B. LES PRINCIPAUX FREINS À L'INSERTION PROFESSIONNELLE DES FEMMES EN MILIEU RURAL

Les freins à l'accès à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux s'expliquent par des caractères structurels - situation, profil, formation -, d'une part, et par des problématiques d'accompagnement d'autre part, relatives notamment à la mobilité.

Dans son étude précitée de mars 2018 intitulée « Améliorer l'accès à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux », le CGET avait identifié différents « freins directs et périphériques » en matière d'accès à l'emploi des femmes en milieu rural.

1. Des freins structurels en lien avec les opportunités de formation réduites pour les femmes en milieu rural

Parmi ces freins, l'étude citait notamment des choix et opportunités de formation réduites pour les femmes dans les territoires ruraux : en matière de formation initiale, les orientations vers les filières professionnelles sont plus différenciées entre les filles et les garçons des territoires ruraux. L'étude précise ainsi que les garçons « s'orientent en effet plus que les urbains vers les métiers du bâtiment et de la mécanique alors que les filles se dirigent vers les métiers sanitaires et de services à la personne ».

En outre, l'offre de formation professionnelle est plus faible en milieu rural, voire inexistante, et nécessite, en tout état de cause, de se déplacer, ce qui peut également se révéler difficile en milieu rural (voir supra la partie consacrée à la jeunesse).

2. Un défaut de mobilité préjudiciable à l'emploi des femmes

La problématique de l'égalité femmes-hommes et les freins à l'accès à l'emploi pour les femmes nécessitent également d'appréhender la question de la mobilité.

En effet, le bassin de vie des femmes est spécifique pour plusieurs raisons. Tout d'abord, elles ont moins souvent accès à un véhicule, soit parce que leur ménage ne dispose pas d'un véhicule pour chaque membre du couple, soit parce qu'elles ne possèdent pas le permis de conduire.

Par ailleurs, les études menées sur les mobilités révèlent que les distances entre le lieu de travail et le domicile ont tendance à s'accroître, car les emplois demeurent très concentrés dans les milieux urbains, tandis que les habitations s'installent dans des zones plus isolées dans lesquelles les prix de l'immobilier sont moindres. La distance moyenne parcourue par les femmes pour se rendre sur leur lieu de travail est de seize kilomètres contre vingt-quatre pour les hommes, que ce soit en ville ou à la campagne. Le bassin d'emploi potentiel des femmes est donc plus restreint que celui des hommes.

Ainsi que le rappelle l'étude précitée du CGET publiée en mars 2018, « dans les territoires peu denses et très peu denses, la mobilité des femmes se distingue par le fait qu'elles travaillent davantage hors de leur commune de résidence (51,2 % contre 45,9 % des femmes urbaines et 46,2 % des hommes ruraux) ce qui accroît leur temps de trajet. De plus, la voiture représente 91 % des déplacements des habitants des espaces ruraux (contre 80 % dans les pôles urbains) ».

Comme les hommes, les femmes utilisent donc en grande majorité un moyen de transport motorisé pour se rendre au travail pour près de 89 % d'entre elles. Les transports en commun ne sont utilisés pour se rendre au travail que pour 5 % des femmes des territoires ruraux.

La possession d'un permis de conduire et les bassins d'emplois desquels dépendent les femmes en milieu rural constituent donc des facteurs pouvant limiter leur accès à l'emploi, de même que leurs responsabilités familiales et la possibilité de garde d'enfants par exemple, l'offre de services en milieu rural étant moindre qu'en zone urbaine.

L'étude du CGET de mars 2018 indique que « la garde d'enfants peut constituer un frein important à l'accès ou au retour à l'emploi des femmes dans la mesure où ce sont encore elles qui assurent la majorité des tâches liées aux enfants ».

Les contraintes horaires qui s'imposent aux femmes sont plus fortes en raison des obligations familiales liées à leurs enfants, mais également au maintien des personnes âgées à domicile, qui nécessite un accompagnement aujourd'hui supporté par les familles. La crise sanitaire nous invite à être sensibles à ces problématiques.

Le nombre de places d'accueil (individuel ou collectif) théorique pour les jeunes enfants est plus limité dans les territoires ruraux que dans les territoires urbains avec une moyenne de 55 places d'accueil à moins de 15 minutes pour cent enfants dans les communes rurales contre 64 dans les communes urbaines. En outre, l'offre de garde d'enfants en milieu rural est souvent peu adaptée aux besoins des familles présentant des contraintes d'emploi du temps et de mobilité.

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