III. QUELLE STRATÉGIE POUR LA FRANCE ?

Forte de ses valeurs, la France continue de jouer un rôle particulier dans le monde. Elle en a l'ambition et cette volonté répond à une attente dans la communauté internationale. Cette position lui est reconnue par sa place de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.

Elle honore son mandat par son action diplomatique, mais aussi par sa résolution et sa capacité à intervenir militairement lorsque des populations civiles ou des États alliés sont directement menacés.

Ces interventions militaires ont pour effet d'abaisser le niveau de violence dans les crises, puis de le contenir afin de permettre une stabilisation.

Mais les interventions militaires ne sont qu'un levier pour atteindre l'effet final recherché qui doit permettre au-delà de la stabilisation, aux dirigeants des Etats soutenus de s'attaquer aux causes profondes des crises et d'éviter leur récurrence, et donc une éventuelle nouvelle intervention de nos forces armées.

Il y a aujourd'hui un consensus dans la communauté internationale pour considérer que la solution des crises ne peut passer que par une approche globale. L'option militaire en est un élément, il n'est pas le seul.

Si la France a démontré sa capacité sur le terrain militaire, et si elle est présente dans les autres domaines, elle peine néanmoins à formuler une réponse globale et à exprimer quel est l'effet final recherché.

A. L'IMPOSSIBILITÉ DE TOUT FAIRE ?

Compte tenu de ses moyens, la France n'est pas en mesure de porter à elle seule, la résolution d'une crise dans un Etat tiers.

a) Spécialisation et délégation : l'exclusivité militaire

L'une des solutions qui s'esquisse à grands traits serait d'utiliser son seul outil militaire comme levier d'influence, d'assumer les opérations de coercition et de passer la main sur les autres registres à des institutions internationales ou à d'autres Etats ; le concept militaire de « bridging operation » appliqué à large échelle. Au-delà d'une intervention militaire initiale sous drapeau tricolore, le relais est repris par une force des Nations unies et le volet civil, assuré par des organisations internationales ou par l'Union européenne, la présence française étant en quelques sortes diluée dans un ensemble plus vaste. L'orientation d'une grande partie de notre aide publique au développement vers le « multilatéral » pousse en ce sens.

Sans doute, le levier militaire est-il producteur d'influence mais être absent ou invisible sur les autres aspects du spectre de l'intervention serait désastreux. Nous n'en sommes pas là.

b) Etre présent sur tout le spectre d'intervention

Mais la France a-t-elle les moyens de porter complètement l'ensemble des actions nécessaires à la reconstruction et à l'acquisition d'une plus grande résilience des Etats fragiles, au moins de ceux au profit desquels, elle intervient. Elle n'en a pas sans doute pas les moyens financiers. Pourtant elle doit en avoir l'ambition et la volonté. Elle doit aussi savoir mobiliser autour d'elle ou influencer suffisamment la communauté internationale pour arriver à ses fins.

Pour cela, les autorités doivent se doter d'une stratégie globale par région qui devrait faire l'objet d'une planification aussi attentive que la préparation des opérations militaires et qui devrait permettre de présenter au Président de la République en même temps que la décision d'intervention militaire, un volet civil.

Cette stratégie doit définir les points-clefs du volet civil, identifier les partenaires avec lesquels la mettre en oeuvre et les actions qui pourront leur être déléguées. Cette stratégie doit être incarnée et mise en oeuvre par un représentant spécial. Elle doit être portée par une forte capacité d'influence.

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