B. LES DISPONIBILITÉS EN EAU RENOUVELABLE SONT TRÈS INÉGALEMENT RÉPARTIES

Le tableau ci-dessous donne la mesure de l'hétérogénéité des disponibilités annuelles par grande région.

Disponibilités annuelles en eau renouvelable en km3

Source : World Water Vision, World Water Council, 2000

Dans ces conditions, rares sont les pays dans lesquels la disponibilité dépasse la disponibilité moyenne, situation qui est un indicateur sûr de la très forte inégalité des dotations actuelles.

En revanche, de très nombreux pays sont en situation de stress hydrique définie par une disponibilité moyenne par habitant inférieure à 1 700 m3. Cette situation concernerait un tiers de la population mondiale (plus de 2 milliards de personnes) vivant dans une vingtaine de pays dont plus de la moitié (12) appartiennent à l'Afrique et 7 sont situés au Moyen-Orient.

Ces données doivent être pondérées par l'existence de disparités régionales, certains pays pouvant bénéficier localement de conditions favorables, et comprises en tenant compte des transferts internationaux ou intertemporels (quand, la quantité de précipitations variant dans le temps, des réserves peuvent être constituées).

Mais elles constituent un facteur limitant peu discutable pour la production agricole et les perspectives de son développement dans les régions concernées.

Si la disponibilité en ressources hydriques naturelles est inégale, la mobilisation effective ne l'est pas moins et conduit le PNUD à évoquer un « water gap » entre les pays développés et les pays en développement.

Ainsi, les quantités utilisées par personne sont elles aussi très différenciées ; de 1 870 litres par personne et par an aux États-Unis à 7 en Haïti, et 20 en moyenne en Afrique. Il en résulte des bilans locaux très contrastés.

La confrontation des disponibilités en eau et des besoins détermine une carte des stress hydriques par grand bassin hydrographique.

Les bassins versants qui sont déjà actuellement les plus en état de stress sont :

l'Indus, le plateau du Dekkan et la partie occidentale du Gange ;

- la Chine du Nord qui reçoit peu de pluies, utilise beaucoup d'eau pour l'agriculture et utilise fortement les eaux fossiles au point que les nappes phréatiques connaîtraient une baisse déjà inquiétante ;

- toute la région Afrique du Nord et Moyen-Orient ;

l'Afrique australe, en particulier l'Afrique du Sud ;

- certaines îles des Caraïbes et les côtes occidentales de l'Amérique centrale ;

- quelques régions du Cône sud américain.

La consommation d'eau agricole ne cessant de s'accroître, la simple continuation des tendances devait accentuer l'intensité du stress hydrique dans les mêmes régions. Les évolutions les plus préoccupantes interviendraient dans les régions suivantes :

- les États-Unis, particulièrement l'Ouest et le Centre ;

- la Pampa et le nord de l'Argentine ;

- la totalité de l'Afrique du Sud ;

- la totalité de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient ;

- le Kazakhstan et les pays d'Asie centrale ;

- la presque totalité de l'Inde ;

- la presque totalité de la Chine ;

- le Sud-Est australien.

À ces grandes tendances, il faut ajouter la perspective des risques liés à l'amplitude des conditions climatiques qui n'épargneraient pas les régions les plus tempérées.

D'ores et déjà, les années de sécheresse paraissent plus fréquentes dans de nombreux sites agricoles.

Face à ces situations, les perspectives offertes par les biotechnologies avec la disponibilité d'espères résistant mieux aux stress hydrique doivent être envisagées. Il en va de même pour la sélection des semences naturelles et même des espèces cultivées puisqu'aussi bien les besoins en eau diffèrent considérablement selon les produits (v. le tableau ci-dessous).

Quantités moyennes d'eau nécessaires par denrées
(litre d'eau/kg produit)

Blé

1 100

Riz pluvial

1 400

Riz inondé

5 000

Soja

2 700

Coton

5 200

Boeuf

13 500

Porc

4 600

Volaille

4 1000

Lait

3 000

Fromage

5 000

OEufs

2 700

Source FAO

Mais, les besoins de régularisation des apports en eau devraient augmenter, ce qui suppose d'évaluer les potentialités d'un développement de l'irrigation.