INTRODUCTION

M. YVON COLLIN, SÉNATEUR DU TARN-ET-GARONNE, RAPPORTEUR DE LA DÉLÉGATION SÉNATORIALE À LA PROSPECTIVE SUR « LE DÉFI ALIMENTAIRE À L'HORIZON 2050 »

Je vous remercie Monsieur le Président d'avoir accepté que nous relevions - si j'ose dire - ce défi de l'alimentation au niveau de la délégation sénatoriale à la prospective. Je crois qu'il y a là un enjeu majeur dans les années qui viennent et je crois que ce matin nous allons beaucoup apprendre les uns et les autres de nos échanges. Je veux bien entendu remercier très chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont pris sur leur temps - sans doute très précieux - pour nous rejoindre et échanger avec nous. Merci tout particulièrement, bien sûr, aux intervenants que je vais me permettre de présenter brièvement car ils sont tous bien connus par le retentissement de leurs travaux. Je vais les présenter - pour reprendre une expression théâtrale - par ordre d'apparition.

Comme l'indique le programme qui vous a été distribué, nous aurons deux sessions ce matin : la première sera consacrée à une présentation et à une discussion des travaux de prospective disponibles. Madame Céline Laisney du ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche abordera des exercices de prospective réalisés à l'étranger en mettant en valeur leurs différences ou, au contraire, leurs convergences. Puis Madame Sandrine Paillard, qui est aujourd'hui sous-directrice chargée de la prospective à l'INRA et qui est presque une habituée de nos travaux - parce qu'elle avait participé à notre premier atelier de prospective - présentera l'exercice Agrimonde réalisé par le CIRAD et l'INRA. Une discussion interviendra alors et je sais déjà que Monsieur Bernard Bachelier souhaitera dire quelques mots sur la construction des prospectives de l'alimentation, notamment en comparant Agrimonde avec la prospective réalisée sous l'égide de la FAO.

Notre seconde session sera, quant à elle, consacrée à identifier les champs de l'action publique et les orientations que celle-ci devra suivre pour atteindre le scénario qu'on va qualifier du souhaitable. Madame Carmel Cahill, conseillère principale au département de l'agriculture à l'OCDE, présentera la vision de cette organisation qui est plus qu'influente quand il s'agit de conceptualiser l'action publique. Je précise que Madame Cahill, pour être fonctionnaire internationale n'en est pas moins irlandaise, ceci pour désarmer le scepticisme bien français quand une personne anglophone parle d'alimentation. Monsieur Bernard Bachelier, qui dirige la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde (FARM), est un avocat convaincu et - je sais - convaincant du développement agricole, en particulier en Afrique. Il interviendra bien sûr dans le cadre de sa mission. Enfin, on ne présente plus Monsieur Michel Griffon, aujourd'hui directeur général adjoint de l'Agence nationale de recherche qui a une très riche carrière au service de la recherche mais aussi de la réflexion stratégique sur les questions géopolitiques. Il est notamment l'auteur d'un quasi best-seller intitulé Nourrir la planète , que vous avez sans doute tous lu et qui est paru en 2006. Monsieur le Président, vous avez rappelé l'étroitesse des liens entre agriculture et prospective et l'habitude - bonne, je crois - que nous avons prise de penser les politiques agricoles en fonction du long terme. Vous avez aussi traduit le sentiment de très vive inquiétude qui a surgi au milieu de la décennie. Pourtant, les exercices de prospective sur lesquels je me suis penché ne conduisent pas à céder à la panique - disons-le tout de suite. En bref, ils ne décrivent pas l'apocalypse que, depuis Malthus, on accole souvent à la confrontation des croissances démographiques et des potentialités agricoles. Dans notre première session, je crois qu'il sera particulièrement important de pouvoir déterminer si cette perception est juste et si elle ne provient pas de ce que les prospectivistes ne sont pas des Cassandre. Peut-être sont-ils toujours tentés de sauver le futur et à cet effet peut-être norment-ils un peu trop leurs scénarios ? Cette interrogation me semble d'autant plus légitime que si globalement la prospective écarte les scénarios du pire, sur tel ou tel point, elle évoque des tensions qui pourraient bien y conduire. En tout cas, ce sera l'affaire de notre seconde session : on ne voit pas qu'un scénario au fil de l'eau soit viable ; un devenir alimentaire de la planète satisfaisant semble passer à tout le moins par des inflexions. J'attends de notre seconde table ronde qu'elle repère les champs de l'action publique qu'il faudra - si je puis me permettre cette expression - labourer aux niveaux national, régional ou international, où il faudra agir et l'intensité des inflexions qu'il faudra prévoir. Comme vous le savez, je souhaiterais organiser à l'avenir deux ou trois autres rendez-vous pour préciser les forces qui dans le futur agiront sur les actions ponctuelles à entreprendre que les travaux de cette matinée véritablement fondatrice et inaugurale auront - j'en suis sûr - permis de cerner avec plus de précision. C'est pourquoi sans plus attendre je passe la parole à Madame Céline Laisney du ministère de l'alimentation, première intervenante.

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