruciale et désormais controversée des biocarburants.

Le Brésil est, en effet, un pays pionnier dans le développement des biocarburants en général mais sa réussite dans le bioéthanol, en particulier, est emblématique.

Développée grâce à un potentiel naturel exceptionnel, la production de bioéthanol a aussi été encouragée par la volonté politique de maximiser cet atout depuis maintenant plus de trois décennies. Mais elle est aussi poussée par le contexte mondial actuel de raréfaction de la ressource énergétique fossile et de prise de conscience des problématiques environnementales.

Pour votre délégation, et selon la formule d'un des interlocuteurs rencontrés sur place, il s'est donc agi de « comprendre un progrès, non d'instruire un procès ».

A. UNE RICHESSE NATURELLE EXCEPTIONNELLE

1. Un pays à l'échelle d'un continent

Le Brésil dispose de surfaces cultivables de dimensions exceptionnelles : près de 300 millions d'hectares. Les 6 millions d'hectares de terre dédiés à la culture de la canne à sucre (à part égale à destination de la production de sucre alimentaire et d'éthanol) ne représentent ainsi que 2 % du total des terres agricoles existant.

En outre, il semblerait que le Brésil puisse encore compter sur un potentiel de 90 millions d'hectares de terres disponibles non encore exploitées. Mais ce chiffre, mentionné à plusieurs reprises lors des entretiens menés par votre délégation, semble sujet à caution car il concerne majoritairement des terres situées dans le « cerrado » (savane brésilienne), qui, seraient inaptes à la culture en l'état et souffriraient d'un important déficit hydrique.

Ce potentiel de 90 millions d'hectares supplémentaires correspond, en fait, à la simple soustraction de la surface totale du Brésil, des surfaces agricoles existantes, des espaces protégés et de la forêt amazonienne (dont le territoire est, majoritairement, mais pas intégralement inapte à la culture de la canne).

Il est apparu à votre délégation que la question de la déforestation était un sujet particulièrement sensible pour les autorités publiques brésiliennes. Ainsi, les interlocuteurs rencontrés sur place ont tous longuement insisté sur les mesures de préservation de la forêt primaire, à l'image de l'Amazonie, comme l'obligation de préserver 80 % du territoire pour la forêt (contre 20 % dans les autres régions).

Il semble en effet que, pour les brésiliens, la forêt amazonienne soit une véritable question de souveraineté nationale, et que toute évocation des risques, avérés, de déforestation, soit dès lors ressentie comme une forme d'atteinte à la « fierté nationale ».

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