B. DE FUTURS CHANGEMENTS AUX CONSÉQUENCES IMPORTANTES

1. Les impacts du changement climatique à l'échelle mondiale

Comme l'atteste le dernier rapport du groupe de travail n° 1 du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) 14 ( * ) , le réchauffement de l'atmosphère terrestre est aujourd'hui incontestable et provient tout aussi certainement des activités humaines. Sur la période 2011-2020, la température moyenne à la surface du globe a augmenté de 1,09 °C par rapport à la période 1850-1900, conduisant à des chaleurs intenses et des épisodes de sécheresse à la fois plus fréquents et plus importants. Cette hausse est plus marquée au niveau des terres (+1,6 °C) qu'au niveau des océans (+0,9 °C). À court terme (2021-2040), il est hautement probable que la température moyenne continue de s'élever et que sa hausse atteigne à cette échéance 1,5 °C. À l'horizon de la fin du siècle (2081-2100), les scénarios considérés par le GIEC estiment un réchauffement compris 1,0 et 5,7 °C, selon l'évolution des émissions de gaz à effet de serre.

Le cycle de l'eau est un mécanisme hautement thermosensible, puisque directement lié à l'équilibre entre les différents états physiques de l'eau. En augmentant la température atmosphérique, le dérèglement climatique induit une hausse de la quantité de vapeur d'eau présente dans l'atmosphère. Cette augmentation, associée à des changements de circulation de la vapeur d'eau, entrainera un élargissement de la zone humide des tropiques et y favoriser une augmentation des précipitations ; la zone sèche subtropicale se déplacera vers de plus hautes latitudes et connaître une diminution des précipitations ; la zone humide des hautes latitudes sera elle aussi décalée et l'intensité des précipitations y augmentera. Ainsi, une augmentation des précipitations sera observée aux hautes latitudes, dans le Pacifique équatorial et dans certaines régions concernées par les moussons - qui seront alors exposées à d'importants risques d'inondation - tandis que certaines régions subtropicales et une partie des zones tropicales arides subiront au contraire une baisse de la disponibilité en eau (Figure 4) 15 ( * ),16 ( * ) .

Figure 4 : Variation des précipitations moyennes annuelles (%) par rapport à 1850-1900 15

L'augmentation de la quantité de vapeur d'eau présente dans l'atmosphère accroîtra la quantité d'eau précipitable, ce qui conduira à une augmentation globale de l'intensité des précipitations, phénomène déjà observé au cours des dernières années. En moyenne, une hausse de 1° C de la température de l'atmosphère devrait provoquer une hausse de 7 % des précipitations. Les épisodes de pluie intense seront plus violents mais moins fréquents. Ainsi, on observera à la fois une augmentation du nombre d'inondations et des épisodes de sécheresses entre ces événements pluvieux.

En raison d'un réchauffement moins rapide des océans par rapport aux continents, la demande évaporative augmentera au-dessus de ces derniers. Eu égard à l'évolution prévue du régime des précipitations, ceci conduira, dans certaines parties du monde, à une baisse de l'humidité des sols et à un risque accru de sécheresse.

Ces différents phénomènes auront d'importantes conséquences sur les hydrosystèmes et la ressource en eau sur l'ensemble de la planète. La hausse de la température planétaire influera également sur les réserves constituées par les glaciers et les massifs neigeux : la couverture neigeuse diminuera et la fonte printanière sera plus précoce, avec un impact direct sur les bassins hydrographiques associés. Les réserves d'eau douce que sont les aquifères côtiers seront elles aussi affectées par un processus de salinisation résultant de l'élévation du niveau de la mer, autre conséquence du réchauffement climatique.

Enfin, comme l'a indiqué Florence Habets, les variations météorologiques naturelles s'ajouteront à ces changements structurels. En partie prévisibles, elles devront être prises en compte dans les politiques d'adaptation au dérèglement climatique.

2. Les impacts du changement climatique sur le territoire métropolitain

La France métropolitaine connaîtra une hausse de température plus importante que la moyenne planétaire, conduisant notamment à des canicules plus régulières. La Figure 5 ci-après montre que les précipitations augmentera à la fois au nord de la France et diminuera au sud. L'ensemble du pays connaîtra cependant des épisodes de sécheresse plus importants 17 ( * ) car les périodes estivales seront plus arides sur l'ensemble du territoire (Figure 6).

Réchauffement de 1,5 °C

Réchauffement de 2 °C

Réchauffement de 4 °C

Changement (%)

Figure 5 : Variation des précipitations moyennes annuelles (%) par rapport à 1995-2014 18 ( * )

Réchauffement de 1,5 °C

Réchauffement de 2 °C

Réchauffement de 4 °C

Changement (%)

Figure 6 : Variation des précipitations de juin à août (%) par rapport à 1995-2014 18

D'après l'étude Explore 2070, réalisée en 2012 dans l'objectif d'évaluer l'impact du changement climatique sur la ressource en eau en France, la baisse des précipitations estivales devrait être comprise entre 16 et 23 % à l'horizon 2046-2065 19 ( * ) . Une baisse générale des débits moyens annuels des cours d'eau sera alors observée (de -10 % à -40 %), avec une augmentation de la sévérité des étiages. De même, une baisse du niveau moyen des nappes phréatiques sera constatée (entre -10 % et -25 % 20 ( * ) ), du fait d'une baisse de la recharge. Enfin, l'augmentation de l'évapotranspiration a été évaluée entre 10 % et 30 %, entrainant une augmentation de la sécheresse des sols.

L'ampleur de ces conséquences - en France comme dans le reste du monde - rappelle l'importance fondamentale de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la nécessité de tendre vers le « net zéro » le plus rapidement possible.


* 14 IPCC, « Climate Change 2021 : The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change », 2021 ( https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-i/ ).

* 15 IPCC, « Climate Change 2021 : The Physical Science Basis. Summary for Policymakers », 2021 ( https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-i/ ).

* 16 L'importante augmentation en pourcentage dans les régions arides (notamment le Sahara) ne pourrait correspondre qu'à de faibles changements absolus.

* 17 En Europe, le nombre de régions touchées par la sécheresse a augmenté d'environ 20 % entre 1976 et 2006. En 2015, au moins 11 % de la population européenne connaissait un problème de rareté de la ressource en eau toute l'année et 23 % pendant les périodes estivales. En 2030, ces proportions devraient respectivement passer à 30 et 45 %. Voir : V. Da Costa, E. Jobard, J. Marquay, M. Ollagnon, B. Plat, S. Radureau, « Les services publics d'eau et d'assainissement en France - Données économiques, sociales et environnementales »

( http://www.fp2e.org/userfiles/files/publication/etudes/Etude_BIPE_2015_
Services_publics_d%27eau_et_d%27assainissement_10_6%20nov_%202015.pdf
).

* 18 Graphiques obtenus à partir de l'atlas interactif du GIEC en utilisant la projection CORDEX Europe et le scénario RCP8.5 ( https://interactive-atlas.ipcc.ch/ ).

* 19 Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, « Explore 2070. Synthèse de l'étude “hydrologie de surface” », 2012 ( https://professionnels.ofb.fr/fr/node/44 ).

* 20 Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, « Explore 2070. Synthèse de l'étude “hydrologies souterraines” », 2012 ( https://professionnels.ofb.fr/fr/node/44 ).

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