2. Des simulations pour la zone euro : deux scénarios, « neutre » et « pessimiste », d'évolution du solde public
a) Les hypothèses retenues

Dans ces conditions, on peut compléter les scénarios des gouvernements de la zone euro par deux scénarios :

- un scénario « neutre » où l'on retient les hypothèses les plus favorables pour l'impact de la politique budgétaire (multiplicateur budgétaire de 0,6 au niveau de la zone euro) et celui de la dépréciation de l'euro (pour une dépréciation de 10 % une année donnée, augmentation du PIB de 1,8 point au bout de 4 ans), mais où la dépréciation de l'euro ne se poursuit pas, afin de ne pas susciter des taux de croissance nettement supérieurs à la croissance potentielle, a priori difficilement compatibles avec une dépréciation de l'euro ;

- un scénario « pessimiste » où l'on retient des hypothèses moins favorables (multiplicateur budgétaire de 1,2 et impact d'une dépréciation de 10 % de l'euro une année donnée de 0,3 point de PIB pendant deux ans), et où l'euro se déprécie de 10 % par an.

Aucun de ces scénarios n'est un scénario extrême.

Par construction, on considère que les Etats parviennent à réduire leur déficit structurel comme le prévoient leurs programmations. Ces scénarios ne font donc que « corriger » les projections de solde en fonction des hypothèses économiques retenues. Par convention, on retient l'hypothèse d'une élasticité des recettes publiques au PIB égale à 1.

Dans tous les cas, on suppose que la croissance est égale en 2011 à la prévision du consensus, et les années suivantes à la croissance potentielle 2007-2020 estimée avant la crise par la Commission européenne, diminuée en fonction de l'impact de la politique budgétaire et de la dépréciation de l'euro.

Dans le cas de la France, pour les scénarios « neutre » et « pessimiste » les soldes ont été évalués non pas en modifiant les soldes du programme de stabilité en fonction de l'impact supposé de la moindre croissance, mais entièrement recalculés, en maintenant inchangées les hypothèses de croissance des dépenses publiques du Gouvernement.

Dans le cas de la Grèce on retient, par convention, les hypothèses de croissance et de solde associées au programme d'aide à ce pays.

On parvient alors aux résultats ci-après, bien entendu purement indicatifs.

Différents scénarios de solde public, pour les principaux Etats de la zone euro

(sur la base des hypothèses d'évolution du solde structurel des gouvernements, recalculées par la Commission européenne en fonction de son estimation du PIB potentiel)

(en % et en points de PIB)

Hypothèses de croissance

Prévisions de solde public

Source

2010

2011

2012

2013

2014

2011-2013

Source

2010

2011

2012

2013

2014

Scénarios des gouvernements

Belgique

Prog. stab.

1,1

1,7

2,2

-

-

2,0

Prog. stab.

-4,8

-4,1

-3

-

-

Allemagne

Prog. stab.

1,4

2,0

2,0

2,0

-

2,0

Prog. stab.

-5,5

-4,5

-3,5

-3

-

France

Prog. stab.

1,4

2,5

2,5

2,5

-

2,5

Prog. stab.

-8,2

-6

-4,6

-3

-

Solde recalculé par la commission des finances*

-8,0

-5,4

-4,5

-3,6

-2,7

Irlande

Prog. stab.

-1,3

3,3

4,5

4,3

4,0

4,0

Prog. stab.

-11,6

-10

-7,2

-4,9

-2,9

Espagne

Prog. stab.

-0,3

1,8

2,9

3,1

-

2,6

Objectifs 12 mai 2010

-9,3

-6

-

-

-

Prog. stab.

-9,8

-7,5

-5,3

-3,0

-

Italie

RUEF**

1,0

1,5

2,0

-

-

1,8

RUEF**

-5

-3,9

-2,7

-

-

Pays-Bas

Prog. stab.

1,5

2,0

2,0

-

-

2,0

Prog. stab.

-6,1

-5

-4,5

-

-

Autriche

Prog. stab.

1,5

1,5

1,9

2,0

-

1,8

Prog. stab.

-4,7

-4

-3,3

-2,7

-

Portugal

Prog. stab.

0,7

0,9

1,3

1,7

-

1,3

Objectifs 13 mai 2010

-7,3

-4,6

-

-

-

Prog. stab.

-8,3

-6,6

-4,6

-2,8

-

Finlande

Min. finances, printemps 2010

1,1

2,1

-

-

-

2,1

Min. finances, printemps 2010

-4,2

-2,2

-

-

-

Grèce

Programme d'aide à la Grèce

-4,0

-2,6

1,1

2,1

2,1

0,2

Programme d'aide à la Grèce

-8

-7,6

-6,5

-4,9

-2,6

Scénario « neutre » calculé par la commission des finances

Belgique

-

-

1,7

2,4

2,5

2,2

2,2

-

-4,1

-2,9

-

-

Allemagne

-

-

1,7

1,3

1,3

1,6

1,5

-

-4,7

-4,0

-3,8

-

France

-

-

1,6

1,8

1,9

2,0

1,8

-

-6,3

-6,0

-5,5

-5,1

Irlande

-

-

2,4

3,5

3,4

3,3

3,1

-

-10,5

-8,2

-6,3

-4,7

Espagne

-

-

1,0

2,9

3,2

3,3

2,4

Base=objectifs du 12 mai 2010

-

-6,4

-

-

-

Base=Prog. stab.

-7,9

-7,2

-6,5

-

Italie

-

-

1,1

1,7

1,8

1,5

1,5

-

-4,1

-3,1

Pays-Bas

-

-

1,6

1,7

2,0

1,8

1,8

-

-5,2

-4,9

-

-

Autriche

-

-

1,7

2,0

2,0

2,0

1,9

-

-3,9

-3,2

-2,6

-

Portugal

-

-

1,0

1,5

2,1

2,1

1,5

Base=objectifs du 13 mai 2010

-

-4,6

-

-

-

Base=Prog. stab.

-6,6

-5,0

-4,1

Finlande

-

-

2,2

-

-

-

-

-

-2,2

-

-

-

Grèce

-

-

-2,6

1,1

2,1

2,1

0,2

-

-7,6

-6,5

-4,9

-2,6

Scénario « pessimiste » calculé par la commission des finances

Belgique

-

-

1,7

1,7

2,5

2,4

2,0

-

-4,1

-3,2

-

-

Allemagne

-

-

1,7

0,2

0,8

1,9

0,9

-

-4,7

-4,6

-4,7

-

France

-

-

1,6

0,8

1,7

2,4

1,4

-

-6,3

-6,7

-6,4

-5,6

Irlande

-

-

2,4

2,3

2,9

3,2

2,5

-

-10,5

-8,7

-7,2

-5,6

Espagne

-

-

1,0

2,0

3,1

3,8

2,0

Base=objectifs du 12 mai 2010

-

-6,4

-

-

-

Base=Prog. stab.

-7,9

-7,6

-7,1

-

Italie

-

-

1,1

1,0

1,8

1,8

1,3

-

-4,1

-3,4

-

Pays-Bas

-

-

1,6

0,7

1,8

2,0

1,4

-

-5,2

-5,4

-

-

Autriche

-

-

1,7

1,1

1,7

2,2

1,5

-

-3,9

-3,6

-3,2

-

Portugal

-

-

1,0

0,3

2,2

2,8

1,2

Base=objectifs du 13 mai 2010

-

-4,6

-

-

-

Base=Prog. stab.

-6,6

-5,3

-4,4

Finlande

-

-

2,2

-

-

-

-

-

-2,2

-

-

-

Grèce

-

-

-2,6

1,1

2,1

2,1

0,2

-

-7,6

-6,5

-4,9

-2,6

* En fonction des hypothèses de croissance du PIB et de croissance des dépenses du Gouvernement.

**Relazione Unificata sull'Economia e la Finanza pubblica (RUEF), 6 mai 2010.

Sources : Commission européenne ; Consensus Forecasts de mai 2010 ; calculs de la commission des finances

b) Pour la zone euro : un déficit de 4 ou 5 points de PIB en 2013 selon les scénarios « neutre » ou « pessimiste »

Les scénarios « neutre » et « pessimiste » correspondent, pour la zone euro, à une croissance de respectivement 1,6 % et 1 % en 2011-2013, et à un déficit public en 2013 de respectivement 4 et 5 points de PIB.

Ces ordres de grandeur s'expliquent simplement.

Actuellement les programmes de stabilité nationaux s'appuient sur une hypothèse de croissance moyenne de 2,3 % en 2011-2013. Or, le scénario « neutre » est moins optimiste que les hypothèses des gouvernements, puisqu'il s'appuie sur une hypothèse de croissance de l'ordre de 1,6 % par an. Il en résulte, en fin de période, un PIB inférieur de 2 points, soit, les dépenses publiques correspondant à environ la moitié du PIB, un déficit supérieur de 1 point de PIB.

Dans le scénario « pessimiste », la croissance annuelle moyenne n'est plus que de 1 %. Par rapport au scénario des gouvernements, le PIB est inférieur en fin de période de 4 points, ce qui correspond à un supplément de déficit de l'ordre de 2 points de PIB.

c) Pour la France : un déficit de plus de 3 points de PIB en 2013, même en supposant que la norme de dépenses est respectée ?

Dans le cas de la France, dans un scénario « favorable » où la croissance serait de 2,5 % par an comme prévu par le Gouvernement - et où les dépenses augmenteraient conformément à ses hypothèses -, le déficit serait encore de 3,6 points de PIB en 2013. Cela vient essentiellement du fait que le Gouvernement suppose que les administrations publiques locales utilisent la moindre progression de leurs dépenses pour ramener leur déficit à 0,1 point de PIB en 2013, alors que l'on retient ici l'hypothèse qu'elles stabilisent leur déficit à 0,5 point de PIB.

Dans le scénario « neutre », supposant une croissance légèrement plus élevée que pour l'ensemble de la zone euro ( 1,8 % au lieu de 1,6 %), le déficit serait encore de 5,5 points de PIB en 2013.

Enfin, dans le scénario « pessimiste », supposant une croissance moyenne de 1,4 %, le déficit serait encore de 6,4 points de PIB en 2013.

Dans le cas du scénario « neutre », la France ne serait pas la seule à avoir un déficit supérieur à 3 points de PIB puisque tel serait également le cas de la plupart des Etats, y compris l'Allemagne (si l'on suppose que ce pays ne prendrait pas alors des mesures complémentaires). Dans celui du scénario « pessimiste », une très large majorité des Etats demeureraient en situation de déficit excessif. Dans les deux cas, le déficit de la France serait proche de celui de l'Allemagne, les deux Etats de référence de la zone euro devant en tout état de cause dépasser largement les 3 points de PIB en 2013...

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