II. LA RÉUNION FACE À SES DÉFIS

A. LE PROBLÈME DE LA « VIE CHÈRE »

En 2009 puis en février 2012, La Réunion a connu une période de contestation sociale menée par une intersyndicale et des associations de consommateurs autour de la thématique de la vie chère. Cette contestation sociale a donné lieu à d'importants blocages dans l'île, laissant apparaître un contexte de crise important et des questionnements profonds sur les évolutions de la société réunionnaise et son positionnement par rapport à la métropole et aux autres départements d'outre-mer .

Plus généralement, le phénomène de la vie chère représente un enjeu social majeur dans les DOM 14 ( * ) .

Les facteurs expliquant le niveau élevé des prix sont nombreux et sont, pour la plupart d'entre eux, inextricablement liés à la condition ultramarine , à l'opacité entourant la comparaison des prix et à la spécificité du jeu de la concurrence en outre-mer. Vos rapporteurs estiment toutefois que cette problématique n'est pas une fatalité et que des solutions existent .

1. La difficile évaluation du niveau des prix

La comparaison des prix pratiqués en métropole et en outre-mer est rendue peu aisée à la fois par le nombre de facteurs intervenant dans la formation des prix et par la variation de leur poids respectif sur ces prix.

Selon l'INSEE 15 ( * ) , « les prix ont augmenté en moyenne de 2,5 % à La Réunion entre 2010 et 2011, contre 2,1 % en France métropolitaine. L'augmentation des prix de l'énergie et celle des services ont contribué chacune à 36 % de l'augmentation totale des prix. La hausse des prix des produits alimentaires explique un cinquième de l'inflation ».

Cependant, comme l'a noté en 2009 la mission commune d'information du Sénat sur la situation des départements d'outre-mer 16 ( * ) , les prix entre métropole et DOM peuvent fortement varier selon les produits.

Les habitudes de consommation ne sont pas les mêmes en métropole et en outre-mer. Le niveau de vie plus élevé en métropole et la différence de climats impliquent des approches différentes, qui contribuent à remettre en cause le contenu des « paniers-type » (ou « chariots-type ») définis par l'INSEE, l'UFC-Que choisir ou les observatoires des prix et des revenus domiens. Or, ces « paniers-type » sont le fondement des comparaisons de prix entre DOM et métropole.

Enfin, le poids respectif de chaque facteur déterminant le prix (acheminement, octroi de mer, importateur-grossiste, distributeur...) peut varier, dans des proportions parfois importantes.

La situation de chaque DOM, de chaque produit, de chaque article, de chaque étape du circuit d'approvisionnement est donc différente, à tel point qu'il est difficile d'identifier globalement le ou les responsable(s) du niveau élevé des prix en outre-mer. Tous ces éléments conduisent les différents acteurs (pouvoirs publics, entreprises, consommateurs) à contester les chiffres donnés par leurs interlocuteurs et aboutissent à une situation quasi-inintelligible, peu propice à la prise de décision politique .


* 14 Vos rapporteurs renvoient aux travaux de la Délégation sénatoriale à l'Outre-mer consacrés à la thématique de la vie chère, dont les conclusions seront publiées à l'automne 2012.

* 15 Insee, Informations Rapides Réunion, n° 217, mars 2012.

* 16 Rapport d'information n° 519 (2008-2009), « Les DOM, défi pour la République, chance pour la France, 100 propositions pour fonder l'avenir », consultable à l'adresse suivante :

http://www.senat.fr/notice-rapport/2008/r08-519-1-notice.html .

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