B. POSER LES QUESTIONS

Des morts ? Oui, mais des morgues ? Que fait-on des cadavres? Qui les identifie ? Un mort doit être identifié. Il faut mettre une logistique autour. Il faut « stocker » le mort. Il ne faut pas qu'il se désintègre. Derrière, pour la population, il y a du deuil. Le mort, c'est d'abord le deuil et les familles, ce sont les proches, c'est une catastrophe où tout le monde est bouleversé.

Il y a des blessés. C'est l'inquiétude, le désarroi. Qui va les prendre en charge ? On sait que les hôpitaux seront peut-être détruits. En tout cas, il faut prendre les blessés en charge. On les évacue ? On les traite sur place ? Y a-t-il des médecins compétents ? Donne-t-on des médicaments ? A-t-on ce qu'il faut pour les soigner ?

Je pose simplement des questions. Je ne suis pas chargé des secours publics en France. Je suis chargé d'apporter un soutien à la population, comme nous l'a présenté Paul.

Des gens vont être bloqués, sont sous les décombres. Là encore, inquiétudes de la famille, le stress, l'angoisse, les cris, les hurlements, le désespoir. Là encore, il faut agir. Les personnes isolées ?

Prenons l'exercice de Lourdes. Imaginons que nous sommes en hiver. Les stations de sports d'hiver sont bondées. La ville de Lourdes est bloquée, on n'a plus d'accès aux stations. Comment fait-on pour nourrir des populations qui sont bloquées, qui ne peuvent plus descendre ? Les stations sont pleines. Il y a des vivres pour une ou deux journées. Comment fait-on pour les ravitailler, avec quels moyens ? Il n'y a plus d'accès routiers, ce ne peut être que par voie aérienne.

Les sans-abri : des milliers de personnes dans la rue. Il fait chaud, il fait froid, il gèle. Que fait-on de ces personnes ? Comment les couvrir ? Comment les habiller ? Comment prendre soin d'elles ? Aujourd'hui, ce sont encore des questions qui restent posées. Les enfants seuls, les orphelins, qu'en fait-on ? Je pose encore des questions.

Le tremblement de terre s'est peut-être produit en zone de montagne et a provoqué des éboulements, des avalanches qui vont aggraver les choses. Peut-être un embâcle. En haut il y a une rivière, des éboulements, la rivière grossit, l'embâcle va céder, il va inonder la ville en plus. Que va-t-il se passer ? Là encore je pose des questions.

Tremblement de terre, grosses crues, peut-être des pluies, des ruptures de digues qui viennent aggraver la situation. Là encore je pose des questions. Donc des familles, des hommes, des femmes, des enfants qui sont victimes.

Tremblement de terre, gaz, incendie forcément. Les pompiers sont-ils encore opérationnels sur le terrain ? Ont-ils encore les moyens d'éteindre les incendies. Je pose encore des questions.

Les voies de communication : elles sont coupées, elles ne sont pas coupées. Il y a des moyens d'accès. A L'Aquila, heureusement, une voie autoroutière a été dégagée. Tout le reste était bloqué, mais il y avait un boulevard pour amener les secours. Cela s'est fait vite et bien. Les Italiens ont bien travaillé. La chance est qu'il restait une voie accessible.

Les routes, les voies ferrées, les aéroports, les fleuves, les rivières. La mer, un tsunami, des bateaux échoués partout, des gens sinistrés. Là encore je pose des questions.

L'énergie : on va rétablir l'énergie. Y en a-t-il encore ? Pour combien de temps est-on dans le noir ? C'est l'hiver, on a froid, il n'y a plus de gaz, il n'y a plus rien. Comment faire ? Même ceux qui peuvent encore habiter leurs maisons, comment vont-ils se chauffer ? Ce n'était pas prévu. On n'a pas fait de réserves. On n'est pas préparé à un séisme. Il n'avertit pas. Aujourd'hui, que fait-on ?

L'eau : y a-t-il encore de l'eau ou pas ? Il va falloir en amener, la rendre potable, il va falloir mettre les moyens en oeuvre. Ce ne sont que des questions que je pose.

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