DEUXIÈME PARTIE - L'ÉTAT DE SANTÉ DES ETUDIANTS

I. L'ÉTAT DE SANTÉ DE LA POPULATION ÉTUDIANTE

A. UNE POPULATION DIVERSE CONFRONTÉE À DES PROBLÉMATIQUES COMMUNES

1. Les étudiants sont loin de former une catégorie homogène de la population
a) Le parcours dans l'enseignement supérieur

La France comptait à la rentrée 2011 2 347 800 étudiants , un chiffre en hausse de 1,2 % par rapport à l'année précédente. Les étudiants, qui représentent environ 36 % de la population des 18-25 ans 4 ( * ) , n'ont jamais été aussi nombreux.

Un peu plus d'un étudiant sur quatre réside en Ile-de-France dont près de 14 % à Paris. Les académies de Lille, Lyon, Toulouse et Nantes concentrent à elles quatre 23,7 % des étudiants.

Evolution du nombre d'étudiants inscrits dans l'enseignement supérieur
depuis 1960 (en milliers)

1960 -1961

1970 -1971

1980
- 1981

1990
- 1991

2000
-
2001

2009
-
2010

2010
- 2011

2011
-
2012

Part
dans le total
2011-2012

Universités

215

637

804

1 086

1 278

1 268

1 321

1 290

55 %

Instituts universitaires de technologies (IUT)

24

54

74

119

118

117

116

5 %

Sections de techniciens supérieurs (STS)

8

27

68

199

239

240

242

246

10 %

Classes préparatoires aux grandes écoles

21

33

40

64

70

81

80

80

3 %

Autres établissements et formations

66

130

215

294

454

607

560

616

26 %

Total

310

851

1 181

1 717

2 160

2 314

2 320

2 348

Source : Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche, 2012.

Au cours de l'année universitaire 2011-2012, plus de la moitié des étudiants (55 %) étaient inscrits à l'université , 10 % préparaient un brevet de technicien supérieur (BTS), 5 % étaient dans un institut universitaire de technologies (IUT) et 3 % dans une classe préparatoire aux grandes écoles. Un quart des étudiants étaient inscrits dans d'autres structures, recouvrant une grande diversité d'établissements, dont 4 % en formations d'ingénieurs et 5 % en écoles de commerce 5 ( * ) .

Le choix d'orientation n'est pas sans conséquence sur l'accès aux services de santé . Ainsi, les étudiants en section de technicien supérieur ou en classe préparatoire restent scolarisés dans l'établissement d'enseignement secondaire : ils n'ont pas nécessairement accès à la médecine scolaire mais sont bien souvent très éloignés de la médecine préventive universitaire.

b) Origine sociale et nationalité des étudiants en France

Le ministère de l'enseignement supérieur fait le constat d' une faible évolution de l'origine sociale des étudiants français d'une année sur l'autre . Les étudiants issus des catégories les plus favorisées continuent d'être surreprésentés.

Toutes filières confondues, un tiers des étudiants avait un père exerçant un emploi de cadre supérieur ou de profession libérale en 2010, contre moins de 10 % des jeunes actifs de dix-huit à vingt-quatre ans 6 ( * ) . Ils sont 16 % à avoir un père ouvrier contre 41 % des jeunes actifs.

Le nombre d' étudiants étrangers en France a progressé de quasiment 75 % entre la fin des années 1990 et 2005. A la rentrée 2011, ils étaient 288 500, représentant 12,3 % de la population étudiante dans son ensemble.

Un étudiant étranger sur cinq est originaire d'un pays de l'Union européenne. Les étudiants venant du Maghreb ou d'Asie représentent respectivement 24 % de la population étudiante.

c) Niveau de vie des étudiants

Le fait que les étudiants continuent d'être issus des couches les plus favorisées de la population n'empêche pas qu'ils puissent être confrontés à des difficultés financières.

Les mutuelles et organisations étudiantes font ainsi le constat d'une précarisation croissante des étudiants , qui nuit à la fois à la poursuite de leurs études et à leur état de santé. Selon la LMDE, plus de la moitié des étudiants vivraient avec moins de 400 euros par mois et 26 % d'entre eux déclarent rencontrer des difficultés financières. 7 ( * ) Ces chiffres globaux recouvrent des réalités contrastées, les ressources variant selon la filière d'études et augmentant avec l'avancée en âge.

Les jugements sont plus nuancés de la part d'autres organismes tels que l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE). Lors de son audition, l'OVE a cependant souligné que, sa dernière étude remontant à l'année 2010, il était possible qu'elle ne prenne que partiellement en compte l'impact de la crise économique sur le niveau de vie des étudiants.

Pour le premier semestre 2013, le ministère de l'enseignement supérieur prévoit un effectif de 633 500 boursiers . 35 % d'entre eux relèvent des échelons les plus élevés (5 et 6) et perçoivent donc une aide supérieure à 400 euros par mois sur dix mois 8 ( * ) .

Un peu plus d'un étudiant sur trois complète ses ressources en exerçant une activité rémunérée . De l'avis général des personnes auditionnées par vos rapporteurs, le fait de travailler en parallèle des études a un impact ambivalent sur la réussite éducative et le bien-être des étudiants : s'il peut être positif pour un nombre limité d'heures, il devient clairement négatif au-delà d'un certain seuil.

2. L'ensemble de la population étudiante est cependant confronté à des enjeux communs
a) Une période transitoire d'apprentissage de l'autonomie

En moyenne, un étudiant français passe trois années dans l'enseignement supérieur. Cette période, par définition transitoire, constitue une étape clé vers l'entrée dans la vie professionnelle et l'arrivée réelle à l'âge adulte.

Elle est également un moment d'apprentissage de l'autonomie où l'étudiant accède à une plus grande liberté en même temps qu'il est amené à se responsabiliser. Les jeunes peuvent donc acquérir au cours de leur vie étudiante certains réflexes et habitudes dans leurs comportements qui auront une influence sur leur état de santé à l'âge adulte.

Cet apprentissage de l'autonomie est lié pour certains étudiants à une période de décohabitation plus ou moins poussée 9 ( * ) dont les conséquences ne sont pas négligeables sur les comportements de santé. Selon l'OVE, il est notamment possible d'établir un lien entre l'indépendance totale en matière de logement et la diminution de la consommation de soins.

Dans une étude parue en octobre 2012, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) souligne que l'accès à un logement indépendant fait partie des rites de passage vers l'entrée dans la vie adulte 10 ( * ) . Il intervient à des moments variables et ne constitue pas un phénomène irréversible puisqu'il peut être suivi de retours transitoires au domicile des parents. Les étudiants sont moins nombreux que les jeunes actifs à vivre dans un logement indépendant mais plus nombreux que les jeunes au chômage. Sept ans après le baccalauréat, 62 % des étudiants habitent dans un logement indépendant.

b) Des données en santé relativement peu nombreuses

Malgré les traits communs à cette catégorie de la population, vos rapporteurs n'ont pu que constater la faiblesse des données statistiques portant spécifiquement sur l'état de santé des étudiants .

Des enquêtes sont régulièrement menées par les mutuelles étudiantes, mais elles ne portent que sur un champ limité à celui de leurs affiliés.

Les enquêtes triennales de l'OVE ont une portée plus large, en particulier depuis 2010, puisqu'elles ne sont désormais plus centrées sur les seules universités.

Les services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé (Sumpps), chargés d'assurer le suivi sanitaire des étudiants, notamment à travers la visite médicale préventive, constituent un échelon particulièrement adapté pour l'observation de leur état de santé. Le développement d'études épidémiologiques fait d'ailleurs partie de leurs missions obligatoires depuis 2008.

Des procédures plus formalisées de recueil des données collectées par les Sumpps pourraient être envisagées afin d'améliorer la qualité de l'information sur l'état de santé des étudiants. Il a été signalé à vos rapporteurs qu'une enquête nationale, placée sous la responsabilité de l'association des directeurs des services de médecine préventive universitaire (Adssu), doit être lancée très prochainement. Les premiers résultats pourraient être disponibles au printemps 2013.

Résumé

Qu'il s'agisse de la nature du cursus suivi, de leur origine sociale ou de leur nationalité, les étudiants sont loin de représenter une catégorie homogène de la population. Le fait qu'ils soient dans une période transitoire d'apprentissage de l'autonomie et d'acquisition de certains comportements qui influeront sur leur état de santé futur justifie cependant une attention spécifique.

Au regard de ces enjeux, vos rapporteurs déplorent la faiblesse des études statistiques portant spécifiquement sur la population étudiante.


* 4 6 478 266 personnes en 2011, selon les données de l'Insee.

* 5 Selon le ministère de l'enseignement supérieur : grands établissements, instituts nationaux polytechniques (INP), universités de technologies, formations comptables, écoles normales supérieures, facultés privées, écoles juridiques et administratives, écoles supérieures artistiques et culturelles, écoles paramédicales et sociales, préparations intégrées.

* 6 Données citées par Olivier Galland dans Problèmes économiques n° 3036, « Les jeunes : une génération sacrifiée ? », 1 er février 2012, p. 11.

* 7 Enquête « Santé et conditions de vie des étudiants » menée par la LMDE et son observatoire Expertise et prévention pour la santé des étudiants, 2012.

* 8 Données issues du projet annuel de performance de la mission « Recherche et enseignement supérieur » annexé au projet de loi de finances pour 2013. Attribuées en fonction des ressources et des charges des parents ainsi qu'au regard de l'éloignement entre le domicile des parents et le lieu d'études et du nombre d'enfants à charge du foyer fiscal, les bourses sur critères sociaux sont réparties sur sept échelons. L'échelon 0 n'ouvre droit à aucune aide financière mais permet l'exonération des droits d'inscription dans l'établissement d'enseignement supérieur ainsi qu'à la sécurité sociale.

* 9 L'OVE distingue les étudiants cohabitants, qui continuent de vivre chez leurs parents, des décohabitants et des semi-décohabitants, qui rentrent régulièrement au domicile parental.

* 10 Drees, « L'entrée dans la vie adulte des bacheliers sous l'angle du logement », Etudes et résultats n° 813, octobre 2012.

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