D. EXERCICE ZONAL « RICHTER ANTILLES 2008 »

C'est un exercice qui s'inscrit complètement dans le Plan Séisme. C'est le plus gros exercice Richter qui a été monté pour le moment, avec un budget assez conséquent. Cet exercice de 36 heures concernait la Martinique avec des renforts en provenance de la Guadeloupe et de la métropole. On a fait venir des renforts nationaux. Pour cet exercice, on a activé les 70 postes de commandement de mairie. Chaque maire avait activé son PCS avec les fameuses liaisons satellitaires.

Le scénario est vraiment important : dès qu'on monte le scénario, il faut associer les différents intervenants. On a fait un scénario de commandement. Les communes avaient un devoir sur table, avec des événements. Il y avait ensuite des manoeuvres et des mouvements se faisaient sur le terrain.

Nous avions classé les communes en trois catégories. Les communes A avaient l'habitude de gérer les crises, avec des PCS qui tournaient bien. Les communes B qui venaient tout juste de mettre en place leurs PCS et qui avaient moins l'habitude de gérer les crises. Les communes C qui n'avaient pas du tout l'habitude et peu de moyens.

Nous avons complètement saturé les communes A avec un nombre important d'événements à gérer, afin de les faire réagir. Pour les communes B, elles ont eu directement des situations globales à gérer, afin de les faire réagir. Pour les dernières, nous leur avons fourni un scénario pédagogique afin qu'elles puissent évaluer la situation et rejoindre des PCS des deux premières catégories afin d'apprendre la méthode de gestion de crise.

On a fait venir pendant cet exercice des renforts de la Guadeloupe, de métropole. On a fait jouer aussi les renforts européens, ce qui explique le budget de l'exercice (4 000 participants). On a aussi fait venir une trentaine d'observateurs de la Caraïbe, dont les Haïtiens que nous avons retrouvés ensuite, malheureusement, au cours du tremblement de terre du mois de janvier.

Cet exercice nous a permis de travailler sur la refonte des plans, puisque nous travaillons actuellement sur la refonte des plans ORSEC (organisation de la réponse de sécurité civile). Nous avons travaillé à cette occasion sur un sujet qui nous tenait à coeur, à savoir les décédés massifs, sachant qu'en Martinique nous avons uniquement 43 places réfrigérées pour conserver les corps des décédés. Les scénarios réalisés par mon camarade Hormoz me donnent à peu près 30 000 morts pour la Martinique et 20 000 morts pour la Guadeloupe. Nous avons donc travaillé sur ce sujet, avec la mise en place de morgues communales dans les containers à bananes réfrigérés et d'une zone d'identification des corps montée au niveau de l'aéroport.

Le scénario a été travaillé pendant un peu plus d'un an avec nos partenaires du BRGM. Je ne reviens pas sur les cartes dont il vous a parlé. Quoi qu'il en soit, une fois les études faites, avec ces cartes de dommages de bâtis et ces cartes de victimes, nous avons fait un travail de couture. Ceci aboutit à la cartographie très détaillée de la ville de Fort-de-France, par exemple : le scénario prévoyait 278 bâtiments partiellement détruits.

Nous avons ensuite rédigé les événements très précis avec le nom des rues, de façon à ce que ce soit très réaliste. Cet exercice devait être pédagogique. La première pédagogie qu'on voulait faire passer à la population est qu'on peut avoir aujourd'hui un séisme majeur aux Antilles avec 30 000 morts en Martinique. Il fallait vraiment que notre scénario soit appuyé sur un scénario scientifique.

Même chose pour les victimes. Les cartes nous donnaient le nombre de blessés, d'urgences absolues, de décédés, de sans-abri. Nos partenaires du BRGM nous ont donné des renseignements très précis sur la vulnérabilité du bâti. On a joué réel. A partir du moment où les études nous disaient que la caserne de sapeurs-pompiers ou la préfecture était détruite, cet évènement était automatiquement inscrit dans le scénario.

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