B. ... PRINCIPALEMENT DU FAIT DES POSITIONS COMMERCIALES DES DEUX PAYS EN L'EUROPE

1. Des résultats particulièrement sensibles au commerce intra-européen

Le commerce intra-européen tient un rôle primordial dans les évolutions divergentes des soldes commerciaux des deux pays .

Décomposition géographique de l'évolution des soldes commerciaux (*)
(2000-2008) Allemagne-France

(en milliards d'euros)

Allemagne

France

Total

+ 118,4

- 55,4

Commerce intra-européen

+ 63,4

- 48,1

Commerce extra européen

+ 55

- 7,3

(*) De date à date.

La dégradation du solde commercial français et l'amélioration du solde commercial allemand proviennent principalement des relations commerciales de chacun de ces pays avec ses partenaires européens.

Pour l'Allemagne, l'augmentation de ses excédents avec ces pays compte pour 53,4 % du surplus d'excédent commercial. Pour la France, le poids du commerce intra-européen dans la dégradation de sa position commerciale est beaucoup plus important encore (86,8 % du supplément de déficit).

C'est au coeur de l'Europe que le commerce extérieur français se dégrade et non avec les partenaires plus lointains .

Quant à l'Allemagne, si son solde commercial extra européen s'améliore, grâce à ses relations commerciales avec les autres pays de l'OCDE, c'est aussi en Europe même qu'il s'améliore le plus.

L'excédent commercial avec la zone euro représente 60,5 % de l'excédent total de l'Allemagne et cette proportion s'élève à 75 % quand on prend en compte l'ensemble des pays de l'Union européenne.

Les principaux excédents commerciaux de l'Allemagne sont réalisés avec les pays les plus développés de l'OCDE quand, pour la France, dont les excédents bilatéraux sont nettement moins nombreux et chaque fois beaucoup plus modestes, la situation est plus diversifiée.

Les principaux excédents et déficits commerciaux bilatéraux de l'Allemagne
(en 2009 ; en milliards d'euros)

Les principaux excédents et déficits commerciaux bilatéraux de la France
(avec les données 2001 pour mémoire ; en milliards d'euros)

2. Des relations bilatérales déséquilibrées

Le premier excédent de l'Allemagne est l'excédent bilatéral avec la France pour laquelle l'Allemagne représente le deuxième déficit 27 ( * ) derrière la Chine. Celle-ci présente pour l'Allemagne son premier déficit assez loin devant la Norvège et l'Irlande.

Entre les deux pays, les taux de pénétration ont évolué différemment.

Les exportations allemandes en France ont augmenté de 34,5 % entre 2000 et 2007 (+ 19,2 % entre 2004 et 2007). Cette augmentation a été strictement parallèle à celle du PIB français en valeur si bien que le taux de pénétration 28 ( * ) (apprécié en valeur) des importations allemandes n'a pas augmenté.

Cependant, ce constat s'inverse quand on observe les seuls volumes d'échanges. Ainsi appréciés, davantage de produits industriels allemands ont pénétré le marché intérieur français. Ce constat est encore plus net quand il est effectué dans le seul périmètre de l'offre industrielle (compte tenu de la faiblesse de la croissance de la production manufacturière en France au cours de cette même période).

En plein contraste avec le dynamisme des importations industrielles en provenance de l'Allemagne, les exportations françaises vers l'Allemagne n'ont augmenté que de 2 % (en valeur) entre 2004 et 2007, soit moins que la croissance de la consommation intérieure allemande (+ 1,6 % l'an en volume au cours de la même période) déjà faible.

Autrement dit, le taux de pénétration des produits industriels d'origine française en Allemagne a décliné en volume et en valeur quand le taux de pénétration du marché domestique français par les produits allemands a augmenté en volume .

La France n'a pas profité comme elle l'aurait pu de l'ouverture de l'économie allemande réalisée au cours de cette période . L'intensification du recours par les firmes allemandes aux importations de biens intermédiaires, qu'on a pu y observer, ne lui a pas bénéficié, contrairement aux nouveaux États-membres de l'Union européenne.

In fine , toutes les variables se sont combinées pour que la dynamique imprimée par chaque pays au système productif de son partenaire diverge :

la croissance a été sensiblement plus forte en France qu'en Allemagne si bien que la demande adressée par la France à l'Allemagne a augmenté en valeur de 42,7 % en cumulé entre 2000 et 2008 contre 23,9 % pour la demande allemande adressée à la France ; en bref, la France a tiré l'Allemagne avec près de deux fois plus de vigueur que l'Allemagne n'a tiré la France ;

le taux de pénétration des importations d'origine française en Allemagne a, considéré sous toutes les espèces, diminué quand les importations allemandes ont, en volume, augmenté leur place relative sur le marché français.

On observe, en particulier, que la concurrence de nouveaux États membres de l'Union européenne sur le marché allemand, et sur la zone euro en général, paraît particulièrement forte pour les exportations françaises.

Dans ces conditions, si les soldes commerciaux bilatéraux de la France avec les autres pays européens n'ont que peu varié, ce qui traduit une assez bonne résistance sur ces marchés, en dépit des concurrences exercées sur ces marchés par les pays émergents et par l'Allemagne, le solde bilatéral franco-allemand des produits manufacturés s'est nettement détérioré.

C'est avec l'Allemagne, après la Chine que le solde bilatéral se dégrade le plus . Le déficit avec l'Allemagne passe de l'ordre de 11 milliards d'euros en 2001 à 16 milliards d'euros. Ce processus compte pour environ 12,4 % dans la dégradation de la balance commerciale française entre 2001 et 2009.

Ce résultat peut apparaître relativement modéré mais, outre qu'il représente le deuxième poste de détérioration de la balance commerciale, hors dégradation de la facture énergétique, il est déjà sensiblement plus important. La dégradation du solde franco-allemand compte alors pour un peu plus d'un cinquième de l'augmentation du déficit extérieur français.

Par ailleurs, il est loin de représenter à lui seul l'impact de la concurrence entre les deux pays sur leurs résultats commerciaux respectifs.


* 27 Les données allemandes et françaises ne sont pas homogènes, la France situant son déficit avec l'Allemagne à 22 milliards d'euros contre, pour l'Allemagne, un excédent de 27 milliards avec la France.

* 28 Apprécié dans sa dimension macroéconomique et non secteur par secteur.

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