IV. UN ÉCLAIRAGE SUR TROIS CRISES RÉGIONALES

Notre visite a été l'occasion d'évoquer plus particulièrement trois crises régionales.

A. LA SYRIE

Au moment de la visite de la délégation à l'ONU, la situation était en voie de stabilisation après l'intervention militaire turque contre les milices kurdes YPG dans le nord-est du pays . Cette opération menée avec l'aval des Etats-Unis, et confortée par un accord passé avec la Russie, a constitué une surprise pour les Nations Unies et une trahison des alliés des Etats-Unis, dont la France. Elle a permis à la Turquie de prendre le contrôle d'une bande frontalière d'une trentaine de kilomètres de profondeur.

Il a également été question dans nos échanges de l'offensive du régime syrien sur la province d'Idlib , où sont concentrés un grand nombre de djihadistes. Cette opération, qui s'annonce longue, est lourde de menaces pour les populations civiles, les conséquences humanitaires étant d'ores et déjà dramatiques (360 000 nouveaux déplacés, dont 80 % de femmes et enfants depuis le 1 er décembre dernier). Les infrastructures civiles et humanitaires sont de nouveau visées par les frappes systématiques des forces syriennes et de leurs alliés, donnant lieu au déclenchement par le SGONU d'une enquête, à la demande de la France.

Autre sujet évoqué, les débuts mitigés des travaux du comité constitutionnel à Genève . S'il faut saluer la reprise d'un processus politique paralysé depuis plus de deux ans, la réticence du régime syrien - qui continue à refuser tout contact avec l'opposition - à s'y engager n'est pas de bon augure.

La présence des combattants étrangers dans la région, préoccupation forte de la France, a également été abordée. Lors de son entretien avec notre délégation, la représentante américaine a plaidé pour que les pays occidentaux rapatrient leurs ressortissants et pour que les auteurs des atrocités soient punis. Sur ce dernier point, la délégation sénatoriale a eu la possibilité d'assister à une session publique du Conseil de sécurité consacrée aux crimes commis par Daech, au cours de laquelle elle a entendu des témoignages bouleversants.

Enfin, il a été question des menaces planant sur le renouvellement de la résolution 2165 du Conseil sur l'aide humanitaire transfrontalière à la Syrie du fait de l'opposition de la Russie. Pour celle-ci, en effet, toute aide humanitaire doit désormais passer par le régime de Bachar al-Assad, dans la mesure où celui-ci a repris le contrôle de la quasi-totalité du territoire syrien. Peu après notre déplacement, en décembre, la Russie a opposé son veto (son 14 e sur la Syrie) à une résolution prévoyant la reconduction à l'identique de l'aide, contraignant le Conseil de sécurité à voter en janvier une autre résolution beaucoup moins favorable qui va conduire à priver d'aide humanitaire un grand nombre de Syriens survivant dans des conditions très difficiles.

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