3. Un juge en situation d'excès de pouvoir
En l'absence de déclinaisons locales et de décrets d'application, le juge administratif est devenu plus que jamais « législateur des lacunes de la loi ». Il s'est retrouvé en première ligne pour interpréter les principes de la loi Littoral dont il a entendu imposer sa propre lecture.
Or le juge fait presque systématiquement prévaloir la protection de l'environnement sur toute autre considération. Il s'affranchit de la volonté du législateur, alors que le titre-même de la loi « relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral » suggère d'établir un équilibre .
Il se réserve de surcroît un pouvoir très important d'appréciation des circonstances de fait , allant bien au-delà du simple contrôle de l'erreur manifeste d'appréciation généralement applicable en matière d'urbanisme et d'aménagement du territoire.
Le député Jacques Le Guen résume ainsi , dans son rapport précité : « le juge a interprété strictement les notions de la loi littoral, mais en revanche de façon extensive ses pouvoirs d'interprétation de la loi littoral. » Il souligne que ce constat n'est pas l'oeuvre d'élus locaux aigris par des jugements défavorables : il est aussi partagé par des membres du Conseil d'État.
De façon générale, la jurisprudence est critiquée pour son instabilité . Elle tend également à rigidifier les concepts souples de la loi Littoral, s'agissant de jugements de cas d'espèce qui sont ensuite déclinés en grands principes ne s'accommodant pas nécessairement de la diversité des situations.