III. LES OBLIGATIONS DE RÉSULTAT SONT AUJOURD'HUI DEVENUES UNE ABSOLUE NÉCESSITÉ

Dès les premières auditions, qui ont révélé aux membres de la délégation l'ampleur des inégalités et des verrous existants, la délégation a compris que, devant le constat de l'absence d'évolution dans le fonctionnement et la composition de ce secteur, il fallait aujourd'hui explorer de nouvelles pistes.

Les seules obligations quantitatives et la politique de « quotas » ne suffisent pas car elles ne permettent pas une évolution des mentalités et une prise de conscience responsable de la nécessité de faire évoluer les choses.

Comme le rappelaient Brigitte Grésy et Michèle Reiser dans leur rapport sur l'image des femmes dans les médias, permettre aux femmes de trouver une nouvelle place dans la sphère culturelle, sphère dans laquelle la puissance des représentations est omniprésente, passe par une démarche à plusieurs voix, dont les maîtres mots sont « sensibiliser », « responsabiliser », « réguler » et « contrôler ».

A. NOUS SOMMES, À L'HEURE ACTUELLE, À UN MOMENT CHARNIÈRE

L'arrivée d'une nouvelle génération d'artistes femmes, portées par l'outil numérique et les nouveaux outils d'appréhension du réel, la montée en puissance de la télévision numérique terrestre (TNT) et la multiplication des moyens de communiquer et d'informer, le renouvellement des générations d'administrateurs culturels mis en place dans les années 1980 aux premières heures du ministère de Jack Lang, placent aujourd'hui ce secteur à un moment charnière. Le renouvellement des générations, des esthétiques et des institutions n'est plus seulement une possibilité, c'est une obligation.

1. De nouvelles générations d'artistes et d'administrateurs culturels arrivent dans le secteur

Hortense Archambault 40 ( * ) , co-directrice du Festival d'Avignon, le rappelait à la délégation : « une nouvelle génération de metteurs/metteuses en scène a récemment émergé. Il ne s'agit plus aujourd'hui de les « découvrir », mais de les accompagner » .

Il en va de même des réalisatrices, des journalistes, des plasticiennes... Quelques chiffres donnent une idée de l'émergence de nouvelles générations d'artistes :

la nouvelle population des intermittents du spectacle a été multipliée par deux en dix ans (+ 109 % entre 1992 et 2002). Les prestations versées ont augmenté de 150 % et les cotisations encaissées de + 148 % entre 1992 et 2002. Sur la même période, le volume du travail a augmenté de 40 % et la masse des contrats de + 160 % ;

par ailleurs, 60 % des étudiant(e)s dans les écoles d'art sont des filles, ce qui promet l'arrivée d'artistes féminines sur le « marché » artistique dans les prochaines années.

Parallèlement, sous l'impulsion du nouvel élan des années 1980 - doublement du budget de la culture sous le ministère de Jack Lang en 1982 -, la France a vu se multiplier le nombre des formations au management de la culture.

Ainsi, toutes les grandes universités (Paris I, Paris 8, Lyon I) ont-elles ouvert des masters de formation aux métiers de gestionnaire des établissements culturels. Les Grandes Écoles [Institut d'études politiques de Paris (Sciences-Po), École des Hautes études commerciales (HEC), École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC)...] proposent désormais une filière « culture » aux étudiants inscrits dans les masters d'affaires publiques.

Ces formations préparent une nouvelle génération d'administrateurs culturels, répondant à la demande de « professionnalisation » exprimée par les professionnels du secteur.


* 40 Auditionnée par la délégation le 25 avril 2013 dans le cadre de la table ronde publique citée précédemment.

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