2. La décision attendue du Royaume-Uni

Comme on le sait, la force de dissuasion britannique repose uniquement sur une composante océanique formée de quatre SNLE de type Vangard (voir annexe). Depuis 1994, tous les missiles Trident embarqués des SNLE britanniques n'ont plus de cible pré-indiquée. Un seul sous-marin est en patrouille permanente à la mer. Il doit être averti à quelques jours pour être en état de lancer ses missiles.

Pour l'instant, la position officielle rappelée à vos rapporteurs par l'Ambassadeur Sir Peter Ricketts est la suivante (voir l'entière déclaration en annexe) :

« Le Gouvernement de sa majesté est persuadé que les armes nucléaires demeurent un élément nécessaire de la capacité dont nous avons besoin pour dissuader d'autres puissances dotées d'armes nucléaires.

« Le Royaume-Uni n'utiliserait ses armes que dans des circonstances extrêmes pour assurer son auto-défense et conformément au droit international.

« La politique de dissuasion britannique repose sur cinq principes :

«  prévenir des attaques nucléaires. Les armes nucléaires britanniques n'ont pas été conçues pour une utilisation militaire pendant un conflit, mais au contraire pour dissuader et empêcher des actes de chantage nucléaire et des actes d'agression contre nos intérêts vitaux qui ne puissent être contrés par d'autres moyens ;

« le Royaume-Uni ne conservera que la quantité minimale de puissance destructrice nécessaire pour remplir nos objectifs de dissuasion. C'est ce que nous appelons la dissuasion minimale ;

« nous maintenons délibérément l'ambiguïté sur le fait de savoir avec précision quand, comment et à quelle échelle nous envisagerions d'utiliser l'arme nucléaire. Nous ne simplifierons pas les calculs d'un agresseur potentiel en définissant de façon plus précise les circonstances dans lesquelles nous pourrions utiliser nos capacités nucléaires, c'est à dire que nous ne définissions pas ce que nous considérons comme faisant partie de nos intérêts vitaux. Par conséquent, nous n'excluons pas, ni ne retenons comme principe d'action, l'utilisation en premier des armes nucléaires.

« Les armes nucléaires du Royaume-Uni soutiennent la sécurité collective à travers l'Alliance atlantique, pour la zone euro-atlantique.

« Un centre indépendant de décision nucléaire renforce l'effet global de la dissuasion des forces nucléaires alliées. Des forces nucléaires contrôlées séparément, mais soutenues en commun créent et renforcent l'effet de dissuasion global. La force de dissuasion britannique est opérationnellement autonome et le Royaume-Uni n'a pas besoin d'autorisation américaine pour utiliser sa force de dissuasion. »

La question de la poursuite d'un programme militaire nucléaire a fait l'objet d'intenses négociations entre le parti conservateur et le parti libéral lors de la formation du gouvernement de David Cameron en 2010.

Ceci explique que l'intention de ce gouvernement 10 ( * ) de réduire le nombre total des têtes nucléaires de 225 en mai 2010 à 180 en 2020. Le nombre de têtes nucléaires à bord de chaque SNLE passera ainsi de 48 à 40 ; le nombre total de têtes nucléaires opérationnelles sera compris entre 160 et 120. La totalité du stock des têtes ne dépassera pas 180. Le nombre de missiles opérationnels sur chaque sous-marin sera de huit.

Le remplacement des premiers SNLE britanniques, aujourd'hui âgés de 14 à 18 ans, à sortir du service opérationnel (après 37 ans de service) devrait normalement intervenir en 2028.

Une décision de principe ( initial gate ) a été prise et annoncée au Parlement le 18 mai 2011. Cette décision autorise le ministre de la défense à lancer les études nécessaires pour un nouveau SNLE qui sera propulsé par une nouvelle chaudière nucléaire, ainsi que pour tous les éléments dont la construction nécessite d'être lancés maintenant. Le tableau ci-après donne une idée du coût de renouvellement de la force de dissuasion britannique. Signalons toutefois, que les estimations concernant les têtes et les infrastructures datent de 2006 et n'ont pas été réactualisées.

La décision définitive de poursuivre le programme nucléaire britannique ( main gate decision ) devrait être prise en 2016, après les élections législatives. Il serait prématuré de spéculer sur ce que sera la décision finale du Royaume-Uni. Toutefois, le ministère de la défense britannique vient de signer deux contrats majeurs en mai et juin 2012, avec BAE Marines Systems et Rolls Royce permettant le lancement industriel du renouvellement de la flotte des Vanguard 11 ( * ) .


* 10 Voir SDSR : Strategic Defense and Security Review - Securing Britain in an Age of Uncertainty p.37 - the Deterrent

* 11 Rolls Royce pour la propulsion (1,1 milliard de GBP), BAE Systems Systems Maritime (328 millions de GBP), plus l'octroi d'un programme avec l'AWE (Atomic Weapons Establishment).

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