7. Télécommunications

Proposition E 731

Com (96) 419 final


(Réunion de la délégation du 17 décembre 1996)

Présentation du texte par M. Jacques Genton :

Cette proposition vise à remplacer la directive du 13 décembre 1995 sur l'application à la téléphonie vocale de la fourniture d'un réseau ouvert (ONP), de façon à prendre en compte la libéralisation du marché des télécommunications prévue pour le 1 er janvier 1998 et à garantir la fourniture d'un service universel dans l'Union européenne.

En premier lieu, la proposition de directive précise l'étendue du service universel, qui comprend les éléments suivants :


- le droit pour tout utilisateur d'obtenir un raccordement au réseau téléphonique public fixe à un prix abordable ; ce raccordement doit permettre à l'utilisateur de donner et de recevoir des appels nationaux et internationaux pour la transmission de messages vocaux, de documents par télécopie et/ou de données ;

- la fourniture de services d'annuaires ;

- la mise à disposition de postes téléphoniques payants publics ;


- le cas échéant, des mesures spécifiques en faveur des utilisateurs handicapés et des utilisateurs ayant des besoins spécifiques.

La proposition précise que ces services doivent être accordés à des prix abordables. Cette mention est particulièrement importante car la Commission plaide traditionnellement pour un alignement des tarifs sur les coûts. Or, cet alignement, s'il est pratiqué de manière brutale, risque de pénaliser très fortement certains consommateurs. Il est donc indispensable que le rapprochement des tarifs et des coûts soit concilié avec la nécessité de maintenir des tarifs abordables.

En revanche, la possibilité pour les Etats membres de prévoir un mécanisme de péréquation géographique à des fins d'aménagement du territoire n'est pas explicitement évoquée. Certes, la Commission précise que " les Etats membres maintiennent en particulier à un niveau abordable les services spécifiquement destinés aux utilisateurs des zones rurales ou des zones à coûts élevés " ; il serait cependant préférable que la notion de péréquation géographique soit explicitement mentionnée dans la directive comme c'est le cas dans la loi française de réglementation des télécommunications.

Le coût de la fourniture du service universel peut être partagé entre tous les organismes fournisseurs de réseaux de télécommunications publics et/ou de services de téléphonie vocale accessibles au public. Toutefois, les dispositions relatives au financement du service universel sont peu claires et ne prévoient pas explicitement - contrairement à la loi française - la possibilité pour les Etats membres de demander aux opérateurs de téléphonie mobile de contribuer au financement du service universel. Il est donc important que ces dispositions soient précisées au cours des négociations sur la directive, afin que les opérateurs de téléphonie mobile, qui offrent des services de téléphonie vocale, participent au financement du service universel.

Par ailleurs, la proposition de directive prévoit d'imposer d'autres obligations aux opérateurs de télécommunications, en particulier la facturation détaillée, la numérotation au clavier et la possibilité d'interdiction sélective des appels. Le texte prévoit en outre l'établissement de contrats entre les organismes de télécommunications et les utilisateurs, la publication d'informations sur les conditions d'accès aux réseaux téléphoniques, l'introduction dans les autorisations délivrées aux organismes fournisseurs de services téléphoniques d'objectifs en matière de qualité de service.

Enfin, la proposition évoque un certain nombre d'obligations qui ne pèseraient que sur les organismes détenant une part importante du marché (par exemple, la possibilité pour l'utilisateur appelé d'identifier l'appelant grâce à l'affichage du numéro préalablement à l'entrée en communication), et prévoit un encadrememnt tarifaire spécifique pour ces organismes. A cet égard, il conviendrait de veiller à ne pas mettre en place une réglementation trop contraignante. Il est normal que les services entrant dans le champ du service universel et les services pour lesquels il n'existe aucune concurrence fassent l'objet d'un encadrement tarifaire. En revanche, pour les autres services, la concurrence devrait pouvoir s'exercer librement.

Ce texte a pour l'instant fait l'objet d'un débat d'orientation au sein du Conseil des ministres ; il devrait être adopté avant le 1 er janvier 1998, date de la libéralisation du marché. Il vient compléter une réglementation communautaire déjà abondante, sur laquelle le Sénat a eu l'occasion de se prononcer précédemment, en particulier en décembre 1995 à l'initiative de M. René TRÉGOUËT, rapporteur de la délégation.

Aussi je vous propose que la délégation intervienne en attirant par lettre l'attention du Ministre des Affaires européennes sur les difficultés que pose ce texte.


M. René Trégouët s'est déclaré en accord avec l'analyse du président. Il a observé que les dispositions sur le service universel de la loi française évoquaient la mise à disposition de " cabines téléphoniques installées sur le domaine public " et non la seule mise à disposition de postes téléphoniques payants publics comme la proposition de directive. Il a estimé que les cabines téléphoniques devaient être à la disposition de tous à tout moment et non simplement aux heures d'ouverture des lieux publics. Il a souhaité que les dispositions de la loi française et de la directive soient pleinement compatibles.

La délégation a alors décidé d'attirer l'attention du ministre délégué chargé des affaires européennes sur les difficultés posées par la proposition E 731. Elle lui a adressé à cet effet la lettre ci-après.

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