PREMIÈRE PARTIE :

LE TOURISME EST UN VOLET MAJEUR DE L'ÉCONOMIE FRANÇAISE

I. L'ÉROSION DE LA PLACE DE LA FRANCE DANS LE TOURISME INTERNATIONAL

C'est à dessein que vos rapporteurs ont choisi de débuter cette première partie par un titre que d'aucuns jugeront alarmiste. En effet, ils estiment que la France ne doit pas considérer comme éternellement acquis son rang de première destination touristique mondiale. Au contraire, elle doit prendre conscience que cette position relative tend déjà à s'éroder et pourrait se trouver encore plus gravement compromise, en l'absence d'une politique du tourisme ambitieuse.

A. LE DYNAMISME MONDIAL DES FLUX TOURISTIQUES

1. L'effet de la mondialisation sur les échanges touristiques

Au sens de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), le tourisme est défini comme « les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs ». Tous les voyageurs intéressant le tourisme sont appelés visiteurs, parmi lesquels on distingue deux catégories : les touristes, qui passent au moins une nuit (et moins d'un an) hors de leur environnement habituel, et les excursionnistes, qui ne passent pas de nuit hors de leur environnement habituel.

Globalement, la mondialisation se traduit par une croissance des échanges internationaux de biens et services plus rapide que la croissance d'ensemble des différentes économies nationales. En particulier, elle fait fortement sentir ses effets sur la croissance des services touristiques. Deux évolutions technologiques expliquent ce phénomène : d'une part, le développement des moyens de communication, et notamment d'Internet, favorise la diffusion internationale des offres touristiques localisées et simplifie l'organisation à distance des séjours ; d'autre part, le développement de moyens de transport rapides, et dont le coût relatif s'abaisse sans cesse, permet à ces projets de vacances de se concrétiser toujours plus massivement.

Alors qu'ils étaient 683,7 millions en 2000, les touristes ont été plus de 880,5 millions à sillonner la planète en 2009, soit une augmentation de 212,35 % en neuf ans. Mais c'est entre 2003 et 2008 que le tourisme mondial a connu la plus forte croissance du nombre de touristes, avec une progression de 6,6 % par an en moyenne.

2. La crise financière et économique : un impact déjà absorbé

Certes, la crise financière et économique de ces quatre dernières années s'est dans un premier temps traduite par un repli du nombre des arrivées de touristes internationaux, qui sont passées de 919 millions de personnes en 2008 à 880,5 millions en 2009. Mais les signes d'une reprise se sont fait sentir dès le début 2010 dans le secteur touristique, et l'été 2010 a marqué, du moins pour la France, la véritable sortie de crise.

Davantage que par une reprise générale de l'économie mondiale, qui est encore loin d'être consolidée, le retour à la croissance des flux touristiques internationaux s'explique par le dynamisme propre au secteur. Les échanges touristiques mondiaux semblent avoir retrouvé leur tendance à croître plus rapidement que l'ensemble de l'économie de la planète. Ce dynamisme s'explique par des raisons sociologiques et culturelles de fond : à mesure que le niveau de richesse des populations s'élève, la consommation de services touristiques, biens « supérieurs », s'accroît plus que proportionnellement.

Ce phénomène s'observe particulièrement dans les pays émergents, qui voient se développer des classes moyennes avides de voyages et de loisirs. Alors que les taux de départs en vacances approchent de la saturation dans les pays anciennement développés, ils augmentent rapidement dans l'ensemble formé par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), qui constituent « l'armée de réserve » du tourisme mondial.

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