Introduction par Annick Billon,
présidente de la délégation aux droits des femmes

Monsieur le président, cher Gérard Larcher,

Chers collègues de la délégation aux droits des femmes,

Mesdames et Messieurs les présidents,

Mesdames, Messieurs,

Avant de commencer, je souhaite faire une annonce pour préciser le protocole sanitaire en vigueur :

- nous devons porter le masque pendant cette réunion, pour la sécurité et la protection de toutes et tous, y compris pendant nos interventions ;

- chaque orateur et oratrice doit intervenir depuis sa place ;

- si vous devez vous déplacer, veillez à ne pas vous croiser.

Merci de respecter ces consignes.

Tout d'abord, je voudrais remercier Gérard Larcher d'être à nos côtés aujourd'hui pour cette rencontre, à laquelle notre délégation aux droits des femmes attache une importance particulière.

Dans quelques jours auront lieu les élections sénatoriales : après ces élections, une nouvelle délégation se constituera. C'est donc aujourd'hui la dernière réunion de la délégation issue des élections de 2017. Merci à vous, Monsieur le président, qui avez toujours répondu présent à nos invitations. Sachez que nous avons toujours été très sensibles à votre disponibilité.

Depuis plusieurs années, notre délégation inscrit régulièrement à son agenda des réflexions sur le rôle des femmes dans les guerres.

Nous avons ainsi beaucoup travaillé avec Rose-Marie Antoine, ancienne directrice générale de l'ONAC-VG : je salue donc Véronique Peaucelle-Delelis, qui lui a succédé à la tête de l'ONAC, et formule le voeu que ce partenariat se poursuive à l'avenir.

Notre préoccupation constante est que le courage des femmes ne soit pas passé sous silence, comme c'est trop souvent le cas, mais que nos héroïnes aient dans notre Histoire la place qu'elles méritent.

C'est ainsi qu'en 2018, lors d'un colloque sur les femmes dans la Grande Guerre, organisé dans le cadre du Centenaire, nous avons évoqué le souvenir de personnalités extraordinaires telles que Louise de Bettignies et Émilienne Moreau-Évrard. Ces combattantes ont pris toute leur part en 14-18 dans la libération de notre pays dont, on l'oublie trop souvent, de nombreux territoires ont subi une occupation qui a préfiguré celle de la deuxième guerre.

On sait que Louise de Bettignies a été une source d'inspiration pour des résistantes de la Seconde Guerre, comme Marie-José Chombart de Lauwe, présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation. Quant à Émilienne Moreau-Évrard, elle a repris les armes en 1940 et est devenue l'une des six femmes Compagnons de la Libération, faisant ainsi le lien entre deux générations de résistants.

Notre délégation a donc souhaité que la Journée nationale de la Résistance célébrée chaque année le 27 mai depuis 2014 soit, en cette année 2020 marquée par le 75 e anniversaire de la libération des camps, l'occasion de rendre hommage aux femmes qui se sont engagées contre l'occupant, pour la libération de notre pays et pour la victoire de nos valeurs républicaines.

Cette réunion aurait dû avoir lieu en mai dernier. Elle a été reprogrammée en raison de la crise sanitaire, et dans un format considérablement restreint par rapport à ce que nous aurions souhaité.

Nous sommes donc rassemblés afin de marquer notre reconnaissance et notre admiration pour les « combattantes de l'ombre » qui, il faut le rappeler, ont couru les mêmes dangers que les hommes, même si elles ont été oubliées par la suite : six femmes seulement parmi les 1 038 Compagnons de la Libération ! Pourtant, dans les forteresses et les camps allemands, notamment à Ravensbrück dont il sera beaucoup question cet après-midi, elles ont été nombreuses à payer le prix fort de leur engagement.

Permettez-moi de citer à cet égard ces mots terribles qu'André Malraux a prononcés à Chartres en 1975, lors du trentième anniversaire de la libération de ce camp : les résistantes étaient les « volontaires d'une atroce agonie ». On ne peut mieux évoquer leur immense courage.

J'en viens à notre programme de cet après-midi : je me tourne vers Jacqueline Fleury.

Chère Jacqueline Fleury, vous avez publié en 2019 un livre de témoignage dont on ne peut que recommander la lecture. Notre réunion d'aujourd'hui est conçue autour de ce livre, intitulé Résistante . Vous y racontez vos débuts dans la Résistance, l'enfer de Ravensbrück, les difficultés du retour en France et (je cite vos mots) « l'incompréhension que nous lisons dans le regard des autres ».

Votre livre pose de très graves questions. Comment devient-on résistant ? Comment survit-on à l'épreuve de la déportation ? Quelle peut être la vie après le camp ? Comment témoigner et transmettre l'indicible ?

Notre après-midi sera donc rythmé par ces quatre thématiques. Parmi celles-ci, la question de la transmission et du témoignage nous a paru devoir être mise en valeur aujourd'hui.

Nous accueillons en effet un certain nombre de membres de la Société des familles et amis des déportées et internées de la Résistance (SFAADIR). Cette association veille à maintenir vivant le souvenir des femmes de la Résistance. Certains d'entre vous, Mesdames et Messieurs, êtes des enfants des femmes que nous célébrons aujourd'hui à travers le témoignage de Jacqueline Fleury.

Je salue donc la présidente de cette association, Claude du Granrut, dont la mère a connu l'enfer de Ravensbrück, et qui nous aidera à comprendre comment les enfants des déportés ont vécu l'attente et, parfois, le retour de leurs parents. J'ajoute que Claude du Granrut évoque ce sujet dans deux livres : Dix ans en 1940 et Le piano et le violoncelle , consacré à sa mère.

Quelques mots, avant de commencer, sur le déroulement de nos échanges.

Comme je l'ai dit à l'instant, la crise sanitaire nous a contraints à demander le port du masque en permanence. Merci pour votre compréhension.

Pour votre information, nos échanges font l'objet d'un enregistrement vidéo qui sera par la suite accessible sur le site du Sénat.

Chaque séquence sera articulée autour de questions posées à nos témoins par des membres de la délégation. Nous donnerons également la parole à la salle.

Les quatre thématiques que nous avons retenues seront illustrées par des lectures de textes, des projections de dessins dus à des survivantes de Ravensbrück et à un témoignage vidéo de Marie-José Chombart de Lauwe, enregistré en 2014 lors du colloque que mes prédécesseurs avaient organisé dans cette même salle sur les femmes résistantes.

(Applaudissements)

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