4. Évaluer et certifier les compétences des jeunes de façon plus lisible par les employeurs

Tout au long de ses travaux, la mission d'information s'est interrogée sur un paradoxe : comment justifier et accepter que plus de 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme ni qualification alors que, dans le même temps, le nombre des certifications et des possibilités d'attester une compétence n'ont jamais été aussi élevées ? En effet, le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) recense à l'heure actuelle environ 5 000 fiches descriptives de certifications, et le nombre de celles ayant vocation à y entrer est estimé à 13 ou 14 000.

Il convient tout d'abord de rappeler que l'ensemble des diplômes, titres ou certifications professionnels forme un paysage complexe dans notre pays qui demeure, comme l'ont souligné les auditions, marqué par une tendance à la « diplômite ». On distingue notamment :

- les diplômes ou titres nationaux, délivrés par les différents ministères certificateurs et élaborés, depuis 1948, en association avec les partenaires sociaux, dans le cadre des commissions professionnelles consultatives (CPC) ;

- les certifications de qualification professionnelle (CQP) des branches, définies, depuis 1983, dans le cadre des commissions paritaires nationales de l'emploi (CPNE) ; alors que les diplômes - notamment ceux délivrés par l'éducation nationale -, sont davantage guidés par les besoins et modes de fonctionnement du système éducatif, les CQP privilégient la description des qualifications en termes de savoir-faire et de compétences ;

- et les autres titres à finalité professionnelle, délivrés par des établissements publics, les chambres consulaires ou des organismes privés ou associatifs.

Créée par la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, la Commission nationale de certification professionnelle (CNCP) a pour principale mission de mettre à jour, dans un souci de lisibilité et d'homogénéisation, l'offre existante , réunie au sein du Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Comme le rappelle le rapport du groupe de travail sur la validation des acquis de l'expérience présidé par M. Vincent Merle, professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, et remis à M. Laurent Wauquiez en décembre 2008, le concept de «certification professionnelle» désigne toutes les formes de validations attestant de la capacité d'une personne à réaliser une activité professionnelle.

La question du degré souhaitable de spécialisation des titres ou diplômes professionnels n'entrait pas dans le champ d'investigation de la mission d'information. Certains ont pu juger leur nomenclature en déphasage avec les besoins croissants d'adaptation sur le marché du travail en indiquant que les diplômes aujourd'hui en place ont été construits dans les années cinquante ou soixante, alors qu'il fallait former des ouvriers spécialisés, tandis qu'il est aujourd'hui nécessaire de former des personnes qui ne soient pas seulement des spécialistes. Cependant, le rapport du groupe de travail présidé par M. Vincent Merle estime que la solution ne se trouve pas dans une déspécialisation ou une réduction a priori du nombre des diplômes mais d'un chantier à plus long terme de rapprochements méthodologiques, d'ingénieries comparables, de mise en cohérence des certifications et d'établissement de passerelles.

Au-delà de cette problématique, et en centrant son attention sur les solutions de nature à améliorer la situation et l'employabilité des jeunes, la mission d'information fait un triple constat :

- l'existence d'un très grand nombre de certifications , décomposables en unités de valeurs, témoigne de la possibilité de certifier tout jeune sortant du système scolaire plutôt que de le qualifier de « sans diplôme »;

- une telle démarche de « validation des acquis scolaires » nécessite une évaluation du jeune, préalablement à sa sortie de l'école. Ceci s'avèrerait d'autant plus utile s'il en sort sans diplôme. En outre, un travail de mise au point de mécanismes de certification devrait être réalisé, qui pourrait s'appuyer sur l'existant, c'est-à-dire, par exemple, sur les appréciations portées sur les bulletins scolaires ;

- enfin, plus généralement, on pourrait imaginer de nouvelles formes de certification visant à mettre en évidence les aptitudes concrètes des diplômés valorisant ainsi leur cursus face aux attentes des employeurs : ainsi, tout en continuant à favoriser l'apprentissage des langues vivantes, essentiel pour l'accès aux métiers en tension du tourisme, il conviendrait par exemple de certifier, en les distinguant, les compétences grammaticales des diplômés et leur capacité de communication concrète.

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