C. UNE STRATÉGIE NON COOPÉRATIVE CONTRIBUANT À DES DÉSÉQUILIBRES INSOUTENABLES.

Les déséquilibres des balances courantes ont considérablement augmenté dans la zone euro.

La faiblesse de la demande intérieure allemande contribue à l'amplification des déséquilibres des balances courantes en Europe qui n'est pas soutenable.

1. La déformation des prix relatifs a sans doute joué

La divergence des coûts salariaux unitaires allemands par rapport aux autres pays de l'Union européenne a eu des répercussions sur la dynamique des prix à l'exportation relatifs dans l'Union européenne autrement plus importants qu'entre la France et l'Allemagne.

Par ailleurs, le différentiel entre les prix des produits exportés par l'Allemagne et les prix intérieurs a favorisé une augmentation des taux de pénétration des produits allemands dans de nombreux pays européens.

La déformation des coûts salariaux unitaires intervenue en Europe a ainsi provoqué une déformation des prix relatifs des biens et services échangeables entre l'Allemagne et la plupart de ses partenaires, l'évolution des coûts salariaux unitaires dans certains pays européens ayant par ailleurs érodé leur compétitivité-coût par rapport au reste du monde.

Une simulation attribue à ces processus des effets particulièrement importants. Le tableau ci-dessous les résume.

Il ambitionne d'évaluer, à travers l'impact sur le commerce extérieur des différents pays d'une stabilité des coûts salariaux unitaires par rapport à leur niveau en 1999, les effets des divergences observées en ce domaine sur leurs niveaux de PIB.

Il va de soi que la totalité des effets associés à l'hypothèse posée n'est pas imputable à l'Allemagne. Ils sont majoritairement, notamment pour les pays qui ont le plus divergé par l'alourdissement de leurs coûts salariaux, attribuables aux conditions de compétitivité de ces pays, notamment à l'égard des pays extérieurs à l'Union européenne.

Par ailleurs, c'est avec prudence qu'il faut prendre les résultats de l'étude. L'équivalence admise entre la variation des coûts salariaux unitaires et le niveau, et son évolution, de la compétitivité des pays admet trop de simplifications pour que ces résultats soient entièrement convaincants.

En outre, ils n'informent que médiocrement sur les effets sur le commerce intra-européen proprement dit d'une stabilité des coûts salariaux unitaires relatifs des pays européens 62 ( * ) .

Cependant, l'étude tend à confirmer que l'Allemagne a beaucoup tiré profit des divergences des coûts salariaux unitaires en Europe et qu'une stabilité des coûts salariaux unitaires relatifs aurait été coûteuse pour elle, étant donné l'importance du commerce intra-européen dans les échanges des pays considérés.

On peut être tenté d'estimer que l'Allemagne a profité des désalignements des coûts salariaux unitaires en Europe au prix d'un creusement des déficits de ses partenaires.

Ce résultat, il faut le souligner, ne permet pas de conclure qu'un régime salarial en Allemagne plus accommodant ferait perdre de la croissance à ce pays (les effets sur la demande interne ne sont pas envisagés).

Par ailleurs, les nombreuses hypothèses sur lesquelles il repose invite à les prendre comme une simple illustration d'une contribution éventuelle de la déformation des prix relatifs de biens et services échangeables dans l'Union européenne 63 ( * ) sur les balances commerciales des différents pays et sur leur PIB.


* 62 La somme des effets par pays est très supérieure à zéro, ce qui montre qu'ils ne se réduisent pas à des réalignements des balances courantes internes à l'Europe.

* 63 Une partie de cette contribution passe par la dégradation de la compétitivité vis-à-vis de pays extérieurs à l'Union européenne.

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