B. LA LIBYE

Le conflit libyen a été le deuxième dossier largement évoqué au cours de nos échanges.

Tous les interlocuteurs rencontrés ont souligné l'impasse dans laquelle se trouve le pays, écartelé entre deux autorités concurrentes dont aucune n'est en mesure de l'emporter, même si, plusieurs mois après le lancement d'une offensive sur la Tripolitaine le 4 avril 2019, 80 % du territoire est désormais sous le contrôle du général Haftar.

L'embargo de l'ONU sur les armes n'est pas respecté, les parrains des deux camps alimentant les forces en présence. La signature en décembre 2019 d'un protocole d'entente en matière de défense entre Tripoli et Ankara, prévoyant la fourniture d'une assistance militaire de la Turquie si le gouvernement d'entente nationale de Fayaz Sarraj le demande, a fait monter un peu plus les tensions alors que l'Armée nationale libyenne (ANL) du général Haftar, soutenue militairement par l'Egypte et par les mercenaires russes de la société privée Wagner, se trouve aux portes de la capitale.

Il existe pourtant un cadre bien défini pour la résolution de ce conflit , constitué par l'accord de Skhirat de 2015 et par le plan de sortie de crise présenté à l'été 2019 par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies Ghassan Salamé. Tout le défi est d'amener au dialogue et à la négociation des protagonistes qui croient encore à la solution militaire.

La conférence internationale qui s'est tenue à Berlin le 19 janvier 2020, conformément au plan de paix, a été l'occasion de réaffirmer les priorités : cessez-le-feu durable, respect de l'embargo sur les armes - à laquelle l'UE devrait contribuer à travers une réorientation de l'opération EUNAVFOR MED Sophia), fin des interférences étrangères et reprise du dialogue politique entre les parties libyennes.

Pourtant, la situation ne cesse de se complexifier . Malgré le cessez-le-feu annoncé conjointement le 8 janvier, les tensions s'accentuent entre la Russie et la Turquie, cette dernière ayant autorisé le déploiement de militaires turcs en Libye et permis l'acheminement de groupes armés syriens de la région d'Idlib (600 combattants) pour contrecarrer la présence des milices Wagner aux côtés d'Haftar. Une évolution vers une guerre par proxys serait préoccupante car elle pourrait amener le chaos aux portes de l'Europe , avec des conséquences redoutées sur le plan migratoire et sécuritaire, et une déstabilisation des pays du voisinage , notamment au Sahel.

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