2. Développer des filières industrielles et des formations d'excellence
a) Des filières à développer

Estimant que la notion de mise en réseau doit être davantage mise en avant, la mission a pu constater, tout au long de ses auditions et de ses déplacements, l'importance du développement et du renforcement des filières industrielles d'excellence sur les territoires.

La politique des pôles de compétitivité, mise en place en 2005, répond à une telle logique, consistant à faire émerger des « clusters » au sein des territoires, c'est-à-dire des pôles de compétences où s'accumulent des savoir-faire dans un domaine technique et qui atteignent une masse critique leur permettant d'être compétitifs sur la scène internationale.

L'exemple de la filière du véhicule du futur est révélateur de la coopération qu'il convient de développer sur les territoires entre les différents acteurs locaux. Lors du déplacement de la mission en Franche-Comté, M. Pierre Moscovici, président de la communauté d'agglomération du Pays de Montbéliard a indiqué que la collectivité contribuait financièrement à son fonctionnement.

b) Des formations à adapter

MM. Michel Houel et Marc Daunis, au nom du groupe de travail sur les pôles de compétitivité constitué par la commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire du Sénat, ont remis un rapport d'information en octobre 2009 visant à appréhender les apports de la politique des pôles de compétitivité ainsi que les pistes d'amélioration possibles.

À ce titre, le groupe de travail avait relevé que le volet « formation » de la politique des pôles n'était pas assez développé, alors même que cet aspect en constitue un axe fondamental, soulignant notamment les limites de l'intégration des universités dans ce dispositif.

Le Conseil économique et social, dans un avis du 16 juillet 2008 153 ( * ) , avait également noté que la formation était « le parent pauvre des pôles ». Le groupe de travail du Sénat citait pourtant dans son rapport un certain nombre d'exemples vertueux en la matière comme l'initiative du pôle nucléaire de Bourgogne (PNB).

Les initiatives du pôle nucléaire de Bourgogne en matière de formation

La labellisation de ce pôle a en effet entraîné l'ouverture de formations permettant d'accompagner et d'anticiper l'évolution des métiers liée aux innovations technologiques :

- un bac professionnel « Environnement nucléaire » au lycée Léon-Blum du Creusot, visant à former des techniciens responsables d'une équipe travaillant sur un chantier nucléaire, de la maintenance aux opérations de démantèlement d'installations nucléaires, en passant par la gestion des déchets ;

- une licence professionnelle « Mesures et capteurs intelligents » à l'Institut universitaire (IUT) du Creusot formant des spécialistes aptes à concevoir et développer des solutions de mesures à partir de capteurs intelligents, compétences essentielles dans un environnement nucléaire ;

- une licence professionnelle « Ingénierie et contrôle des matériaux et des structures » à l'IUT de Chalon-sur-Saône formant aux techniques de contrôle des matériaux, afin de pouvoir intervenir du début de la conception du réacteur nucléaire jusqu'au démantèlement ;

- l'École supérieure d'ingénieurs de recherche et matériaux et infotronique (ESIREM) de Dijon qui forme des ingénieurs en recherche-développement avec deux spécialités : matériaux ou infotronique ;

- le Master « Énergie du futur » lancé par Arts et Métiers Paristech de Cluny (ex-ENSAM).

Le PNB a également initié la création de l'École internationale du nucléaire (INA), qui se situe au sommet de cette chaîne de valeur en formation continue.

Source : rapport d'information du Sénat n° 40 (2009-2010)
fait au nom du groupe de travail sur les pôles de compétitivité

Lors de son audition par la mission, M. Claude Gewerc, président de la région Picardie, a beaucoup insisté sur l'importance de la formation : « pour créer l'emploi de demain, il faut anticiper les filières de formation à mettre en place ; en réalité, c'est tout l'environnement de l'entreprise qui contribue à sa réussite ». Il a indiqué, par ailleurs, que le seul différentiel en matière de charges fiscales entre la France et l'Allemagne ne pouvait expliquer toutes les difficultés de notre industrie, soulignant que la charge fiscale n'arrivait qu'en septième position parmi les critères intervenant dans le choix d'une entreprise qui veut s'implanter sur notre territoire. Les trois premiers critères du choix des entreprises sont plutôt l'accessibilité du territoire, la formation et l'aide à l'innovation.

La mission propose ainsi de renforcer les partenariats et la structuration des filières , notamment au sein des pôles de compétitivité. Ces derniers devraient développer leur partenariat avec les universités et les écoles appliquées.

Dans ce cadre, elle propose la création, au sein du ministère de l'Éducation, d'une structure identifiée, permettant de définir au niveau national une politique de revalorisation des formations professionnelles et de favoriser au niveau des territoires la coopération entre les filières industrielles d'excellence et les formations aux métiers d'avenir.


* 153 Conseil économique et social, « Les pôles de compétitivité : faire converger performance et dynamique territoriale », Avis sur le rapport présenté par M. André Marcon, rapporteur au nom de la section des économies régionales et de l'aménagement du territoire, 16 juillet 2008.

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