II. LE PLAN « BANANE DURABLE »

La production mondiale de « bananes dessert » représente environ 60 millions 72 ( * ) de tonnes (59 millions de tonnes en 2004), dont 25 % sont exportés, ce qui constitue le plus fort pourcentage en termes relatifs (la pomme qui occupe le second rang n'est exportée qu'à raison de 11 % de la production).

Cette culture qui représente un apport précieux à l'économie antillaise (plus en Martinique qu'en Guadeloupe) n'est pas importante à l'échelle du marché mondial : sur 13,8 millions d'exportations mondiales en 2006, les exportations antillaises (221 000 tonnes en Martinique, 48 000 tonnes en Guadeloupe) n'en représentent que 2 %.

Les exportations antillaises se font à destination de l'Union européenne, au sein de laquelle elles ne représentent que 10 à 16 % de la consommation suivant les années, le plus fort quota étant constitué par les importations en provenance d'Amérique Latine (73 %), et le surplus étant fourni par les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).

Ce marché est de plus en plus concurrentiel d'un double point de vue.

En matière commerciale , et à la suite de condamnations devant l'Organisation Mondiale du Commerce, l'Union européenne a aboli les restrictions quantitatives à l'importation de bananes en provenance de la zone dollar et négocie actuellement une annulation de ses protections tarifaires.

Dans le domaine phytosanitaire , on doit mettre en parallèle les dispositions de la Directive 91/414 et les réglementations qui diminuent le panier des pesticides à disposition des producteurs antillais et l'admission de plus en plus large sur le marché européen de bananes en provenance de zones où l'usage des pesticides est beaucoup plus permissif. Cette distorsion de concurrence introduit des écarts assez substantiels de productivité . Dans les exploitations les plus modernes des Antilles françaises, on atteint des rendements de 35 tonnes à l'hectare contre 50-60 tonnes à l'hectare pour les pays dits de la « banane dollar ».

La production antillaise est donc menacée par la libéralisation du commerce international, par l'étroitesse relative de sa sole - les exploitations de plus de 100 hectares sont rares aux Antilles - et par la réduction des pesticides disponibles.

D'où la nécessité de rechercher des marchés de niches reposant sur une réduction ordonnée des intrants phytosanitaires pour aboutir à une production de « banane durable » 73 ( * ) .

Ce plan « banane durable » conjugue à la fois une réforme des pratiques culturales et la recherche de plants résistant aux bioagresseurs.

A. LA RÉFORME DES PRATIQUES CULTURALES

Il faut rappeler que le bananier n'est pas un arbre, mais une herbacée arborescente, dont, après récolte, on sélectionne un des surgeons pour porter la récolte suivante. Ceci sur un cycle de 9 ans. Ce type de culture a un inconvénient : il accumule les ravageurs implantés sur les racines ou le bulbe de la plante.

La sole bananière antillaise est à la fois en situation favorable et en situation défavorable au regard de la pression de traitement aux produits phytosanitaires.

La forte pluviométrie est assez favorable à la multiplication des ravageurs mais, jusqu'ici, les îles ont été épargnées par la cercosporiose noire qui implique des traitements lourds et répétitifs.

En fonction de ces contraintes, la profession bananière a entrepris, avec l'aide du CIRAD, de mieux maîtriser la lutte phytosanitaire contre les bioagresseurs.

1. Les charançons

Le charançon noir du bananier (cosmopolites sordidus) est originaire, comme le bananier, d'Asie du Sud-Est.

Sa femelle pond des oeufs dans le bulbe où les jeunes larves se nourrissent, en affaiblissant la croissance du plant et, surtout, son ancrage, ce qui le rend plus vulnérable aux coups de vent.

La chlordécone, sous formulation de Kepone puis de Curlone, a été longtemps le seul produit efficace contre sa prolifération, notamment en saison humide.

En substitution, la contention actuelle de ce ravageur repose :

- sur des assainissements par jachère (avec replantation de vitroplants sains),

- et sur le piégeage.

Celui-ci peut prendre deux formes :

- un piégeage à base de phérormones dans des trappes où les animaux se noient,

- un piégeage plus sophistiqué (méthodes ERADIKOS) qui repose sur un double mécanisme.

Un attractif à base de phérormone et l'utilisation d'un nématode entomopathogène qui transmet une toxine au charançon et qui se transmet aux insectes proches (le charançon est à la fois sédentaire - 90 % des adultes parcourent moins de 10 m en plusieurs mois - et relativement grégaire).

* 72 Environ 45 millions de tonnes pour les bananes à cuire.

* 73 Compte tenu de l'humidité qui rège dans les îles, il semble difficile d'aboutir à la mise ne place d'une production de bananes « bio », dont le marché mondial représente 2 % des ventes, dont les deux tiers importés par l'Union européenne.

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