développer et approfondir la formation et le conseil, pour la création et l'expansion

un aspect essentiel, moins développé en france qu'aux États-Unis

Le taux de mortalité des petites entreprises est encore dans notre pays, de 50 % [24] dans les cinq années qui suivent leur création.

Les études menées sur les causes de ces défaillances mettent en lumière le rôle essentiel de la formation, du conseil et de l'assistance technique extérieure comme clé de la pérennité de l'entreprise.

Votre rapporteur a pu constater aux États-Unis un très large recours au conseil des créateurs d'entreprise et des chefs de PME en développement. Chaque année, un million de petites entreprises bénéficie de l'une des structures d'assistance de la SBA : programme " SCORE " de consultants bénévoles en retraite, programme " SBDC " de centres de formation et de conseil, programme " BIC " de centres d'information des PME.

De plus les collectivités locales ont elles aussi mis en place de nombreuses sessions de formation, parfois en collaboration avec la SBA.

La ville de New York développe des actions de formation, l'État de New York aussi : par exemple, il a mis en place, au travers de son département du développement économique, dont votre rapporteur a rencontré les représentants [25] , un " programme d'assistance aux entrepreneurs ", qui s'adresse surtout aux personnes des quartiers défavorisés. Ce programme consiste le plus souvent en cours du soir, dispensés dans les quartiers, et destinés aux entreprises en création.

A l'issue du programme, chaque participant aura élaboré son " Business plan " (compte d'exploitation prévisionnel).

Voici le programme-type d'une session de formation :

PROGRAMME D'ASSISTANCE AUX ENTREPRENEURS DE L'ETAT DE NEW YORK


1. Comment faire son business plan

2. Comment créer une entreprise - Formaliser son projet
3. Comment remplir les formulaires - Bases de droit des affaires
4. Choisir son emplacement
5. Bases de marketing, cibler ses clients - Études de marchés, marchés de crèches
6. Marketing - Comportement du client - Concurrence - Établissement du prix - Stratégie
7. Publicité- Achat - Ventes et distribution
8. Prévision d'activité et de ventes
9. Finalisation du plan marketing
10. Assurances
11. Besoins des entreprises en création
12. Gestion de trésorerie et cash flow
13, 14 et 15. Bases de comptabilité, bilan, compte de résultat
16. Tenue des livres - Finance
17. Fiscalité
18. Relations avec la banque - Besoins financiers - Première esquisse d'un Business plan final pour chaque participant
19. Information sur les aides gouvernementales
20. Business plan achevé

Source : New York State

Au regard de ce foisonnement d'initiatives, le bilan français paraît bien maigre.

Or les dirigeants des petites entreprises auraient besoin du professionnalisme d'un regard extérieur de consultant tant pour la gestion que pour la stratégie de développement et pour des aspects techniques. L'aide aux PME ne doit pas se limiter à l'aspect financier. De nombreuses voix se sont déjà élevées pour le dire [26] , avec parfois particulièrement de vigueur, comme dans ce rapport au Premier Ministre de M. Philippe Mathot, parlementaire en mission :

" Le principal handicap de la création d'entreprise en France se situe là : manque de conseil et de formation préalable, absence presque totale de dispositif d'accompagnement immatériel dans la phase post-création.

Il est inutile de consacrer des budgets importants à la création d'entreprises, sous forme de subventions, d'aides fiscales ou autres, si les projets ne sont pas validés au démarrage, si les hommes n'y sont pas préparés, s'il n'y a pas de suivi.

En France, la création d'entreprise a un urgent besoin d'injection de matière grise. "

Votre commission n'est pas loin de partager cet avis. Même s'il existe en France des structures de soutien à l'entreprise en création [27] , l'ampleur et la qualité du conseil apporté restent souvent insuffisantes.

Il en est de même pour l'expansion brutale d'une petite entreprise liée à une innovation ou à l'ouverture brutale d'un nouveau marché.

professionnaliser et approfondir le soutien immatériel au chef d'entreprise

Systématiser un conseil approfondi à la création d'entreprise

Les pouvoirs publics doivent se fixer comme objectif de permettre à chaque candidat à la création d'entreprise de bénéficier de formation en gestion et de conseils plus spécialisés si cela est nécessaire.

Plus précisément, chacun doit pouvoir bénéficier de l'aide nécessaire à l'élaboration du " Business Plan " de son activité. Ce document, essentiel pour tout projet de création, consiste en un plan d'exploitation prévisionnel qui prend en compte non seulement l'évolution prévisible de l'activité, mais aussi celle des différentes charges afférentes. Il peut être extrêmement détaillé ou plus sommaire, mais nécessite toujours une vision globale de l'activité considérée. Sa formalisation permet d'adopter une démarche professionnelle de la création d'entreprise.

Le conseil en création doit aussi permettre le choix de la structure juridique appropriée.

Cette politique volontariste de soutien intelligent aux petites entreprises pourrait être mise en oeuvre par le réseau actuel " Entreprendre en France " (Chambres de commerce, chambres des métiers, banques, experts-comptables, notaires, avocats...).

La formation doit devenir une priorité essentielle de l'aide aux PME, à la création de l'entreprise, mais aussi aux différents stades de son développement.

Inciter les entreprises en expansion à recourir à une aide extérieure

Accroître les actions de formation continue

En France, le déficit de formation continue des cadres et des dirigeants de petites entreprises est patent.

Bien plus, il n'existe pas de procédure d'aide spécifique pour former les cadres des PME. Le ministère de l'Industrie a soutenu en 1995 [28] 38 actions de formation, pour un montant de 18 millions de francs. Quelques centaines de PME en ont bénéficié. Ces formations abordent les thèmes de la stratégie, la qualité et la gestion. Elles sont parfois suivies de conseil personnalisé par un consultant.

Il faut multiplier en France le nombre de ce type de sessions de formation, partiellement financée par fonds publics. Cela nécessite un changement de mentalité de la part des pouvoirs publics qui n'ont jusqu'à présent pas favorisé en priorité ce type d'aide, mais aussi de la part des chefs d'entreprise qui sont spontanément peu enclins à participer à des actions de formation (à tel point que certains acteurs de ce secteur ont suggéré que le bénéfice des différents aides publiques aux PME soit conditionné au suivi de stages de formation [29] ).

Permettre un recours accru au conseil

Le recours des PME à des consultants extérieurs bénéficie aux États-Unis de deux types de soutien : soit l'administration met à la disposition des PME, dans les structures qu'elle gère, des consultants. Pour la SBA, c'est le cas du programme " SCORE " déjà évoqué, des centres de développement des entreprises dits " SBDC ". Le deuxième moyen consiste dans le financement de consultants extérieurs du secteur privé.

Divers programmes ont cet objectif, dont le " manufacturing extension partnership ", mis en place par la loi de 1988 " Omnibus and competitiveness Act ". Votre rapporteur en a observé le fonctionnement : il s'agit de consultants qualifiés, dispensant des conseils non seulement pour les aspects technologiques mais aussi organisationnels et de gestion.

En France, dans le secteur de l'industrie, l'État a mis en place dans les années 1980 un dispositif d'aide financière à l'appel à des consultants extérieurs : la procédure " FRAC " (fonds régionaux d'aide au conseil), qui permet de subventionner 50 % au plus de la charge liée à l'intervention des consultants, avec un plafond de 200.000 francs. Environ 2.500 projets ont ainsi été soutenus en 1995, principalement sur les thèmes de la qualité, de la stratégie et du développement commercial. Cette aide s'adresse exclusivement aux petites entreprises qui ne pourraient assumer la charge financière de cette assistance extérieure, ou qui n'y ont jamais eu recours.

Ce type d'intervention doit être rendu accessible à un plus grand nombre de petites entreprises, même non industrielles, ne disposant pas pour elles-mêmes des moyens de faire appel aux services de consultants privés.

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