B. LE DÉFI DE LA MUTATION DE L'INDUSTRIE

1. La frontière entre industrie et services s'est largement estompée et doit conduire à envisager de nouvelles catégories sur lesquelles fonder la stratégie industrielle

L a frontière entre industrie et services , s'est considérablement brouillée , voire estompée .

Ce phénomène s'explique tout d'abord par les mutations des entreprises industrielles classiques . Désormais, le consommateur, lorsqu'il se procure un bien manufacturé, achète en même temps les services qui lui sont liés . Comme l'a fait remarquer lors de son audition par la mission Pierre-Noël Giraud, professeur d'économie à Paris MinTech, « ce qui est vendu aujourd'hui, c'est toujours l'association entre un objet et un service. Michelin ne vend plus seulement des pneus mais également leur montage ». Cet état de fait traduit une évolution globale de l'économie vers une économie de l'usage , dans laquelle les business models fondés sur la propriété d'un bien s'estompent au profit de ceux fondés sur sa seule utilisation ponctuelle.

Ainsi, dans ce passage à une « conception servicielle de l'industrie », selon l'expression utilisée par Pierre Veltz, chercheur en économie et sociologie, ancien directeur de l'École des Ponts-et-Chaussées, au cours de son audition, les entreprises industrielles sont de plus à plus amenées à devenir des fournisseurs de services qui entretiennent un rapport direct avec les biens qu'elles produisent . De fait, entendu par votre mission, Antoine Frérot, président de l'Institut de l'entreprise, a souligné que l'industrie sera tendanciellement de moins en moins performante, son avenir dépendant de l'adossement d'une gamme de services complète autour des produits qu'elle fabrique .

Dans le même temps, les entreprises industrielles procèdent de façon croissante à l'externalisation de toutes les fonctions de services qui s'éloignent de leur coeur de métier , un processus que la mondialisation a encore amplifié en permettant une fragmentation internationale des chaînes de valeur ajoutée .

Ainsi que le soulignent Lionel Fontagné, Pierre Mohnen et Guntram Wolff dans leur note du Conseil d'analyse économique 12 ( * ) , « avec le commerce de tâches, certaines des entreprises industrielles les plus performantes se sont focalisées sur leur avantage compétitif dans la conception des produits, le marketing, l'organisation de la chaîne logistique, la création de « systèmes » homogènes combinant biens et services, et abandonnant au passage toute production physique . On parle alors de Factoryless Goods Producers (FGPs) , ou producteurs de biens sans usines . Les exemples les plus fréquemment cités sont Apple, Dyson et des entreprises du secteur des semi-conducteurs ou de l'habillement. »

Enfin, les consommations intermédiaires contribuent également à l'imbrication croissante de l'industrie et des services : la variété et le coût des services auxquels les producteurs de biens peuvent accéder constituent pour eux des facteurs-clés de compétitivité .

Dans le même temps, le secteur des services connaît également d'importantes mutations, dans un sens inverse, caractérisées notamment par un renforcement des infrastructures liées à l'exercice de leurs prestations. Les centres de données, les moteurs de recherche et le cloud informatique en sont des exemples symptomatiques, dès lors qu'à l'instar des sites industriels classiques, ils consomment beaucoup d'énergie et nécessitent de très lourdes installations physiques (fermes de serveurs, systèmes de refroidissement, sites sécurisés).

Selon les auteurs précités, il pourrait être nécessaire de remplacer le critère de la propriété des matières premières (critère traditionnel) par celui de la propriété intellectuelle pour définir précisément les activités d'une entreprise au carrefour de l'industrie et des services aujourd'hui.

Compte tenu de cette évolution, distinguer strictement les secteurs de l'industrie et des services paraît de moins en moins pertinent sur le fond et, ce qui est plus problématique, moins efficace en termes de conception des politiques publiques . Selon le professeur Giraud, désormais « ce qu'il convient de distinguer, sur un territoire donné, ce sont les emplois et activités nomades , d'une part, et les emplois et activités sédentaires , d'autre part ».

Les activités nomades « sont en compétition avec ces mêmes activités dans d'autres territoires, et leur localisation dépend des choix des firmes ». Elles peuvent à la fois impliquer des emplois industriels et des emplois de service. Dans ces activités, les entreprises fractionnent la chaîne de valeur pour améliorer leur compétitivité, à la fois prix et hors-prix, et pour se rapprocher de leurs marchés : « un opérateur global peut choisir de localiser sa recherche-développement en Californie, le financement et le marketing à Londres, les composants de haute technologie en Corée ou en Allemagne, l'assemblage final en Chine, avant l'étape finale de la distribution ».

Les emplois sédentaires , pour leur part, sont protégés de la concurrence internationale : « les activités sédentaires contiennent elles aussi de l'industrie , comme la fourniture d'eau, d'électricité ou les processus industrialisés comme le bâtiment et les travaux publics, mais aussi des services à la personne, des services administratifs, du commerce de détail, etc. ».

En utilisant cette clef de lecture, « on trouve, en France, 27 % d'emplois nomades , en diminution de 15 % sur trois ans , et 73 % d'emplois sédentaires . Parmi ces emplois nomades, la moitié sont d'ores et déjà des emplois de services : services aux entreprises, services financiers, call centers , et tourisme - car le tourisme est un service nomade, puisqu'un touriste peut choisir sa destination ». 13 ( * )

Activités nomades et sédentaires sont naturellement étroitement liées , puisque les activités sédentaires fournissent en biens et services les activités nomades . Bien que protégées d'une compétition extérieure trop frontale, il importe donc qu'elles soient également compétitives.

Selon Pierre-Noël Giraud, « on est donc dans une dynamique complexe, où l'on voit se dessiner ce que pourraient être les orientations d'une politique publique qui viserait à accroître le nombre des nomades et à « dynamiser » le secteur sédentaire pour qu'il accroisse la qualité des biens et services qu'il fournit aux nomades. Raisonner en termes de front arrière et d'articulation entre les deux est tout autre chose que se fonder sur la distinction entre industrie et services ». Une politique industrielle efficace et moderne devrait donc être une politique de soutien actif aux activités nomades , accompagnée d'une mise sous tension des activités sédentaires et non plus une politique obsédée par une distinction devenue obsolète entre industrie et services.

2. La digitalisation et l'automatisation bouleversent l'emploi et les modèles de production industriels

La nouvelle révolution industrielle en cours , qui repose principalement sur l'automatisation et la numérisation des chaînes de production ainsi que sur l'exploitation et le partage des données , a des effets considérables tant sur l'organisation des modèles de production que sur l'emploi industriel , en France comme partout ailleurs dans le monde.

a) Un bouleversement des modèles de production industriels

Si la numérisation des activités a permis d'améliorer la compétitivité des entreprises, en facilitant l'activité de production, la conjonction de nouvelles technologies novatrices dans les domaines de l'intelligence artificielle, de la robotique, l'Internet des objets, les véhicules autonomes, l'impression 3D, la nanotechnologie, la biotechnologie, la science des matériaux, le stockage de l'énergie, l'informatique quantique, ainsi que le perfectionnement des logiciels de machine learning, associée par ailleurs au développement de plateformes technologiques , entraîne un bouleversement complet des schémas productifs jusqu'alors en place dans l'industrie.

LA MULTIPLICATION DES TECHNOLOGIES AU SERVICE DE L'INDUSTRIE

- Big data et analytics. La présence de capteurs sur les machines et les produits permet de collecter d'importantes sommes de données. Avec les bons outils de traitement et d'analyse, ces données permettent d'optimiser la chaîne de production en identifiant de manière très fine les problèmes qui surviennent. Elles permettent également d'accroître la connaissance sur les habitudes et préférences des consommateurs.

- Robotisation . On sait aujourd'hui créer des robots travaillant de façon plus autonome, plus flexible, et en plus grande coopération avec les opérateurs.

- Simulation . La simulation 3D de produits, matériaux ou procédés s'étend à l'ensemble de la chaîne de production ; l'acquisition de données réelles permet d'affiner les modèles.

- Systèmes d'information horizontaux et verticaux . Les systèmes d'information doivent faciliter l'intégration et la communication intra- et inter-entreprises. Ils aident à l'automatisation des chaînes d'approvisionnement, de production et de distribution, mais également à la création de liens plus étroits entre les différents départements des entreprises, afin de répondre au mieux à la demande.

- L'internet industriel des objets . Grâce aux capteurs sur les machines et les objets en cours de fabrication, les machines peuvent connaître l'historique de production de l'objet, la demande finale correspondante afin d'y répondre de manière automatisée ou via un poste de contrôle central. On peut aussi, grâce à l'internet des objets, collecter des données pendant l'utilisation du produit afin d'apprendre quelles fonctionnalités sont utilisées et de découvrir les modes de défaillance.

- Cybersécurité . La diffusion du numérique et l'augmentation des communications qui l'accompagne font de la cybersécurité un enjeu majeur pour les entreprises industrielles. De nombreux fournisseurs de matériel « 4.0 ready » se sont ainsi rapprochés de spécialistes de la cybersécurité afin de proposer des offres intégrant cet aspect.

- Cloud . Le cloud est déjà très répandu pour la gestion de logiciels et de données. La plus grande interconnexion des sites de production et des départements au sein de l'entreprise requiert un partage de grandes quantités de données, rendue plus facile grâce au cloud.

- Fabrication additive . Cette technologie suscite de nombreux espoirs. Au-delà de la production de prototypes, la fabrication additive permet déjà la production en petites séries de pièces complexes, de pièces de rechange et même d'outils personnalisés. La vitesse et la précision de l'impression devraient augmenter et permettre la production à plus grande échelle.

- Réalité augmentée . Une utilisation possible vise à fournir à l'opérateur de maintenance des informations sur les techniques de réparation d'une pièce, par exemple via le port de lunettes de réalité augmentée. Cette technologie peut également être utilisée pour faire de la formation, ou rendre des étapes de conception moins abstraites afin d'y associer plus de parties prenantes.

Source : La Fabrique de l'Industrie, d'après The Boston Consulting Group (2015).

Leur diffusion à toutes les étapes des processus industriels devrait générer des gains de productivité considérables , probablement analogues à ceux de l'électricité lors de la deuxième révolution industrielle, dans la mesure où ces outils pourront intervenir à tous les stades de la chaîne de valeur .

Ce que Klaus Schwab, fondateur et président du World Economic Forum de Genève, qualifie de « quatrième révolution industrielle » affecte ainsi, selon lui, les entreprises sur quatre plans : les attentes des clients, l'amélioration des produits, l'innovation collaborative et les formes d'organisation. Elle conduit donc, inexorablement, à une redéfinition des stratégies d'entreprises , à commencer par celles des entreprises industrielles.

À cet égard, au cours des auditions, nombre des interlocuteurs de la mission ont mis en exergue l'incidence considérable de deux éléments : les plateformes technologiques, qui permettent un partage de la donnée, ainsi que la fabrication additive dans le processus de production industrielle, qui rend possible l'usage de nouveaux matériaux, tout en accroissant les cadences de production et en limitant le recours à une activité d'assemblage de biens produits par divers sous-traitants ou fournisseurs.

b) Un phénomène de « destruction créatrice » qui va toucher de plein fouet l'emploi industriel

Cette mutation rapide vers « l'industrie du futur » ou « industrie 4.0 » génère de nombreuses craintes et fait ressurgir le spectre de « la fin du travail » , déjà évoqué à de multiples reprises lors des grandes mutations industrielles précédentes.

S'il est très difficile d'évaluer l'ampleur des bouleversements à venir et de déterminer si leur bilan sera globalement positif ou négatif , il ne fait aucun doute qu'ils seront très significatifs et devront faire l'objet d'un puissant accompagnement de la puissance publique afin que leurs effets soient une source de progrès pour la société .

(1) Automatisation et numérisation pourraient provoquer la disparition de 10 % des postes de travail et changer significativement le contenu de 50 % d'entre eux

L'utilisation de plus en plus massive par les entreprises industrielles des robots et des technologies de l'information et de la communication (TIC) vont inéluctablement provoquer, dans les années à venir, l'automatisation de nombreuses tâches qui étaient jusqu'ici réalisées par des travailleurs manuels et qui le seront désormais par des machines.

Mais, à la différence des révolutions industrielles précédentes, l'industrie du futur verra également se multiplier l'automatisation de tâches intellectuelles , qui avaient jusque-là été épargnées par le progrès technologique. Du reste, de très nombreux secteurs autres que l'industrie seront désormais concernés par ces destructions d'emplois : transport, logistique, banques, assurances, domaine juridique, etc. Dans tous les cas, ces nouvelles technologies provoqueront donc la suppression de nombreuses tâches qui étaient jusqu'ici réalisées par des salariés .

Plusieurs études récentes ont suscité de fortes inquiétudes .

En particulier, des travaux réalisés par les économistes Frey et Osborne en 2013 estimaient que 47 % des emplois américains seraient susceptibles d'être automatisées dans les 20 prochaines années , une étude du cabinet de conseil Roland Berger de 2014 considérant pour sa part que 3 millions d'emplois pourraient disparaître en France d'ici 2025 en raison de la diffusion des TIC .

En se basant sur une revue de la littérature existante et sur ses propres analyses, le Conseil d'orientation pour l'emploi se montre cependant moins pessimiste dans son rapport de janvier 2017 « Automatisation, numérisation et emploi ». Selon lui, moins de 10 % des emplois existants devraient disparaître dans les quinze années à venir sous l'effet des changements technologiques en cours . En revanche, il anticipe que plus de la moitié des emplois existants verront leur contenu profondément transformé , estimant que les métiers peu ou pas qualifiés seront les plus touchés , notamment dans l'industrie : ouvriers non qualifiés des industries de process , de la manutention, du second oeuvre du bâtiment, etc.

(2) Des emplois nouveaux naîtront de la nouvelle révolution industrielle, mais leur quantification reste difficile

Si automatisation et numérisation feront disparaître des emplois, elles provoqueront simultanément l'apparition d'emplois nouveaux , conformément au processus de « destruction créatrice » mis en lumière par l'économiste autrichien Joseph Schumpeter.

Des femmes et des hommes seront en effet plus que jamais nécessaires pour concevoir , réparer , diriger les robots et faire fonctionner les multiples applications à l'industrie des nouvelles technologies de l'information et de la communication .

De fait, s'il est exact que les entreprises industrielles achèteront des robots et des solutions numériques pour automatiser leur production, ce qui pourrait induire des pertes d'emplois à niveau de production constant, ce ne sera pas nécessairement le cas si l'automatisation permet d'augmenter le niveau de production grâce aux gains de productivité obtenus. Du reste, empiriquement, on constate que les robots ne sont nullement les ennemis de l'emploi , dans la mesure où, ces dernières années, l'industrie française a perdu beaucoup plus d'emplois que l'industrie allemande, alors même que l'industrie allemande possédait 282 robots pour 10 000 salariés en 2013 contre seulement 125 pour 10 000 salariés en France .

En outre, les secteurs qui sont directement liés à la robotisation et à la numérisation de l'industrie vont connaître un essor très significatif .

La France devra d'ailleurs fournir un effort considérable si elle veut en bénéficier pleinement, compte tenu de sa faiblesse actuelle dans les secteurs des machines-outils et, dans une moindre mesure, du numérique. Le Conseil d'orientation pour l'emploi prévoit que 80 000 emplois devraient être vacants en 2020 dans les secteurs des technologies de l'information et de la communication (TIC) et de l'électronique .

Enfin, à une échelle macroéconomique, les gains de productivité des entreprises industrielles contribuent à la croissance française et sont facteurs de création d'emplois , car l'industrie a un effet d'entraînement sur les autres secteurs de l'économie . Certains économistes estiment même que l'essor de l'industrie du futur pourrait contribuer à la réindustrialisation de la France en réduisant la part du coût du travail dans la valeur ajoutée , qui pèse encore sur la compétitivité de notre pays en dépit des efforts consentis ces dernières années.

c) Une transformation des postes de travail et des compétences nouvelles à mobiliser...

S'il paraît acquis qu'automatisation et numérisation devraient induire une diminution du nombre d'emplois industriels directement liés à la production, ils devraient surtout provoquer une profonde évolution des postes de travail et des tâches confiées aux salariés .

Dans bien des cas, les ouvriers et les techniciens resteront en effet complémentaires des robots et ne seront pas remplacés par eux .

Dans certaines situations, hommes et robots seront directement associés pour réaliser certaines tâches : on parle alors de « cobotique », c'est-à-dire de robotique collaborative. En outre, si les robots seront mobilisés pour réaliser des tâches dangereuses, pénibles ou répétitives, les hommes resteront indispensables pour effectuer celles qui impliquent de faire preuve d'inventivité ou nécessitent du recul et de l'expérience . Enfin, ils joueront un rôle clef pour assurer la surveillance , le contrôle et la maintenance de ces machines de plus en plus sophistiquées.

Le contenu des emplois industriels va donc évoluer vers une plus grande technicité et exigera de ceux qui les occuperont une aptitude beaucoup plus grande à gérer la complexité et à utiliser des connaissances pour faire face à des cas de figure imprévus , les situations les plus habituelles étant a priori prises en charge par des machines.

Le fait que le travail en usine devienne moins pénible et fasse davantage appel à l'intelligence de l'homme, à son autonomie, le fait qu'il permette aux ouvriers de se livrer à des tâches plus stimulantes et variées, constitue en principe une très bonne nouvelle. Encore faut-il que les stratégies des entreprises s'appuient pleinement sur les compétences de leurs salariés , qui peuvent constituer pour elles une formidable source de compétitivité hors coût, et que lesdites compétences soient développées par un système de formation initiale et continue performant . 14 ( * )

Le développement de l'industrie du futur implique également la mise en place de nouvelles formes d'organisation du travail beaucoup moins pyramidales et hiérarchisée . Car la différence, jusque-là très nette, entre tâches de conception et tâches de conception, tend désormais à se brouiller. Les entreprises industrielles doivent ainsi repenser en partie leurs méthodes de management pour rendre leurs structures plus flexibles , agiles et collaboratives et tirer parti des nouvelles possibilités offertes par l'automatisation et la numérisation des chaînes de production . Peuvent ainsi être mis en place dans les usines des « îlots de production » dont les managers jouent un rôle d'animation et de supervision de collaborateurs autonomes au lieu d'intervenir eux-mêmes techniquement.

d) ... alors que les entreprises industrielles peinent d'ores et déjà à recruter les travailleurs qualifiés dont elles ont besoin

Selon la Banque de France, le manque de personnel qualifié constitue le premier frein à l'augmentation des capacités de production pour près de deux tiers des entreprises . Selon l'enquête annuelle de Pôle emploi et du Credoc sur les besoins de main d'oeuvre (BMO) pour 2018, le besoin de recrutement en ingénieurs et cadres d'études, R&D en informatique ou chef de projet informatique atteint 42 000 emplois.

Selon une étude réalisée par le cabinet de conseil en stratégie McKinsey en 2012, l'inadéquation des compétences pourrait empêcher la création de 2,3 millions de postes qualifiés et provoquer la disparition de 2,2 millions de postes qualifiés en France à l'horizon 2020 . La situation de la France est donc paradoxale, puisqu'elle fait coexister chômage de masse et déficit de main-d'oeuvre , un phénomène qui touche tout particulièrement l'industrie.

Ce déficit de compétences ne concerne pas que les ingénieurs ou les profils de cadres très qualifiés . Tous les niveaux de qualifications sont concernés par ce problème.

À titre d'exemple, les entreprises métallurgiques ont aujourd'hui de plus en plus de difficultés à recruter des usineurs , en raison de la suppression des formations initiales qui y étaient consacrées. Cette disparition a provoqué une perte de culture technique (connaissance des matériaux, des machines, etc.). De même, au cours de son audition, le représentant de l'Association nationale des entreprises alimentaires (ANIA), a indiqué que 17 000 emplois, souvent peu qualifiés, n'avaient pas été pourvus dans la filière de l'industrie alimentaire, sur un total de 427 000 emplois directs. Bertrand Escoffier, directeur général du Slip français, a évoqué en audition une situation semblable dans l'industrie textile.


* 12 « Pas d'industrie, pas d'avenir », Les notes du conseil d'analyse économique, n° 13, juin 2014.

* 13 Audition devant votre mission le 18 janvier 2018.

* 14 Voir infra, pp. 134 et 140 .

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