3. Le secteur de l'énergie

a) Un haut degré de dépendance énergétique

Le Japon ne dispose quasiment pas de ressources propres et dépend des importations pour 80 % de son énergie. Son taux d'autosuffisance énergétique est de 19 % , mais retombe à 4 % si l'on exclut l'énergie nucléaire (par comparaison, celui de la France est de 50 %).

CAPACITÉ DE PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ AU JAPON

2006

MW

%

Hydroélectricité

47 374

17,2

Thermique

176 352

64

Nucléaire

49 467

18

Autres

249

0,8

Total

275 542

100

Source : Japan electric power survey 2006.

Sa dépendance est extrême envers le Moyen-Orient pour ce qui est du pétrole brut , dont il importe 87 % de sa consommation, ce qui l'oblige à composer avec l'instabilité de la région. Le Japon ne dispose pas, en outre, d'un outil de raffinage développé. Le pays possède cependant une structure -la Japanese oil, gas and metal corporation (Jogmec)- soutenant l'exploration et la valorisation de nouveaux gisements devrait se positionner favorablement en Irak du fait de ses bonnes relations avec les Etats-Unis et développe un partenariat stratégique avec la Russie.

b) Une diversification progressive du bouquet énergétique

La modification du bouquet énergétique au profit de l'énergie nucléaire et du gaz naturel est une constante dans la politique japonaise. Le gouvernement est déterminé à faire augmenter la part de ces énergies dans le mix énergétique comme solutions alternatives au pétrole et faiblement émettrices de CO 2 .

Pratiquement absent de la consommation japonaise dans les années 70, le gaz représente aujourd'hui 15,4 % des énergies primaire, et le gouvernement souhaite que cette part atteigne 18 % en 2030. Le Japon est le premier importateur mondial de gaz naturel, avec 39 % des échanges mondiaux. L'arrivée à échéance de sept contrats d'approvisionnement entre 2009 et 2015 va obliger le pays à sécuriser ses approvisionnements, en privilégiant des champs gaziers proche de l'archipel.

Le nucléaire compte pour 11,4 % du mix énergétique japonais et produit environ 30 % de l'électricité nationale. Deuxième producteur mondial d'électricité d'origine nucléaire et troisième capacité installée après les Etats-Unis et la France, le Japon possède 55 centrales commerciales, qui représentent une capacité de 49,5 gigawatts (GW). La construction de onze nouvelles centrales, dont deux sont déjà lancées, a été annoncée par le gouvernement l'année dernière. L'objectif de ce dernier est de porter la part de l'électricité nucléaire à 40 % à l'horizon 2030, et ce en dépit de divers obstacles : problèmes de maintenance, retards de construction, méfiance de l'opinion publique...

La coopération avec la France reste très active, tant dans le domaine industriel que dans celui de la recherche et développement (R&D). Après avoir transféré la technologie de l'usine de La Hague pour le développement de l'usine « soeur » de Rokkasho-mura, Areva a créé avec Mitsubishi heavy industry une joint venture , ATMEA, qui réalisera un réacteur de troisième génération de taille moyenne. A plus long terme, la coopération franco-japonaise se développe également dans le cadre du projet de réacteur expérimental thermonucléaire international (ITER).

c) Une montée en puissance progressive des énergies renouvelables

Signataire du protocole de Kyoto, le Japon a adopté en 2007 le plan Cool earth 50 qui vise à réduire ses gaz à effet de serre de 50 % d'ici 2050, initiative qui rejoint par la même occasion les conclusions du G8 de Toyako. En 2006, les énergies nouvelles constituent 2,2 % des ressources énergétiques primaires (à l'exclusion de la géothermie et de l'hydroélectricité). Les objectifs nationaux ont été fixés à 3 % du bouquet énergétique primaire d'ici 2010.

Depuis les chocs pétroliers des années 70, le Japon s'est efforcé d'améliorer l'efficacité énergétique de son industrie. Les méthodes excessivement consommatrices des industries lourdes ont été abandonnées, et si le Japon est aujourd'hui le deuxième pays de l'OCDE pour sa consommation énergétique, l'intensité énergétique du PIB japonais (rapport de la consommation d'énergie par unité de PIB et par an) en est la plus faible.

Ces bons résultats ont été acquis grâce notamment au système Top runner , qui oblige les fabricants de 21 catégories de produits à respecter des standards précis. Cela permet de diminuer la consommation énergétique, mais aussi de limiter les émissions de CO 2 de manière passive. Les secteurs du transport et du bâtiment, largement en retrait en matière d'économie d'énergie, sont toutefois à l'étude dans le cadre de la future politique japonaise de changement climatique.

Parmi les nouvelles énergies, l' énergie solaire est sans conteste la plus développée. Depuis le lancement, en 1974, du programme Sunshine , qui a initié le premier projet photovoltaïque national, cette politique volontariste a permis au Japon d'être leader mondial de la production électrique par procédé photovoltaïque entre 1990 à 2004. Avec quatre entreprises parmi les dix plus gros producteurs mondiaux et 36,8 % du marché, le Japon reste incontestablement le leader mondial dans la production de panneaux solaires.

En revanche, les bioénergies sont très peu développées. L'objectif de 500.000 m 3 de production de bioéthanol fixé pour 2010 reste très modeste. En revanche, des projets plus ambitieux sont menés sur la valorisation des algues, présentes en grande quantité sur l'archipel, et la mise au point d'agro-carburants de deuxième génération.

d) Un processus de déréglementation déjà ancien

Depuis les années 90, le secteur de l'énergie s'est restructuré sous l'impulsion de lois de déréglementation nationales . La libéralisation des marchés de l'électricité et du gaz (1995) et des produits pétroliers (1996) a induit des phénomènes de concentration et de baisse des prix.

L'ouverture de ces secteurs est en partie limitée par le fort monopole régional et urbain, ainsi que par l'intégration verticale du secteur qui place les opérateurs historiques en position de force par rapport aux nouveaux entrants. De plus, le gouvernement contrôle les prises de participation étrangères dans les secteurs stratégiques, même si les partenariats public-privé offrent davantage d'opportunité aux investisseurs non nationaux pour pénétrer le marché.

Parmi les grandes entreprises françaises, Areva, Alstom et Total ont des activités importantes au Japon, tandis qu'EDF et Technip sont implantés depuis 2005.

La délégation a pu s'entretenir avec M. Jacques Chambert-Loir, directeur du groupe Total pour l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Asie. Quatrième groupe pétrolier au monde, Total est présent au Japon depuis 1953. Le groupe entretient des partenariats très importants avec des maisons de commerce et des compagnies pétrolières japonaises, et notamment Inpex, qui devrait devenir un futur major japonais. Total fournit une part importante du gaz naturel liquéfié au Japon, premier pays importateur au monde. Egalement présent sur le marché du pétrole brut et dans le secteur des lubrifiants, il s'est engagé dans un projet pilote stratégique de développement d'un nouveau carburant propre. Le programme de réforme ambitieux engagé par l'ancien Premier ministre Koizumi et poursuivi par ses successeurs en matière de déréglementation du marché de l'énergie laisse entrevoir des possibilités d'investissement dans ces secteurs.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page