LES MISSILES BALISTIQUES -
NOTIONS DE BASE

Depuis leurs premières utilisations par les Allemands à la fin de la deuxième guerre mondiale (missiles V2), les missiles balistiques sont devenus des armes privilégiées de puissance et de destruction; un vol de très longue portée et une vitesse très supérieure à toutes les autres armes aériennes en font une arme difficilement interceptable, aux effets psychologiques importants même avec de faibles charges militaires.

Les nations victorieuses ont développé depuis 1945 la technologie balistique alors naissante pour projeter quasiment sans limite leurs armes nucléaires et fonder ainsi l'essentiel de la crédibilité de leur force de dissuasion. La France possède une longue expérience en la matière puisqu'elle a lancé ses premiers missiles balistiques dans l'immédiat après-guerre. Elle détient aujourd'hui au travers des missiles de sa force stratégique océanique - les M51 d'EADS/Astrium - un savoir technologique comparable à celui des forces américaines et russes.

Le principe du missile balistique est de donner de la vitesse à un projectile (tête balistique), de manière à ce que ce dernier franchisse seul, grâce à la vitesse initiale imprimée, la distance qui le sépare de son objectif.

Techniquement, un missile balistique enchaîne trois phases de vol très différentes :

1. Une phase propulsée à forte accélération durant 1 à 3 minutes ;

2. Une phase balistique qui peut être spatiale puis atmosphérique, ou bien seulement atmosphérique selon la portée du missile balistique et où seule la force de gravité intervient : elle peut durer de 5 à 25 minutes (environ 80 % du vol) ; cette trajectoire est prédictible par la défense, sauf dans le cas de missiles manoeuvrants ;

3. Une phase de rentrée atmosphérique qui dure généralement moins d'une minute, dans le cas de phase balistique spatiale.

La portée maximale et la vitesse maximale sont liées . La vitesse en fin de phase propulsée est également la vitesse en début de rentrée. Retenons quelques couples significatifs de durées et de vitesses en fonction de la portée :

Toutefois, pour une portée maximale donnée, les trajectoires accessibles peuvent être très variées comme le montre la figure suivante qui illustre les possibilités d'un missile de 3 200 km de portée. Il est ainsi possible de produire des trajectoires tendues ou des trajectoires en cloche depuis des altitudes supérieures à 1 000 km, à des vitesses très supérieures à Mach 10.

En outre, il existe des possibilités de trajectoires semi-balistiques. Une fois entré dans les couches basses de l'atmosphère, le missile déploie des gouvernes aérodynamiques qui lui permettent de manoeuvrer et de déjouer ainsi les défenses adverses calées sur la trajectoire prévue. Ce système était déjà déployé sur les missiles nucléaires tactiques français Hadès . Il est actuellement sur les missiles tactiques russes SS26 Iskander ainsi que sur des missiles chinois (M9/DF15) et iraniens ( Fateh 110)...

Manoeuvre évasive

Les missiles balistiques recouvrent une grande variété d'engins en termes de portée et de complexité. Il faut retenir que la complexité croît avec la portée.

On range généralement les missiles assaillants en cinq grandes catégories qui sont fonction de leur portée :

D'autres critères que la portée sont importants pour appréhender l'analyse de la menace balistique. Parmi eux, ceux qui permettent l'amélioration des capacités de pénétration. Les aides à la pénétration (ALAP) sont généralement constituées de paillettes, de gueuses ou autres objets susceptibles de voler dans l'entourage immédiat de la tête pendant toute la phase exo-atmosphérique et de leurrer ainsi les défenses adverses. Dans les nouvelles générations, les ALAP apparaissent désormais dès la courte portée.

Cortège balistique avec tête présente mais non discriminée (image de gauche) et tête discriminée (image de droite)

Enfin, la dangerosité d'un missile balistique dépend également de la discrétion de son porteur, simple porteur terrestre, sous-marin d'attaque modifié voire porte conteneur aménagé et de sa charge. Il existe une grande diversité possible en termes de chargement : charges militaires conventionnelles, chimiques, nucléaires etc, avec ALAP ou pas.

On retient généralement qu'il existe deux types de menaces : dans un cadre tactique avec une charge conventionnelle ou dans un cadre stratégique avec une charge nucléaire. Mais d'autres combinaisons sont également envisageables : nucléaire tactique contre des troupes déployées, arme chimique en sous-munition, charge conventionnelle contre des objectifs à valeur stratégique (haut commandement adverse, infrastructure vitale...), explosion nucléaire exo-atmosphérique. Le lancement depuis une plateforme terrestre est le plus fréquent mais la capacité de tir à partir de plate-forme maritimes est envisageable.

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