VI. COMPARAISON INTERNATIONALE : UN SYSTÈME DE LISSAGE DES PICS DE TRAFIC EXPÉRIMENTÉ DANS LA VILLE DE ROTTERDAM

A. LES OBJECTIFS

Après une analyse des facteurs de congestion urbaine qui faisait ressortir des schémas de comportements individuels très enracinés (départs au travail synchrones, autosolisme, faible part des transports publics, etc.) la ville de Rotterdam s'est engagée dans une politique ambitieuse pour modifier les habitudes des automobilistes.

En fluidifiant le trafic, les élus locaux souhaitaient préserver le développement durable en luttant contre toutes les externalités négatives (embouteillages, pollution, nuisances sonores, etc.) qu'il engendrait, et espéraient consolider l'attractivité territoriale en améliorant le bien-être de la population. Contrairement au choix opéré par Londres de mettre en place un péage urbain, dont la finalité reste de sanctionner le conducteur, Rotterdam a préféré un mécanisme incitatif qui récompense les automobilistes en fonction de leurs comportements.

B. LES MOYENS

La mise en oeuvre du système de lissage des pics de trafic 36 ( * ) a préalablement nécessité des travaux pour équiper les tronçons de voies circulables concernés de caméras fonctionnant grâce à un système de lecture automatique des plaques d'immatriculation (LAPI). Après une campagne de communication (affichage, radio, etc.) pour soutenir cette initiative, le dispositif est entré dans sa phase expérimentale dès 2008, dans une zone géographique dédiée où des automobilistes volontaires ont été recrutés. Munis de boîtiers embarqués géolocalisant leurs véhicules, les participants ont été encouragés à utiliser l'application grâce à un système de récompense liée à leurs performances et reposant sur un référentiel individuel qui calcule leurs progrès. Dans les faits, les caméras identifient les véhicules circulant aux heures de pointe et le système incite financièrement 37 ( * ) les participants à éviter ces créneaux à l'intérieur d'une zone déterminée.

Le programme repose sur une analyse et un suivi individualisé des performances, et les participants peuvent accéder en ligne ou sur leur smartphone à un tableau de bord personnalisé afin de vérifier leurs résultats. Les habitudes sont ainsi modifiées, et l'usage des caméras et des boitiers embarqués dans les véhicules limite les cas de fraude.

C. LES RÉSULTATS

Depuis 2008, le programme de lissage des pics de trafic a déjà encouragé les conducteurs à ne pas utiliser leurs voitures aux heures de pointe. Sur la période 2009-2013, l'application a en effet été utilisée par près de 12 000 habitants et a permis une réduction du trafic de 6 % à 8 % pendant les heures de pointe. Les évaluations préalables indiquaient des résultats positifs visibles dès la baisse de 5 % du trafic routier.

Cependant, ce type de programme incitatif est conçu pour être utilisé par les automobilistes sur une durée limitée. Il doit donc se traduire par une modification progressive des habitudes de mobilité. L'efficacité est réelle, d'ailleurs confirmée par l'exemple de Rotterdam, où les participants, qui ne peuvent bénéficier du système de récompense que pour une durée comprise entre un et dix-huit mois, ont conservé à 80 % leurs bonnes habitudes après l'arrêt du dispositif.

Pour approfondir : http://www.egis.fr/action/actualites/inciter-les-citoyens-gerer-leurs-deplacements-autrement


* 36 Pour rendre ce dispositif efficace dans la pratique, la société Egis, du groupe Caisse des Dépôts, et sa filiale néerlandaise, BNV Mobility, gèrent les opérations depuis sept ans.

* 37 Actuellement, le dispositif est conçu pour proposer entre 2 et 3 euros par évitement.

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