2. La fonction de distribution

a) La problématique générale

Le réseau de distribution d'électricité vise naturellement à répondre à la demande des consommateurs, mais il doit faire face à deux difficultés irréductibles :

La première est que la localisation de la production et de la demande d'électricité répond à des logiques différentes qui ne peuvent pas vraiment coïncider . Ce problème est naturellement particulièrement marqué pour une centrale nucléaire , mais ne l'est guère moins pour une centrale éolienne off-shore ou de futures grandes centrales photovoltaïques . Dans ces configurations, l'électricité n'est pas produite où elle est consommée. Il faut l'acheminer.

La seconde est que l'électricité ne peut pas être stockée . A chaque instant, l'électricité acheminée doit correspondre à celle qui est consommée au risque d'une rupture du réseau que l'on nomme communément « black out » ou de mesures de coupures partielles appelées « délestages ».

Pour ces deux raisons, un réseau est organisé selon la règle dite du « N-1 », c'est-à-dire qu'il doit être capable de faire face partout et à tout moment à la défaillance d'un élément de transport ou de production en permettant de reporter la charge de transport sur une autre ligne ou de solliciter une autre source tout en garantissant l'acheminent de l'électricité à l'endroit où elle est demandée.

Pour répondre à ce défi, deux grandes solutions sont possibles :

- accroître le nombre de sources de production à proximité d'une zone de consommation afin de répondre à des pics de consommation ou à une défaillance, mais cette solution est coûteuse,

- développer le réseau pour que, par le biais des interconnexions au niveau d'une région, d'un pays ou de l'Europe la production d'électricité et son transport puissent être optimisés. C'est tout l'enjeu des pics de consommation l'hiver. Les pics sont décalés dans le temps du Nord au Sud de l'Europe en fonction des habitudes culturelles permettant ainsi de compenser les insuffisances momentanées de production par des exportations/ importations de courant d'un pays à l'autre.

Ces problématiques ont fait l'objet d'une audition de l'OPECST, ouverte à la presse, le 16 décembre 2009.

b) Trois exemples : Bretagne, PACA et Alsace-Lorraine

Deux régions françaises : la Bretagne et la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA) sont deux péninsules électriques avec une faible production et/ou un réseau affaibli.

La Bretagne ne produit que 8 % de l'électricité qu'elle consomme alors même que sa demande d'électricité croît plus vite que la moyenne nationale en raison de son dynamisme. Des mesures de renforcement du réseau et d'économie d'énergie sont donc mises en oeuvre, notamment l'initiative EcoWatt réunissant environ 9 000 personnes et visant à les alerter par SMS en cas de pic de consommation de telle sorte qu'elles réduisent leur consommation à leur domicile.

La région PACA se trouve elle aussi dans une situation difficile. Elle importe environ 50 % de son électricité. Surtout, les grandes agglomérations (Aix, Marseille, Toulon, Cannes, Nice) ne sont desservies que par une unique ligne à 400 kV. De ce fait, le moindre incident a rapidement des conséquences importantes comme un feu, en juillet 2009, obligeant la mise hors tension de la ligne, ou un coup de foudre durant l'hiver 2008. Dans les deux cas un délestage a été décidé touchant plus d'un million de foyers.

L'annulation du projet de ligne à 400 kV Boutre-Broc Carros, en 2006, a laissé la région sans solution à court terme.

Une première série de mesures a consisté à monter en tension entre Toulon et Nice et à faire d'importants travaux sur plusieurs postes de transformation, pour un montant total de 80 millions d'euros.

Une seconde série de mesures, décidée en décembre 2008, comporte trois axes : réduire la consommation d'électricité de la région de 15 %, développer les énergies renouvelables en les portant de 10 % de la production à 20 % en 2020, et, enfin, la création d'un filet de sécurité composé de trois nouvelles lignes souterraines à 225 kV (Manosque-Draguignan, Fréjus-St-Cassien et St-Cassien-Cannes) ce qui devrait permettre de sécuriser le réseau jusqu'en 2025.

En Alsace-Lorraine , le réseau a été renforcé pour répondre à la demande. La ligne à 225 kV qui relie Metz à Strasbourg, via Sarrebourg, a été transformée en ligne à 400 kV. Ce projet achevé en 2008 et représentant un coût de 140 millions d'euros, avait pour but de sécuriser l'approvisionnement électrique de Strasbourg et de Sarrebourg qui dépendait d'une seule ligne, d'assurer des raccordements complémentaires : la centrale de Saint-Avold (900 MW, société SNET), en termes de production, d'une part, et la ligne TGV Est, en termes de consommation, d'autre part. De surcroît, la montée en tension permettra des économies d'énergie en limitant les pertes en ligne.

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