II. LES ACTEURS DE LA PRISE EN CHARGE DE PREMIER NIVEAU : UN RÔLE À CONFORTER

A. LES SOINS DE VILLE DOIVENT PRENDRE TOUTE LEUR PART DANS LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS EN SOUFFRANCE PSYCHIQUE

1. La nécessité de consolider la part assurée par les soins de ville dans la prise en charge

Les médecins généralistes sont en première ligne pour détecter et orienter les patients en souffrance psychique : près de 30 % de leur patientèle présente des troubles de santé mentale et ils sont à l'origine de 90 % des prescriptions de psychotropes. Néanmoins, par manque de temps médical ou de formation aux enjeux de santé mentale, leur rôle dans la détection et l'orientation des patients n'est pas optimal.

Pour améliorer la réponse apportée par les acteurs de soins de ville aux patients, il est primordial que médecins généralistes, infirmiers et psychiatres coopèrent davantage. Un modèle de « soins collaboratifs » est par exemple expérimenté en Île-de-France, dans le cadre du programme « SÉSAME ». Ce modèle associe médecin généraliste (diagnostic), infirmier (suivi de la prise en charge dans la durée) et psychiatre référent (expertise auprès du médecin et de l'infirmier). Les premiers retours de cette expérimentation sont probants, les professionnels de santé saluant la précocité de la prise en charge, la mobilisation des ressources adéquates et le caractère non stigmatisant d'une telle approche pour les patients.

En outre, le déploiement d'infirmiers en pratique avancée (IPA) spécialisés en psychiatrie et santé mentale (PSM) au sein des structures de soins de ville constitue indéniablement un espoir pour réduire les inégalités d'accès aux soins et assurer une prise en charge graduée et de proximité.

Recommandation n° 4 : Développer les consultations avancées assurées par les IPA PSM au sein des maisons de santé pluriprofessionnelles et des centres de santé (établissements psychiatriques).

2. Le dispositif « MonSoutienPsy » : un accès au psychologue renforcé

Depuis l'introduction du dispositif « MonSoutienPsy » en 2022, l'assurance maladie prend en charge jusqu'à douze séances par an chez un psychologue conventionné. Au 28 février 2025, 586 858 patients ont bénéficié du dispositif et 3,1 millions de séances ont été prises en charge, soit en moyenne 4,7 séances par bénéficiaire.

Nombre de bénéficiaires de MonSoutienPsy

Si MonSoutienPsy élargit l'accès au psychologue, il présente deux écueils.

D'une part, le dispositif ne mobilise que 15 % des psychologues libéraux et certains territoires sont très faiblement couverts.

D'autre part, il existe un risque sérieux de rupture de la prise en charge du patient au bout des douze séances remboursées. Pour contenir ce risque, l'effectivité des règles applicables en matière de dialogue entre les psychologues, les médecins généralistes et les psychiatres doit être garantie.

3. La santé mentale, affaire de tous : sensibiliser le grand public et soutenir la pair-aidance

Certaines professions au contact des publics vulnérables peuvent jouer un rôle dans la détection des troubles psychiques et l'orientation vers le soin : travailleurs sociaux, forces de l'ordre ou encore enseignants sont, par exemple, régulièrement exposés à des situations de détresse psychologique.

À cet égard, l'oeuvre de sensibilisation de ces professions sur la santé mentale doit se poursuivre, notamment en déployant plus largement la formation aux premiers secours en santé mentale (PSSM). Les rapporteurs sont également convaincus que la pair-aidance doit être encouragée, compte tenu de ses résultats prometteurs en matière de prévention et de réinsertion socio-professionnelle.

Recommandation n° 6 : Étendre les formations aux premiers secours en santé mentale à toutes les professions clés puis à l'ensemble des citoyens (ministères concernés).

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