2. La stabilisation politique

L'Irak n'avait jamais connu d'élections démocratiques. Or, les élections provinciales de janvier 2009 furent les cinquièmes tenues depuis 2003. Toutes se sont déroulées dans des conditions qui, malgré l'insécurité, n'ont pas été contestées et moyennant une participation qui s'est constamment maintenue aux alentours de 50 %.

Le Parlement, (l'Assemblée du peuple), est une enceinte vivante, voire passionnée. Une partie des affrontements qui ensanglantaient les rues de Bagdad se déroulent désormais au Parlement où se nouent les alliances post-électorales nécessaires à la constitution de majorités de Gouvernement. La communauté chiite, qui avait créé un front commun, s'est rapidement divisée en trois factions : le Conseil Supérieur Chiite en Irak (CSCI), alliance religieuse proche de l'Iran dirigée par le chef d'une grande famille chiite, Al Hakim, le parti Dawha, animé par le Premier ministre qui est sorti vainqueur des élections des janvier 2009 et les Sadristes, dirigés par Moktada Al-Sadr. La division des chiites a nécessité et permis la formation de majorités rassemblant chiites, sunnites et kurdes.

3. La stabilisation nationale

On assiste, depuis la mi-2008, à la résurgence d'une conscience nationale qui se superpose, sans les faires disparaître, aux fidélités ethno-confessionnelles. Cette heureuse évolution est, dans une large mesure, l'oeuvre du Premier ministre, Nouri Al-Maliki, qui a peu à peu acquis une dimension et une aura nationales. Il a fait campagne lors les élections de janvier 2009 sur les thèmes de l'Etat de droit et de l'identité irakienne et le succès qu'il a remporté témoigne de l'écho positif que ces thèmes suscitent dans l'opinion.

Né en 1950 dans une petite ville rattachée à la province de Kerbala, Nouri Al-Maliki est le petit-fils d'un ministre de l'Education en fonction sous la monarchie, en 1925. Il fit des études de théologie chiite et de langue arabe. Plusieurs membres de sa maison et de sa tribu furent arrêtés et pendus par le régime de Saddam Hussein. Lui-même dut fuir en 1979, d'abord vers l'Iran où il résida cinq ans, puis à Damas où il s'installa jusqu'à la chute de Saddam Hussein. Al Maliki avait très tôt rejoint le parti chiite minoritaire, le Dawha. De culture tribale, il n'est pas un bon orateur et ne paraît pas doué d'un grand charisme personnel. Mais il s'est présenté avec un succès croissant comme le Premier ministre de tous les Iraniens, n'hésitant pas, bien que chiite, à s'attaquer à l'armée du Mahdi tant à Bagdad qu'à Bassora. Il montra ainsi qu'il pouvait transcender son appartenance confessionnelle au service de l'unité du pays. Ceci ne l'empêche pas de rester tributaire de ses alliés politiques chiites, souvent encombrants, et d'être soupçonné par les sunnites d'être un dirigeant chiite déguisé. L'assurance et l'autorité dont il a fait preuve dans la longue et dure négociation de l'accord de retrait des forces américaines ont, elles aussi, contribué à faire de lui le leader national, défenseur de la souveraineté et de l'indépendance de l'Irak que l'opinion attendait. Choisi, au départ, en raison de son apparence effacée et du faible appui que pouvait lui apporter son parti politique, le Dawha , minoritaire dans la communauté chiite, Al Maliki s'est imposé dans l'exercice de ses fonctions par l'assurance et le courage dont il a fait preuve, au point de se voir aujourd'hui reprocher son autoritarisme.

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