Programme

OUVERTURE PAR GÉRARD LARCHER, PRÉSIDENT DU SÉNAT

INTRODUCTION PAR ANNICK BILLON, PRÉSIDENTE DE LA DÉLÉGATION
AUX DROITS DES FEMMES

I. TÉMOIGNAGE DE JACQUELINE FLEURY

Lecture, par Laurence Rossignol , d'un passage du prologue du livre Résistante de Jacqueline Fleury

1. L'ENGAGEMENT DANS LA RÉSISTANCE : COMMENT DEVIENT-ON RÉSISTANT ?

(Échange avec Laure Darcos , vice-présidente de la délégation)

2. LA DÉPORTATION : LE CAMP DE RAVENSBRüCK

(Échange avec Laurence Cohen , vice-présidente de la délégation)

Projection de douze dessins de déportées à Ravensbrück :
Violette Lecoq, Éliane Jeannin-Garreau et France Audoul

Projection d'une interview de Marie-José CHOMBART DE LAUWE :
« LA RÉSISTANCE, C'EST SAUVER LA VIE » 7 ( * )

3. APRÈS LE CAMP : LE RETOUR À LA VIE

(Échange avec Marta de Cidrac , membre du bureau de la délégation)

Lecture, par Marta de Cidrac , d'un texte de Geneviève DE GAULLE-ANTONIOZ ,
« Le retour » , publié en juin 1946 dans Voix et Visages , le bulletin mensuel de l'ADIR (Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance) 8 ( * )

4. TÉMOIGNER ET TRANSMETTRE

(Échange avec Max Brisson , vice-président de la délégation)

II. TÉMOIGNAGE DE CLAUDE DU GRANRUT, PRÉSIDENTE DE LA SFAADIR (SOCIÉTÉ DES FAMILLES ET AMIS DES ANCIENNES DÉPORTÉES ET INTERNÉES DE LA RÉSISTANCE) :
LES ENFANTS DE DÉPORTÉS

(Échange avec Laurence Rossignol et Claudine Lepage , vice-présidentes de la délégation)

Ouverture par Gérard Larcher, président du Sénat

Chère Jacqueline Fleury, chère Claude du Granrut, c'est un honneur pour notre assemblée de vous accueillir aujourd'hui... envers les masques et contre tout !

Madame la directrice générale de l'ONAC-VG,

Monsieur le président de la Fondation de la Résistance,

Madame la présidente de la délégation aux droits des femmes, chère Annick Billon,

Chers collègues,

Mesdames, Messieurs,

On pourrait s'étonner qu'un colloque sur la place des femmes dans la Résistance se tienne ici, au Sénat, et non de l'autre côté du boulevard Saint-Michel, à la Sorbonne. Mais c'est ici, au Luxembourg, qu'a eu lieu l'une des batailles pour la Libération de Paris, où s'est illustré un régiment cher à mon coeur (il était parti de Rambouillet), le 501 e régiment de chars de combat, appartenant à la Division Leclerc...

On pourrait s'étonner aussi que le Sénat, qui a déjà consacré un colloque à ce sujet en 2014, réitère six ans plus tard.

On pourrait s'étonner, enfin, que Mme Fleury ait choisi notre assemblée et non un parterre de journalistes et d'historiens pour témoigner.

Et pourtant, cette réunion au Sénat n'est pas surprenante, elle est au contraire attendue, et je remercie la délégation aux droits des femmes de contribuer ainsi, soixante-quinze ans après la libération des camps, à un travail de mémoire autour de Résistante , le livre de Jacqueline Fleury.

Car le Sénat n'est pas seulement une chambre du Parlement, qui vote la loi et contrôle l'action du gouvernement. C'est aussi une part de la représentation nationale, c'est une institution au coeur de la République qui prend sa part dans la construction permanente de notre pays, en puisant ses racines dans le territoire, au travers de ceux qui - je pense plus particulièrement aux 500 000 membres des assemblées municipales - ont reçu la confiance des citoyens.

Or la construction d'un pays, d'une Nation, passe par sa mémoire collective.

Lamartine écrivait :

« Tant peut sur les humains la mémoire chérie

« C'est la cendre des morts qui créa la patrie ».

Ces vers traduisent admirablement le double rôle de la mémoire collective : elle donne aux hommes des racines et un sentiment d'appartenance à la Nation, mais elle préserve aussi l'avenir en rappelant les affres du passé.

C'est l'objet du colloque qui nous réunit cet après-midi au Sénat : rendre hommage aux femmes de la Résistance, héroïnes méconnues, qui ont payé de leur vie la libération de notre pays, mais aussi se souvenir, grâce aux témoignages, des horreurs et exactions commises pendant la guerre, pour essayer que plus jamais ne soient commis de tels crimes contre l'humanité.

Enfin, il y a une histoire dans cette histoire. Derrière la femme résistante, il y a la femme engagée dans la vie politique.

Le Sénat porte la trace d'un « péché originel » : celui d'avoir repoussé en 1919 la proposition de loi en faveur du vote des femmes, votée par la Chambre des députés trois ans plus tôt.

En rendant hommage aux sénatrices résistantes par l'apposition d'une plaque commémorative dans la galerie des bustes, en 2014, Jean-Pierre Bel 9 ( * ) et le Sénat avaient souhaité saluer non seulement l'engagement des femmes pendant la guerre, mais aussi la poursuite de leur engagement à la Libération.

Marie-José Chombart de Lauwe, présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation, disait : « Nous n'étions pas des citoyennes à part entière, nous n'avions pas le droit de vote, il faut toujours le rappeler, mais nous avions une conscience politique et nous avons lutté contre l'oppression nazie, pour la patrie et les valeurs républicaines de liberté, de justice, de fraternité » 10 ( * ) .

L'engagement des femmes pour les valeurs de la République s'est perpétué ici au Sénat, alors Conseil de la République, par l'élection de vingt-deux femmes, dont onze résistantes, en 1946. J'ai eu la chance de siéger avec certaines de ces élues, comme Nicole de Hautecloque 11 ( * ) , Françoise Seligmann ou encore Irma Rapuzzi 12 ( * ) . Je pense aussi à Brigitte Gros 13 ( * ) , sénatrice des Yvelines, maire de Meulan, décédée juste avant mon arrivée au Sénat. Elle m'appelait « mon petit », ce qui n'est pas arrivé bien souvent dans ma vie !

Malheureusement, le nombre de sénatrices va décroître régulièrement jusqu'à atteindre le plus faible effectif en décembre 1971 : quatre femmes, soit 1,5 % du Sénat.

Ce n'est qu'en 2001 que le Sénat retrouve et dépasse les résultats de 1946 avec trente-cinq sénatrices, soit un pourcentage de 10,90 %, conséquence directe de l'adoption de la loi sur la parité. Aujourd'hui, le Sénat compte 34,2 % de femmes.

Je ne voudrais pas seulement rendre hommage aux femmes qui ont siégé et siègent aujourd'hui dans notre hémicycle ; je forme le voeu que la participation des femmes à la vie politique et parlementaire soit plus importante encore.

Chère Jacqueline Fleury, chère Claude du Granrut, vos témoignages sont de la mémoire active pour aujourd'hui et pour demain. J'ai tenu à être présent aujourd'hui pour vous saluer, et pour saluer à travers vous les femmes qui se sont engagées pour la patrie : certes, elles n'étaient pas encore des citoyennes à part entière, mais elles sont devenues, par leurs actions, plus citoyennes que nombre de citoyens !

(Applaudissements)

Cérémonie en hommage aux sénatrices issues de la Résistance, le 27 mai 2014. Inauguration de la plaque ci-dessous.

Plaque en hommage aux sénatrices issues de la Résistance, inaugurée au Sénat
le 27 mai 2014 et exposée depuis à proximité immédiate de la salle des séances.


* 7 Interview accordée au Sénat par Marie-José Chombart de Lauwe en amont du colloque du 27 mai 2014, « Femmes résistantes », organisé par la délégation aux droits des femmes.

* 8 Ce texte fait également partie du recueil publié en 2010 par l'Amicale de Ravensbrück et par la SFAADIR (Société des familles et amis des anciennes déportées et internées de la Résistance), à l'occasion du 65 e anniversaire de la libération du camp de Ravensbrück.

* 9 Jean-Pierre Bel, sénateur de l'Ariège de 1998 à 2014, fut président du Sénat de 2011 à 2014.

* 10 Cette citation de Marie-José Chombart de Lauwe est gravée sur la plaque inaugurée au Sénat le 27 mai 2014 en hommage aux sénatrices issues de la Résistance.

* 11 Nicole de Hautecloque (1913-1993), sénatrice de Paris de 1986 à 1993.

* 12 Irma Rapuzzi (1910-2018), élue des Bouches-du-Rhône, membre du Conseil de la République de 1955 à 1958 puis sénatrice de 1959 à 1989.

* 13 Brigitte Gros (1925-1985), sénatrice des Yvelines de 1973 à 1985.

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