II. UN MUSÉE EN ÉCHEC À LA FIN DES ANNÉES 2000

Cette histoire peu paisible du musée national du sport a, assez logiquement, entraîné son échec sur plusieurs plans. La Cour des comptes a, en particulier, dressé un constat accablant dans le cadre de son rapport public de 2011.

A. UN MUSÉE PEU FRÉQUENTÉ

Conséquence logique de la confidentialité de la « vitrine » du MNS dans le treizième arrondissement (localisation ayant fait suite à plus de dix ans de fermeture), le musée national du sport n'a pas rencontré son public.

La Cour des comptes a indiqué dans son rapport précité qu' entre juin 2008 et septembre 2009, le site n'a accueilli que 11 173 visiteurs, soit moins de cinquante en moyenne et par jour .

Les recettes issues de la billetterie se sont élevées, sur cette période, à moins de 23 000 euros , du fait de la modicité des tarifs et de la gratuité étendue à de nombreuses catégories de visiteurs (en particulier les jeunes de moins de dix-huit ans).

Il s'agissait clairement d'un résultat décevant . À titre de comparaison, le musée olympique de Lausanne accueille, en moyenne, de l'ordre de 200 000 visiteurs par an. Au musée du Barça, la fréquentation atteint même 1,6 million de personnes, ce qui en fait le musée le plus fréquenté de toute la Catalogne (devant les musées Salvador Dali à Figueres et Pablo Picasso à Barcelone également).

Évidemment, un musée omnisport national ne saurait afficher les mêmes ambitions, n'étant pas porté par une « marque » capable d'influer aussi puissamment sur l'imaginaire de millions de personnes que celle du FC Barcelone. Mais la capacité des sportifs français à passionner le public lors de grands évènements devrait permettre de susciter l'intérêt d'un public beaucoup plus large que celui qui fréquentait la « vitrine » de l'avenue de France.

B. UN APPORT SCIENTIFIQUE ET CULTUREL LIMITÉ

1. Un rayonnement très limité dans le monde académique

Le musée n'est guère plus connu des spécialistes des questions sportives que du grand public.

La Cour des comptes a ainsi relevé que le MNS n'avait accueilli que quinze chercheurs sur l'ensemble de l'année 2008 , malgré son souhait affiché de favoriser l'exploitation scientifique de son fonds documentaire. En dépit de quelques progrès enregistrés par la suite 3 ( * ) , ce constat n'a pas fondamentalement changé au cours de la période « parisienne » de l'existence du musée.

2. Une proportion très faible d'objets exposés

L'espace d'exposition relativement confiné dont disposait le MNS ne lui permettait pas de montrer à ses visiteurs une forte proportion de ses collections. Seuls 350 objets étaient exposés de manière permanente dans la « vitrine » de l'avenue de France .

Là encore, c'est donc l'essence même d'une des principales missions d'un musée national (avec la conservation des oeuvres) qui ne pouvait être remplie de manière satisfaisante. Cette modestie explique sans doute aussi, en partie, la faible notoriété du MNS.

Pour résumer, il est triste de constater que, même pendant ses (rares) années d'ouverture au cours de ce demi-siècle d'existence, le MNS est resté, quelque part, un musée virtuel .


* 3 Vingt-et-une visites de chercheurs ont été enregistrées sur les neuf premiers mois de l'année 2009.

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