II. DES OBSTACLES PERSISTANTS À UNE MEILLEURE RECHERCHE

Les sciences du vivant ont fait l'objet d'importantes restructurations pour encourager l'interdisciplinarité, la recherche translationnelle et le partage d'équipements indispensables mais coûteux.

Néanmoins, aux dires des équipes de recherche rencontrées par votre rapporteur, la recherche française reste confrontée à de nombreux obstacles au quotidien.

A. LES OBSTACLES COMMUNS À TOUTES LES DISCIPLINES

1. La multiplicité des financements

Le financement de la recherche en France se fait essentiellement par projet. Les équipes répondent aux appels à projet des organismes de financement à travers des dossiers qui sont évalués et soumis à un processus de sélection.

Néanmoins, selon les informations obtenues par votre rapporteur, lorsque le projet est retenu, les sommes allouées ne couvrent jamais l'intégralité du coût dudit projet et les chercheurs sont obligés de chercher d'autres subventions.

Cette fragmentation des financements constitue un obstacle majeur à une recherche efficace dans la mesure où les chercheurs perdent énormément de temps à constituer des dossiers. En outre, elle génère une bureaucratie importante à laquelle les chercheurs ne sont ni préparés ni destinés.

Les exemples suivants illustreront cette situation.

Dès 2001, sous l'impulsion du chercheur Marie-Aline Charles, la mise en place d'une enquête d'envergure sur les déterminants pré et postnatals précoces du développement et de la santé de l'enfant a été étudié.

Néanmoins, il a fallu deux ans et la recherche de 12 financements pour que la future cohorte EDEN commence en 2003 à recruter des femmes enceintes aux CHU de Poitiers et de Nancy.

De même, lors de sa rencontre avec Dominique Langin, directeur-adjoint de l'I2MC à Toulouse, votre rapporteur a appris que ce dernier avait mis 2 ans pour trouver les 300 000 euros nécessaires au développement d'un protocole financé par 5 partenaires.

Par conséquent, les programmes de recherche étant généralement financés sur trois ans, il reste un an à son équipe pour réaliser le travail de recherche, deux ans ayant été perdu à « boucler » financièrement le projet.

Loin d'être des exceptions, ces deux exemples reflètent le quotidien des chercheurs.

En outre, les règles comptables sont inadaptées à cet état de fait. En effet, aussi bien les financements que la comptabilité obéissent au principe de l'annualité. Néanmoins, tant que l'ensemble des subventions nécessaires au projet de recherche n'ont pas été obtenues, ce dernier ne peut pas commencer... et les crédits déjà accordés ne peuvent pas être utilisés.

Par conséquent, les chercheurs sont amenés à réaliser des montages financiers délicats pour se soumettre aux règles de la comptabilité publique sans perdre les subventions qu'ils reçoivent, échelonnées dans le temps. Un assouplissement desdites règles afin d'autoriser la pluriannualité des financements est requis.

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