III. DES ACTIONS DE PRÉVENTION À POURSUIVRE

Quel que soit le jugement que l'on peut porter sur les fêtes, étudiantes ou non, qui voient une alcoolisation massive des participants, il convient d'admettre qu'elle constitue un nouvel usage social pour une partie des jeunes. Ce constat ne doit certes pas conduire à dédouaner les individus de toute responsabilité vis-à-vis d'eux-mêmes ou de tiers.

Pour vos rapporteurs, il serait confortable mais sans doute illusoire de s'en remettre à un simple arsenal juridique d'essence répressive pour espérer y faire face. Se plaçant dans la lignée du pragmatisme dont le Sénat avait fait preuve en matière de rave parties, vos rapporteurs considèrent que le phénomène d'hyperalcoolisation des jeunes peut davantage être combattu par un encadrement et une prévention adéquats qu'à renfort d'interdictions de principe, simplement vouées à être outrepassées.

A. DES INITIATIVES LOCALES PARTICULIÈREMENT INTÉRESSANTES A DIFFUSER

Ce constat de l'hyperalcoolisation des jeunes a provoqué une réaction des collectivités territoriales, essentiellement des communes, pour remédier aux troubles à l'ordre public qui se produisaient mais aussi dans un souci de santé publique. Les actions menées au niveau local sont une preuve du volontarisme des élus locaux , au-delà même des compétences obligatoires des collectivités territoriales, et de la parfaite collaboration avec les services de l'État.

Sur ce point, la ville de Rennes a initié une démarche prometteuse qui, comme l'indiquait à vos rapporteurs, M. Glenn Jegou, conseiller municipal délégué à la jeunesse, a été pour partie dupliquée dans d'autres villes. La municipalité a ainsi déployé une batterie impressionnante d'actions qu'elle coordonne au sein de son plan de prévention de la consommation excessive d'alcool. Depuis 2005, date à laquelle à la suite de heurts violents consécutifs à des rassemblements alcoolisés sur la voie publique et face à l'impasse d'une réponse simplement répressive, le plan a été créé, il s'est progressivement diversifié.

A l'origine, la ville de Rennes 21 ( * ) a créé la « Nuit des 4 jeudis » qui consiste à proposer, quatre jeudis par mois hors vacances scolaires puis quatre vendredis soir, veille de vacances scolaires, des soirées alternatives aux jeunes. Ces soirées sont alternativement centrées autour d'activités sportives ou d'équipements culturels (théâtre, opéra, musées, etc.) spécialement ouverts pour l'occasion. L'objectif de cette action est de proposer une offre gratuite de loisirs mais sans consommation d'alcool. Parallèlement, la ville de Rennes a mis en place le dispositif « Prév'en Ville » qui permet de fédérer les différents acteurs locaux qui intervenaient auparavant sur les évènements d'envergure tels que les festivals. Ainsi, c'est une vingtaine de soirées par an qui dispose d'un espace mobile, le 4 bus, pour aider les organisateurs de fêtes et assurer une information et la prévention des jeunes sur les risques encourus.

Ce dispositif s'est enrichi en 2007 avec une campagne de communication « A ta santé ! » à destination des jeunes avec, sur le modèle anglo-saxon, des images particulièrement fortes puis, en 2008, avec l'action « Noz'ambule » qui assure une présence de jeunes pour diffuser dans l'espace public lors des soirées un message de prévention. En 2009, la charte de la vie nocturne a permis de consolider ces actions en rassemblant autour de principes communs un grand nombre de partenaires.

Lors de son audition, M. Glenn Jegou, représentant de la ville de Rennes, soulignait que c'est la multiplication des dispositifs qui permet d'assurer une prévention efficace et qu'ils nécessitent d'être maintenu dans le temps. Le coût financier de ces actions n'est donc pas à négliger. Il est ainsi évalué pour la « nuit des 4 jeudis » à près de 360 000 euros par an (hors le coût de fonctionnement des équipements) et à plus de 200 000 euros pour le dispositif « Noz'ambule ».

Certes, ces dispositifs ne constituent pas une alternative qui pourrait se substituer à l'action en matière de police administrative mais ne forment pas moins, pour reprendre l'expression de M. Jegou, une « soupape avant le recours à la police et au SAMU ».

Ces efforts de prévention trouvent, pour les soirées plus spécifiquement étudiantes, un prolongement dans l'activité des associations étudiantes.


* 21 A Rennes, la moitié de la population a moins de 30 ans et un quart est composée par les étudiants.

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