IV. SYNTHÈSE DES MESSAGES REÇUS, VIA LE RÉSEAU INTERNET, PAR LA MISSION D'INFORMATION ENTRE LE 19 ET LE 29 MARS 1996

Poursuivant le dialogue engagé depuis le 21 février 1996 sur le réseau Internet, la mission d'information a reçu au cours des deux dernières semaines quelque vingt-cinq nouveaux messages répondant au troisième questionnaire et à la deuxième synthèse des messages.

Certains messages ont été envoyés par des correspondants français étudiant ou enseignant dans des universités étrangères situées notamment aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et au Japon.

Il convient également de remarquer que la plupart des intervenants ont exprimé leur accord pour que leurs observations et propositions soient reproduites en totalité ou partiellement.

I. LES REPONSES COMPLEMENTAIRES APPORTEES AU PREMIER QUESTIONNAIRE DU 21 FEVRIER 1996

1. Les causes de l'échec universitaire dans les premiers cycles


- cet échec résulterait d'abord de l'existence d'un " gouffre entre le lycée et la fac " qui nécessite un effort considérable d'adaptation des nouveaux étudiants ;

- le manque de motivation des étudiants constituerait l'une des principales causes de l'échec en premier cycle : celui-ci " ne doit pas devenir un sas de décompression pour étudiants indécis " et il faudrait au contraire faciliter l'accueil des étudiants ayant choisi de prendre une année de réflexion après le bac ;

- le choix d' une année sabbatique par les bacheliers renforcerait leur motivation et leur permettrait d'obtenir le DEUG dans des délais normaux ;

2. Le système actuel d'information et d'orientation

- certains considèrent que l'information sur l'orientation est disponible pour les lycéens mais que ceux-ci doivent faire l'effort d'aller la chercher : il conviendrait de " responsabiliser " les élèves sur ce point.

3. Les suggestions pour améliorer le système d'information et d'orientation

- le recours à l'expérience des étudiants n'apparaît pas comme la panacée même s'il peut permettre aux lycéens de découvrir le monde universitaire : les étudiants ne sont pas formés à cette tâche et n'ont qu'une vision de l'université réduite à leur seule discipline ;

- le personnel des CIO devrait recevoir une formation plus large car l'information dispensée aux lycéens sur les problèmes du marché de l'emploi et les débouchés des différentes filières est jugée insuffisante et inadaptée ; un dialogue devrait s'instaurer, au-delà des seuls tests d'évaluation, pour affiner les projets des jeunes lycéens qui ont le sentiment d'être " perdus dans un monde d'adultes " ;

- le système éducatif, jugé " exsangue et sclérosé " , est remis en cause car il n'a pas évolué aussi vite que la société française : si le baccalauréat continue à remplir sa fonction, le système éducatif ne joue plus son rôle dans la société ;

- l'animosité des doctorants à l'égard des PRAG résulterait d'une hiérarchisation excessive de l'enseignement supérieur : pour certains, les professeurs d'université appartiennent à une " caste à part " qui se refuse à renoncer à ses prérogatives, et certains enseignants-chercheurs ne sont pas plus motivés que leurs étudiants, contribuant ainsi, pour leur part, à l'échec universitaire ; il serait souhaitable de créer un corps d'inspection dans l'enseignement supérieur, comme il en existe dans le second degré ;

- pour d'autres, l' orientation dès la classe de seconde n'est pas souhaitable car nombre d'élèves sont encore indécis en terminale : recourir aux étudiants et aux stagiaires d'IUFM pour aider à l'orientation des lycéens apparaît peu opportun ;

- certains préconisent, au moins pour les filières scientifiques, le développement d'un partenariat avec les entreprises , en organisant des stages d'entreprise en fin de premier cycle, à l'exemple des " intern ship " américains.

II. LES REPONSES COMPLEMENTAIRES APPORTEES AU DEUXIEME QUESTIONNAIRE DU 6 MARS 1996

1. Les formations supérieures courtes, à finalité professionnelle, de type IUT et STS, vous paraissent-elles exagérément sélectives, compte tenu notamment des besoins des entreprises ?


- certains intervenants considèrent que ces filières sont très sélectives par rapport aux enseignements universitaires généralistes mais peu sélectives par rapport aux grandes écoles : cette sélectivité permet de développer une dynamique de groupe, une pédagogie efficace et de responsabiliser les étudiants ;

- pour d'autres, la sélectivité est un gage de réussite au diplôme, notamment pour les étudiants issus de familles modestes, et apparaît comme la conséquence du caractère non sélectif de l'accès aux filières longues : si la sélection était généralisée à l'ensemble des filières, l'orientation des étudiants s'effectuerait de manière plus logique et harmonieuse ;

- les DUT et les BTS sont de plus en plus perçus comme une étape permettant de préparer ultérieurement divers concours, à l'aide de passerelles, tout en garantissant aux étudiants un diplôme valorisé sur le marché de l'emploi, contrairement aux classes préparatoires et aux DEUG ;

- certains messages soulignent cependant que tous les titulaires de DUT ou de BTS n'ont pas la possibilité de s'engager dans des études longues et qu'un déphasage se crée entre le nombre de diplômés et les besoins des entreprises : il conviendrait de réévaluer la sélection à l'entrée des IUT et des BTS pour tenir compte des réorientations ultérieures de leurs élèves ;

- d'autres s'interrogent sur la finalité professionnelle réelle de ces formations, et observent que de nombreux étudiants de BTS ou d'IUT tentent d'intégrer des écoles d'ingénieur ou des seconds cycles universitaires : ces formations sont plutôt considérées comme des " super premiers cycles ".

2. A partir de quelle classe de l'enseignement secondaire, et par qui devrait être assurée l'information des élèves en vue de leur orientation ?

- certains préconisent une information sur l'orientation s'inscrivant dans la politique générale documentaire de l'établissement (bibliothèque, nouvelles technologies) et qui serait proposée à tous les élèves dès la classe de 6e , avec une participation active des parents d'élèves, et soulignent la nécessité d'une prise de conscience des élèves aussi précoce que possible quant à leur orientation future ;

- d'autres soulignent la nécessité de développer les moyens des conseillers d'orientation dans chaque établissement (local, documentation ...) et d'informer les élèves dès le collège, notamment afin de valoriser les filières techniques trop délaissées en raison de préjugés existants ;

- dans le même sens, certains préconisent, en classes de 5e, de 3e et de seconde, des réunions animées par des élèves de filières professionnelles et auxquelles les parents seraient conviés, ainsi que des journées de rencontre organisées avec des étudiants engagés dans diverses filières supérieures qui feraient part aux lycéens de leur expérience : les conseils des aînés et le " bouche à oreille " entre étudiants semblent jouer, en matière d'orientation, un rôle plus important que les services d'orientation qui fourniraient des réponses trop générales ou ignorant l'évolution future des métiers.

3. Seriez-vous favorable à une orientation progressive au cours du premier cycle universitaire ?

- certains considèrent que la présentation d'un cursus disciplinaire précis et diversifié permettrait aux nouveaux étudiants de ne pas perdre leur temps et de conserver leur motivation ;

- d'autres sont plutôt favorables à des réorientations précoces vers les études courtes pour les étudiants peu motivés, ou à une véritable orientation préalable à l'entrée à l'université pour éviter à certains de s'engager sans conviction dans des filières apparemment " porteuses " en matière d'emploi ;

- certains s'interrogent sur le contenu d'une orientation progressive : simples conseils ou aiguillage impératif vers telle ou telle filière ? ;

- d'autres se refusent à " enfermer les gens dans un carcan " et sont favorables à une orientation progressive et à la mise en place de passerelles dans l'ensemble des cycles universitaires ;

- certains rappellent que le système modulaire fonctionnant actuellement dans les DEUG ne fait que " maquiller " les filières préexistantes, notamment en sciences, et que les étudiants, y compris les meilleurs, jugent les filières abstraites et fondamentales sans intérêt : pour les disciplines scientifiques (notamment les sciences de la vie), il devrait être rappelé aux bacheliers que ces formations conduisent à la recherche et offrent peu d'échappatoires.

III. LES REPONSES AU QUESTIONNAIRE DU 21 MARS 1996

1. Quelles seraient vos
propositions pour réduire l'échec universitaire dans les premiers cycles généraux ?

- selon certains, l'échec universitaire résulte de problèmes d' orientation des étudiants, d'une sélection déguisée ou de formations inadaptées car personne ne peut considérer que " 60 % des gens sont nuls " ;

- le système universitaire américain autorise notamment, avec un large système d'options, une orientation très précoce, une réorientation au cours du cursus et se caractérise par sa souplesse ; il requiert cependant une grande motivation des étudiants , dont la culture moyenne est particulièrement faible, et favorise les 10 % de l'élite intellectuelle et culturelle en démotivant les autres ;

- à la souplesse du système américain, certains opposent la rigidité du système français qui comporte peu d'options et un nombre d'heures de cours très supérieur : l'orientation des élèves est plus facile aux Etats-Unis du fait que la high school fonctionne comme une mini université ;

- il conviendrait de rechercher en France une " intégration lycée-université " en permettant aux lycéens de capitaliser des " crédits " universitaires et en transformant la terminale en année pré-universitaire ; celle-ci serait constituée de modules généraux préparant au baccalauréat ou spécialisés donnant droit à des crédits validables avant l'entrée à l'université : ces modules seraient encadrés par des agrégés et permettraient aux étudiants de s'orienter après avoir été informés du contenu des disciplines universitaires ;

- certains regrettent le manque d'encadrement , notamment matériel, des étudiants français, qui est pour partie à l'origine de l'abandon d'études en premier cycle, rappellent que les universités américaines sont coûteuses et suggèrent une augmentation des droits d'inscription : l'actuel système de financement est à l'origine du manque d'enseignants et de matériels et condamne de trop nombreux étudiants à l'échec. Il conviendrait donc de faire payer ceux qui le peuvent (les plus nombreux) et d'aider les plus démunis ;

- le meilleur investissement en matière d'éducation consisterait d'abord à améliorer les conditions matérielles des étudiants, à augmenter le nombre des ordinateurs mis à leur disposition, et les aides directes (bourses) et indirectes (recrutement d'étudiants pour l'enseignement des TD) ;

- l'idée d'une coopération école-entreprises permettrait une meilleure intégration économique et professionnelle des étudiants, mais ne devrait pas porter atteinte au rôle fondamental joué par l'université dans l'acquisition du savoir et l'apprentissage de la responsabilité de citoyens ;

- les employeurs américains recrutent d'abord des jeunes très motivés, montrant leurs capacités à bénéficier d'une formation, alors que les employeurs français recherchent plutôt des diplômés immédiatement utilisables ;

- tout système éducatif suppose un certain taux d'échec. L'objectif des 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat a eu des effets néfastes et certains estiment que " la plupart des nouveaux étudiants ne savent pas pourquoi ils sont en fac " : la réponse à cette question devrait être apportée par le lycée afin de renforcer la motivation des étudiants dans le respect de leur autonomie ;

- un meilleur encadrement des étudiants (avec des TD réduits à 20 étudiants au lieu de 60) permettrait de réduire le taux de l'échec universitaire : cependant les concours du CAPES et de l'agrégation ne correspondent pas aux besoins d'encadrement des étudiants et leurs programmes devraient être aménagés, notamment pour réduire la masse de connaissances théoriques exigées ;

- selon un autre intervenant (en stage d'ingénieur au Japon), il conviendrait de sensibiliser les élèves de lycée au contenu des études supérieures, de réorganiser l'année universitaire en augmentant le nombre de semaines consacrées à la préparation des examens partiels et terminaux : selon lui les lacunes des étudiants et le taux d'échec constaté ne proviennent pas d'un encadrement insuffisant puisque même une " participation passive " aux TD permet de réussir le DEUG, mais de " la paresse et du manque de motivation " de certains étudiants ;

- une présence obligatoire aux cours et aux TD permettrait, pour certains, de réduire de moitié l'échec universitaire ;

- l'idée que la démotivation des étudiants constitue la principale cause d'échec dans le premier cycle, est partagée par d'autres intervenants : la participation facultative au cours des nouveaux étudiants tend à transformer la première année universitaire en " année sabbatique ", y compris dans les IUT où leur présence est pourtant contrôlée. Il conviendrait ainsi, non pas d'imposer des règles plus strictes aux étudiants à l'université mais de les responsabiliser dès le lycée ;

- de trop nombreux jeunes s'engagent dans plusieurs filières sans aller à leur terme et perdent leur temps en premier cycle : il conviendrait de mettre fin à l'hypocrisie d'un système qui se dit ouvert à tous mais qui pratique une sélection rigoureuse en deuxième année ;

- certains préconisent l'institution d'une année post-bac très généraliste , commune aux littéraires et aux scientifiques, et débouchant sur une sélection dans les disciplines choisies en fonction des capacités des étudiants ;

- d'autres suggèrent d'organiser des périodes et des lieux d'accueil afin de réduire l'anonymat des étudiants et de les aider à construire un projet d'études, notamment en renforçant les services universitaires d'information et d'orientation qui travaillent depuis dix ans dans l'urgence et la précarité alors que les effectifs étudiants ont doublé : deux ou trois conseillers sont ainsi en charge de 20 à 30.000 étudiants ;

- certains considèrent qu'une sélection dans les premiers cycles serait inopportune et qu'il convient de laisser une chance , même réduite, à tous les bacheliers : l'allégement du " programme énorme de la première année " et l'apprentissage de méthodes de travail différentes de celles du lycée devraient précéder l'acquisition des connaissances et des théories dans chaque discipline ;

- d'autres remarquent que les bacheliers scientifiques échouent également massivement dans les DEUG scientifiques et que les matières enseignées sont trop abstraites : il est ainsi proposé de " durcir " le degré d'abstraction des programmes de la série scientifique au lycée, ce qui paraît irréaliste, ou d'instituer un DEUG de sciences différencié, l'un portant sur une formation générale et appliquée, l'autre sur une formation plus théorique. Cette dernière option serait réservée aux quelque 15 % d'étudiants aptes à suivre des enseignements théoriques ;

- le nombre limité de places en 2e cycle commande une sélection drastique et induit un échec important en 1er cycle qui pourrait être réduit soit en augmentant les capacités d'accueil des seconds cycles spécialisés (ce qui déplacerait le problème sans le régler), soit en élargissant ces seconds cycles et en autorisant des réorientations entre filières et vers les IUP ; la réduction du nombre d'étudiants en premier cycle apparaît en revanche irréaliste ;

- certains préconisent en revanche une sélection après le baccalauréat, sur dossier ou par voie de concours, et proposent que la présence aux cours soit obligatoire ;

- d'autres souhaitent que des innovations pédagogiques permettent d'assurer un suivi très poussé pour les étudiants en difficulté et des cours de soutien adaptés ;

- certains réfutent la notion d'échec universitaire et rappellent que l'université, outre l'obtention d'un diplôme, doit permettre d'accéder à l'éducation et à la culture et doit dispenser un " apprentissage réel de la démocratie et de la société qui n'a pas d'équivalent ailleurs " : le système universitaire tend à responsabiliser les étudiants et l'échec permet à chacun de prendre conscience de ses possibilités avant d'aborder une " vie moderne dure et sélective " ;

- d'autres relativisent également la notion d'échec qui est entendue du seul point de vue quantitatif : cette notion ne prend pas en compte les " plus-values humaines, culturelles et relationnelles " accumulées par les étudiants, certes non diplômés, mais qui sont loin d'avoir complètement perdu leur temps ; ces " dépenses sociales " ne devraient pas être assimilées à un " gaspillage financier " ;

- afin de réduire l'échec universitaire, il conviendrait d'encourager la pluridisciplinarité , dans les options offertes et les équipes enseignantes, afin de faciliter les changements d'orientation " en douceur ", de conserver une taille " humaine " aux établissements, et de développer l'enseignement à distance dans un grand nombre de disciplines ;

- une multiplication des passerelles est souhaitée entre les filières et les disciplines, ainsi que des formations intermédiaires de transition, car il est difficile de demander à un jeune de 18 ans de s'engager définitivement dans un type d'études : les possibilités de réorientation doivent être développées, notamment par une réorganisation des modules qui permettrait de construire un profil d'études plus personnalisé ;

- la réduction de l'échec universitaire passe par une information des futurs bacheliers sur les filières (journées consacrées à l'information sur le contenu des enseignements, sur les difficultés de la filière envisagée et sur le devenir des anciens étudiants).

2. Seriez-vous favorable à une implication plus importante des régions et des milieux économiques dans la définition des formations supérieures, notamment pour les premiers cycles ?

- de nombreux intervenants y sont favorables , mais souhaiteraient que le système universitaire puisse attribuer, à l'instar des grandes écoles, des diplômes d'ingénieurs ;

- d'autres sont plus réservés et soulignent que les entreprises n'ont qu'une idée vague de la dimension pédagogique des formations : un tel rapprochement permettrait cependant aux universitaires de prendre conscience que leur enseignement doit s'insérer dans une logique utilitaire, et aux étudiants d'utiliser leur formation avec un temps d'adaptation minimum ;

- en contrepartie, les entreprises devraient accepter de recourir aux diplômés dépourvus d'expérience professionnelle : la généralisation des stages en alternance permettrait de concilier les exigences de la formation générale et de l'expérience en entreprise ;

- certains considèrent que les premiers cycles doivent rester consacrés aux " enseignement généraux ", mais admettent l'implication des entreprises et des régions pour les formations à finalité professionnelle, les cycles universitaires secondaires et tertiaires ainsi que pour les grandes écoles ;

- d'autres soulignent le rôle parfois trop important joué par les entreprises et les collectivités dans la définition des formations des IUT, mais admettent que l'entreprise doit trouver sa place à l'université pour faciliter l'intégration des étudiants dans la vie active, en organisant notamment des rencontres avec les employeurs et les salariés ;

- pour certains, " le milieu universitaire actuel est endogamique " et l'intervention des milieux économiques régionaux dans la définition des formations supérieures est souhaitable, tout en devant rester limitée dans les cycles d'approfondissement et à la condition que cette intervention ne constitue pas un obstacle à la nécessaire mobilité géographique des étudiants ;

- d'autres rappellent que le contenu des DEUG est variable, pour une même spécialisation, dans une même région, ce qui est source de rigidité en cas de changement d'université lors du passage des étudiants en licence ;

- certains estiment que la finalité d'une formation est d'être adaptée aux emplois proposés, "sinon les études ne servent à rien " ;

- les milieux économiques interviennent déjà largement (DESS, stages ...) dans la finalisation des cursus universitaires mais certains intervenants s'interrogent sur la vocation des régions à intervenir dans la pédagogie et la définition des programmes ;

- pour d'autres, cette implication permettrait aux étudiants de mieux connaître leur région, en la situant dans son contexte économique européen et international et d'accroître leur motivation : la réduction du nombre des antennes universitaires irait à l'encontre de ce but ;

- les filières des IUT devraient être mieux adaptées aux besoins économiques des régions, mais l'intervention de ces dernières ne devrait pas conduire à la disparition de filières universitaires qui ne seraient d'aucune " utilité pour l'économie régionale : certains soulignent les risques d'une régionalisation des diplômes supérieurs qui contribuerait à aggraver encore la situation des étudiants.

3. Quelles sont, selon vous, les principales finalités de l'enseignement supérieur, et notre système universitaire vous semble-t-il adapté à ces finalités ?

- pour la plupart des intervenants, la finalité de l'enseignement supérieur est double , l'obtention d'un diplôme et/ou d'une formation permettant de s'insérer dans le " tissu socio-économique " (professions libérales, fonctionnaires, ingénieurs...) mais n'est que partiellement assurée du fait d'une professionnalisation insuffisante des formations ;

- pour d'autres, la principale finalité de l'université est de permettre aux jeunes qui n'empruntent pas les voies sélectives, d'obtenir une formation pratiquement équivalente à celle dispensée dans les écoles d'ingénieurs , et de diversifier l'origine des cadres de la société française en offrant aux étudiants une formation plus générale ;

- l'université a aussi pour fonction de renouveler les " têtes pensantes " de la France, notamment dans le domaine de la recherche et doit être considérée comme un " lieu de maturation " pour les jeunes, où se développe leur " pensée logique et politique " : elle apparaît comme un " microcosme " qui doit être ouvert au monde extérieur afin " d'apprendre de lui mais aussi de lui enseigner ". Son évolution est nécessaire pour que notre pays continue à jouer son rôle de puissance mondiale ;

- certains préconisent, au lieu d'une remise en question du système universitaire, une transformation du système éducatif dans son ensemble , qui n'a pas évolué aussi rapidement que notre société, du fait de son gigantisme, de son inertie et de son caractère corporatiste ;

- d'autres rappellent que l'université a une finalité théorique et pratique et estiment que l'enseignement théorique (au contraire du Japon) occupe une place beaucoup trop importante et ne permet pas aux étudiants d'utiliser leurs connaissances. A la différence des élèves des grandes écoles, les étudiants ont une formation qui les prédispose à la recherche mais ne les prépare pas du tout au monde du travail et à l'entreprise :

- pour certains, l'université ne forme pas à la citoyenneté et n'assure pas son rôle d'intégration de tous les milieux socio-économiques ;

- selon certains, " l'université tend principalement à s'auto-reproduire " et ses programmes sont adaptés à ses finalités et non pas à celles de ses étudiants : il est proposé (pour les études de sciences) de considérer le 2e cycle du secondaire comme un cycle des apprentissages premiers , les trois premières années universitaires comme un cycle des apprentissages fondamentaux , tandis que les deux années supplémentaires constitueraient un cycle des approfondissements qui devrait également comporter des modules à finalité économique ;

- d'autres rappellent plus classiquement que l'université a pour vocation de former des professeurs de l'enseignement secondaire et supérieur, ainsi que des personnels de recherche : l'actuelle organisation en études courtes et longues ne permet pas aux bac + 4 de postuler à un poste précis et à ceux qui échouent après une licence ou une maîtrise de posséder un diplôme valorisé pour une embauche en entreprise. La création d'enseignements de " professionnalisation " de second cycle permettrait de remédier à cette situation ;

- sur un plan plus général, le système universitaire, dont les formations ne répondent pas aux attentes des entreprises , ne favorise pas la recherche d'un emploi ;

- certains estiment que l'université assure correctement son rôle traditionnel qui est de dispenser l'éducation et la culture, et qu'elle s'adapte rapidement aux formations professionnalisantes : en revanche, sa vocation qui est aussi de former des enseignants-chercheurs est aujourd'hui très menacée ;

- d'autres considèrent que la vocation de l'université est triple : permettre au plus grand nombre d'acquérir des connaissances générales et spécialisées permettant de s'intégrer dans la communauté nationale et internationale, assurer le développement économique du pays et des régions en dispensant des formations adaptées aux besoins présents et à venir de la population et de l'économie, produire des cadres moyens et supérieurs compétitifs au plan international ; si le système français semble répondre aujourd'hui à ces finalités, notamment par rapport à l'Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, l'université devra cependant s'adapter aux besoins d'un monde en évolution rapide ;

- pour certains, les études traditionnelles motivées par le seul goût du savoir sont aujourd'hui dépassées et doivent se doubler d'une finalité professionnelle : il convient de distinguer l'université des filières sélectives qui dispensent des formations à visées professionnelles en soulignant que les formations les plus théoriques, et orientées vers la recherche, sont paradoxalement les moins sélectives ; l'enseignement supérieur devrait pouvoir offrir d'une part, une formation professionnalisée moins sélective, raisonnablement humaniste et généraliste pour permettre l'adaptation future des salariés, et d'autre part, maintenir une formation traditionnelle plus théorique ;

- l'université ne doit pas privilégier à n'importe quel prix l'adaptation aux besoins économiques : la grandeur d'une nation se mesure autant à sa recherche fondamentale, qui commande l'avenir, qu'à son économie.

IV. LES REACTIONS SUSCITEES PAR LA SYNTHESE DES MESSAGES EFFECTUEE PAR LA MISSION D'INFORMATION

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un correspondant s'est interrogé sur la portée de la consultation engagée par le Sénat sur le réseau Internet en soulignant le caractère peu représentatif des réponses, qui font notamment apparaître les PRAG comme des " boucs-émissaires " du système universitaire et s'est inquiété des risques de " manipulation " qui pourraient résulter des réponses de certains groupes de pression ;

- un responsable de centre d'accueil d'information et d'orientation universitaire a insisté sur la qualité de l'information donnée aux étudiants pour leur orientation, d'abord avant leur entrée à l'université (salons d'information, journées portes ouvertes, présentation des filières par des enseignants au moment des inscriptions) puis tout au long de leur cursus (information sur les filières et les entreprises).

La mission d'information tient à rappeler que cette consultation par Internet ne saurait avoir valeur de sondage représentatif et que la synthèse des réponses transmise sur le réseau n'exprime pas son opinion mais s'efforce de résumer les principaux messages des intervenants.

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V. SYNTHÈSE DES MESSAGES REÇUS, VIA LE RÉSEAU INTERNET, PAR LA MISSION D'INFORMATION ENTRE LE 31 MARS ET LE 13 AVRIL 1996

Au cours de cette période, la mission d'information a reçu vingt-cinq nouveaux messages.

Elle tient à nouveau à remercier l'ensemble de ses correspondants pour le sérieux et la qualité de leurs observations et à souligner l'assiduité de bon nombre d'entre-eux.

Certains correspondants proposent en particulier de communiquer à la mission la teneur des travaux qu'ils ont consacrés, individuellement ou collectivement, aux problèmes des premiers cycles universitaires.

Il convient encore de rappeler, en réponse notamment à certains intervenants, que la synthèse effectuée par la mission ne reflète nullement la position de ses membres, mais s'efforce seulement de rapporter l'essentiel des messages recueillis au cours de la consultation qui ne saurait par ailleurs avoir valeur de sondage représentatif.

I - LES REPONSES COMPLEMENTAIRES APPORTEES AU QUESTIONNAIRE DU 21 MARS 1996

1. Quelles seraient vos propositions pour réduire l'échec universitaire dans les premiers cycles généraux ?


- certains préconisent d'abord une revalorisation des " formations alternatives " à celles conduisant au baccalauréat et le développement de formations qualifiantes secondaires débouchant directement sur un emploi ;

- d'autres déplorent que les meilleurs lycéens se dirigent vers les IUT avant d'entreprendre des études longues et suggèrent que des " études courtes et pratiques " , mieux encadrées soient offertes aux élèves moyens ;

- afin de remédier aux insuffisances du système d'orientation dans les lycées, il est proposé de créer un grand serveur rassemblant toutes les informations disponibles et d'instituer des entretiens individualisés pour les élèves (avec les professeurs et les conseillers d'orientation-psychologues) afin de les aider à déterminer leur projet professionnel ;

- certains soulignent le coût des inscriptions et des déplacements nécessités pour passer les concours en vue d'une réorientation et considèrent que l'université est déjà très sélective au plan financier ;

- une meilleure information des lycéens est jugée de nature à réduire le nombre d'étudiants " en stationnement " et aiderait à définir l'objectif, la stratégie d'études et à renforcer la motivation des étudiants de premier cycle ;

- certains préconisent une réforme complète du système d'enseignement supérieur français et notamment une augmentation du nombre des places offertes dans les filières courtes ;

- d'autres considèrent que la notion d'échec universitaire doit être explicitée : celui-ci résulte d'abord d'une mauvaise orientation initiale (les résultats des examens partiels et de l'examen final coïncident le plus souvent) qui devrait être corrigée par une information des lycéens privilégiant le fonctionnement de l'université, les méthodes d'enseignement et les débouchés des filières ;

- certains soulignent les lacunes des lycéens , moins en termes de connaissances que de méthodes : les connaissances ne sont souvent pas mises en perspectives et les élèves répugnent à l'abstraction, notamment en mathématiques et en physique ;

- ils préconisent aussi de relever le niveau scolaire au lycée en privilégiant " l'assimilation de méthodes et la compréhension des techniques utilisées " ; les enseignants des lycées devraient jouer un rôle essentiel dans l'information et l'orientation des élèves, et être encouragés à le faire en assistant à des séminaires d'information qui seraient consacrés au contenu des formations supérieures, à leurs débouchés, aux pratiques pédagogiques de chaque filière, les initiatives personnelles de ces enseignants devant être développées ;

- les universitaires qui choisissent de participer à la mise en place de projets pédagogiques ou à l'animation d'équipes d'enseignants de premier cycle, ne devraient pas être pénalisés dans leur carrière , ce qui impliquerait un véritable changement des mentalités universitaires ;

2. Seriez-vous favorable à une implication plus importante des régions et des milieux économiques dans la définition des formations supérieures, notamment pour les premiers cycles ?

- certains y sont opposés et rappellent la vocation propédeutique du premier cycle qui permet aux étudiants d'acquérir une culture générale dans le cadre de leur spécialité ;

- d'autres s'interrogent sur l'intérêt d'une régionalisation des premiers cycles et évoquent le risque d'un favoritisme local , les entreprises locales ne se bousculant pas, par ailleurs, pour proposer des stages aux étudiants ;

- certains considèrent en revanche que l'implication des secteurs industriels est " incontournable " et que celle des régions pourrait apporter une " plus-value " aux formations de premier cycle : celles-ci fournissent en effet la matière " intellectuelle et pratique " aux entreprises et ces formations devraient pouvoir être utilisables dès la sortie du système éducatif ;

- s'agissant de la relation université-monde du travail, il est préconisé pour chaque étudiant, un passage d'un an en entreprise , sous la forme d'un véritable contrat à durée déterminée, qui serait pris en compte dans le cursus des études : toutefois l'université ne doit pas avoir une " attitude clientéliste " vis-à-vis de l'entreprise et n'a pas à fournir des " produits achevés et finis " mais doit permettre à ses étudiants d'acquérir une certaine expérience du monde du travail ;

3. Quels sont, selon vous, les principales finalités de l'enseignement supérieur, et notre système universitaire vous semble-t-il adapté à ces finalités ?

- la culture générale dispensée dans les premiers cycles ne saurait être sacrifiée, pour certains, au profit immédiat des régions ou des entreprises et doit permettre au contraire une adaptation du salarié à tout changement ultérieur de carrière : les études universitaires doivent apporter une culture générale et spécialisée , afin de faciliter la recherche d'un emploi, et permettre aux étudiants d'apprendre à réfléchir plutôt qu'à amasser des connaissances ;

- certains préconisent un système sélectif fondé sur des critères appropriés privilégiant la logique et l'analyse plutôt que la mémoire et le conformisme ;

- d'autres rappellent que l'intégration dans la société se réalise d'abord par le travail et estiment que la première finalité de l'enseignement supérieur est d' intégrer les jeunes dans la société , chacun à son niveau : à cet égard, des efforts sont engagés dans certaines universités pour réduire l'échec universitaire, notamment en " rattrapant " les étudiants au cours du premier semestre, ce qui nécessite une motivation importante des intéressés, compte tenu des effectifs dans les premiers cycles ;

- il est également rappelé que l' université est à l'origine de la richesse intellectuelle de demain et des emplois d'après-demain , et que celle-ci continue à jouer ce rôle malgré les insuffisances qui peuvent lui être reprochées ;

- certains soulignent que l'acquisition par les étudiants de méthodes de raisonnement et l'acquisition de compétences opérationnelles sont complémentaires ; l'enseignement supérieur doit aussi répondre aux " attentes sociales " des jeunes qui accèdent à l'âge adulte et initier son public à la pratique démocratique, notamment par une plus grande implication des étudiants dans le fonctionnement des établissements ;

- la conciliation des deux finalités de l'université (acquisition de méthodes et de connaissances) suppose l'existence d' équipes pédagogiques diversifiées mobilisant toutes les catégories d'enseignants, une nouvelle évaluation de ces personnels privilégiant, davantage que leur activité de recherche, leur mission de formation d'un public étudiant diversifié aux attentes les plus diverses : à cet égard le recours massif aux PRAG proposé dans le plan d'urgence de l'automne dernier, suscite chez certains des inquiétudes et ne permettrait pas de diversifier de manière satisfaisante les fonctions d'enseignant ;

- la faible participation des étudiants au fonctionnement des établissements est également soulignée : les associations d'étudiants, notamment des doctorants, devraient jouer un rôle majeur en ce domaine et les étudiants eux-mêmes devraient participer à l'évaluation des enseignements ;

- la finalité de l'enseignement supérieur n'est pas de " reproduire à l'infini des enseignants-chercheurs " sans prise directe avec la réalité du monde du travail : l'université doit s'ouvrir sur l'extérieur , en organisant des stages en entreprises dès le premier cycle et mettre en place un véritable contrôle de gestion.

II. LES REPONSES AU QUESTIONNAIRE DU 4 AVRIL 1996

1. Afin de réduire l'échec universitaire et une " sélection-exclusion " de fait très importante dans les premiers cycles, seriez-vous favorable à une orientation plus sélective dans les diverses filières supérieures, voire à des quotas par spécialités, le principe du libre accès à l'université pour l'ensemble des bacheliers restant inchangé ?


- plusieurs intervenants considèrent qu'une orientation plus sélective des étudiants constituerait un bon moyen pour réduire l'échec universitaire mais préconisent une diversification et une augmentation des capacités d'accueil des différentes filières afin d'éviter une sélection-exclusion en fin de premier cycle et une officialisation de la sélection ;

- certains rappellent que des quotas par spécialité existent déjà dans les filières spécialisées : une orientation sélective et un système de quotas nécessiterait en tout état de cause une multiplication des passerelles entre les filières et une augmentation considérable des capacités d'accueil, sauf à limiter le libre accès de l'université à l'ensemble des bacheliers ;

- d'autres soulignent la nécessité de choisir avec soin les critères d'orientation et les " orienteurs ", et estiment que l'orientation devrait intervenir aussi tôt que possible dans le déroulement des études supérieures ;

- certains dénoncent les pratiques sélectives illégales de certaines universités (mentions au bac) mais ne seraient pas hostiles à une augmentation éventuelle des droits de scolarité qui serait assortie de prêts à taux zéro accordés aux étudiants ;

- d'autres considèrent que le baccalauréat doit rester le seul critère de sélection pour accéder à l'université, et opposent aux concours les examens à valeur nationale qui consacrent le niveau des connaissances des candidats ;

- certains constatent qu'une sélection officieuse existe déjà à l'entrée en premier cycle et qu'il serait inutile de l'officialiser ;

- pour d'autres, la sélection se fait à l'entrée des grandes écoles mais aussi à l'université, et sur le marché de l'emploi et s'effectue en fonction des résultats d'examen qui sont largement dépendants de la motivation des étudiants : l'institution éventuelle de quotas par spécialités suscite par ailleurs des interrogations, notamment sur leur fondement ;

- le choix des filières résulte de phénomènes de mode, de réorientation après un échec, et du caractère jugé porteur de certaines formations en matière d'emploi : des quotas par spécialités ne pourraient être fondés que sur la réelle motivation des bacheliers à s'engager dans telle ou telle filière ;

- certains s'interrogent sur le caractère sélectif du baccalauréat et sur son utilité : l'institution de quotas conduirait à recréer un " antagonisme stupide grandes écoles-université " à l'intérieur des établissements mais le principe de l'ouverture de l'université se traduit en fait par un libre accès aux filières les plus médiocres ; certains préconisent ainsi de rétablir la fonction du bac qui est de sélectionner les étudiants aptes à poursuivre des études supérieures ;

- d'autres s'interrogent sur l'intérêt d'une orientation plus sélective et sur les critères de sélection qui pourraient être retenus : constatant cependant que les premiers cycles sont devenus des " fourre-tout " pour bacheliers, ils proposent une organisation en quatre semestres , le premier, de caractère général, permettant aux nouveaux étudiants de découvrir l'université et les trois autres leur permettant de se spécialiser et de se réorienter au moyen de passerelles ; l'institution d'un DEUG " à la carte ", jugé trop souple, n'est cependant pas souhaitée ;

- pour certains, l'orientation devrait tenir compte de la formation antérieure acquise au lycée, d'un contrôle des connaissances, des motivations et des capacités des nouveaux étudiants afin de leur éviter des choix dictés par le seul hasard : si le libre accès des bacheliers à l'université doit être conservé, il devrait être " plus contrôlé ", en définissant des critères d'admission à certaines filières, la mise en place de quotas pouvant être envisagée ;

- une orientation plus sélective est souhaitée mais certains s'interrogent sur les possibilités de sa mise en oeuvre et suggèrent l'institution d'un délai de réflexion obligatoire d'un an entre le baccalauréat et la première inscription à l'université ;

- d'autres sont attachés au maintien du libre accès à l'université pour les bacheliers d'enseignement général, à l'exclusion de tout quota par spécialités mais proposent une orientation véritable, progressive et plus sélective pour le choix de certaines filières : l'uniformisation du baccalauréat scientifique impliquerait une orientation en première année, avec un tronc commun scientifique étendu, suivi d'un examen éventuel, en fonction des capacités des étudiants, et d'un enseignement modulaire de plus en plus sélectif permettant d'accéder ensuite aux filières de deuxième cycle ;

- certains préconisent un premier cycle en trois ans afin que l'orientation-information soit réellement progressive et efficace, soulignant que les bacheliers ne sont souvent pas préparés aux méthodes de travail universitaires et considérant que les modules ne devraient prendre effet qu'à l'issue d'une année complète d'enseignement supérieur.

2. Quelles seraient vos propositions pour diversifier l'offre des filières de premier cycle offertes aux bacheliers ? Seriez-vous favorable à la création d'une filière technologique courte non sélective à finalité professionnelle directe ?

- certaines réponses soulignent l'intérêt de filières professionnalisées qui seraient ouvertes dès la première année, permettant la poursuite de cursus longs et rappellent que les filières générales sont inégalement réparties selon les universités, notamment en sciences ;

- la création d'une filière technologique courte non sélective est souhaitée par certains, à condition que ses étudiants aient la possibilité de reprendre des études longues : la diversification des filières est souhaitable si celle-ci ne se traduit pas par un isolement des étudiants ;

- d'autres préconisent une diversification des cours plutôt que des filières existantes afin de permettre aux étudiants de composer leur propre programme et d'acquérir une " formation globale " et considèrent par ailleurs que le système existant des formations de type DUT et STS est très satisfaisant ;

- certains suggèrent d'améliorer le système existant en dédoublant les filières afin d'assurer un encadrement plus satisfaisant des étudiants et seraient favorables à une plus grande ouverture des STS et des IUT pour conserver la vocation des DEUG qui est d'accueillir les étudiants se destinant à des études longues ;

- d'autres préconisent un prolongement des filières à finalité professionnelle directe.

- certains considèrent que l'offre des filières de premier cycle est suffisante et expriment leur méfiance à l'égard de " mini-filières " très spécialisées qui ne seraient que des voies de garage soumises à des phénomènes de mode ;

- les formations à finalité professionnelle doivent surtout répondre aux besoins des entreprises et y être adaptées aussi bien au niveau des équipes enseignantes que par le développement de stages : les entreprises devraient ainsi jouer un rôle-clé dans la définition des programmes et les structures d'enseignement devraient pouvoir s'adapter rapidement aux évolutions du marché de l'emploi, des quotas pouvant par ailleurs être envisagés dans ces filières professionnalisées ;

- d'autres estiment qu'une diversification des filières ne pourrait être que progressive, le DEUG devant rester un diplôme général ; en outre, la mise en place éventuelle de filières technologiques courtes (qui existent déjà avec le " bac pro "), même si elle est souhaitable, risquerait de dévaloriser certains diplômes et passerait nécessairement par une redéfinition complète des formations existantes, notamment les BTS et les DUT ;

- dans le même sens, certains considèrent que la création d'une filière technologique courte pour ceux qui n'ont pas été pris en IUT et en STS serait concevable, à condition qu'il ne s'agisse pas d'une " filière-poubelle " et qu'elle n'autorise que des poursuites d'études limitées, et seulement dans des filières technologiques ; il est par ailleurs proposé de mettre en place des filières technologiques plus longues , du premier jusqu'au troisième cycle, à capacités d'accueil limitées et dont les formations dans chaque université seraient définies en fonction des caractéristiques économiques locales ou régionales ;

- l'intérêt de la création de sections de mise à niveau est par ailleurs souligné ;

- pour d'autres, l'expérience des IUT montre qu'une filière non sélective courte à finalité professionnelle devient de facto sélective et l'offre actuelle de formations apparaît déjà très diversifiée;

- certains rappellent qu'une nouvelle filière courte exigerait l'utilisation de matériels performants et estiment qu'elle ne pourrait être que sélective , comme l'ont été les IUT dont les étudiants reviennent ensuite à l'université pour accéder à un enseignement long et plus généraliste ;

3. Quelles seraient, par ordre d'importance, les principales fonctions des premiers cycles universitaires ?

- la plupart des correspondants insistent sur la diversité des fonctions des premiers cycles (formation générale, remise à niveau des connaissances, orientation progressive, vocation d'insertion professionnelle...) mais certains estiment qu'une formation pluridisciplinaire semble plutôt relever des CPGE, les fonctions de formation générale et de remise à niveau étant cependant privilégiées, du fait notamment d'une baisse du niveau des bacheliers ;

- d'autres insistent au contraire sur l'importance d'une formation pluridisciplinaire et sur la nécessaire maîtrise des technologies courantes par les étudiants ;

- certains rappellent que le premier cycle a une vocation générale et multidisciplinaire mais joue en fait un rôle d'orientation progressive du fait de l'incertitude des nouveaux étudiants, alors que cette orientation devrait être assurée, en amont, dès le lycée ; ils estiment en outre qu'une remise à niveau des bacheliers est nécessaire du fait des insuffisances de l'enseignement secondaire ;

- dans le même sens, d'autres jugent préférable d' " amener à niveau " les bacheliers, plutôt que de remettre à niveau les nouveaux étudiants et soulignent la diversité des fonctions remplies par les différents premiers cycles ;

- pour certains, les formations, qu'elles soient pointues à vocation professionnelle, terminales, pluridisciplinaires ou générales n'ont pas à être dispensées par les premiers cycles, tandis que la remise à niveau des connaissances ne doit pas être la principale fonction de ces derniers ; en revanche, la fonction d'orientation progressive , préalable au choix d'une filière supérieure apparait la plus importante ;

- d'autres rappellent que les fonctions des premiers cycles sont diverses selon les spécialités mais que les DEUG doivent toujours garder une vocation pluridisciplinaire et permettre une orientation progressive vers les différents deuxièmes cycles ;

- un correspondant estime que la fonction principale des premiers cycles est de " diminuer artificiellement le nombre de chômeurs chez les jeunes " et qu'il n'est pas réaliste d'y voir " autre chose qu'un tampon social " ;

- les formations courtes " pointues " ne devraient être offertes que comme une alternative à l'université et il est également rappelé que les DEUG n'ont pas une vocation " de formation terminale " : alors que certains préconisent la création de formations à bac+3 et bac+4 ayant cette vocation ;

III. LES AUTRES MESSAGES REÇUS

1. Le groupe " Hot Docs "


Ce groupe organise sur le réseau Internet des débats entre étudiants en doctorat et a publié un rapport intitulé " Formation doctorale : enjeux, bilan, propositions ".

Un animateur de ce groupe signale à la mission la réflexion engagée sur les premiers cycles, portant en particulier sur le rôle spécifique des différentes catégories de personnels enseignant, notamment pour ceux issus d'une formation doctorale, par rapport aux enseignants du secondaire, des STS et des IUT, et souligne l'intérêt d'une complémentarité de ces différents personnels pour les premiers cycles.

2. Les réactions à la synthèse des messages reçus par la mission d'information

- un intervenant observe que le chômage des jeunes docteurs tend à se développer et estime que " l'animosité  " relevée dans certains messages entre les doctorants et les PRAG provient du fait que l'université recrute de moins en moins de maîtres de conférences, alors que le nombre des doctorants a doublé depuis 1989 sous l'impulsion du Gouvernement : il rappelle qu'un PRAG n'est ni un professeur d'université ni un enseignant-chercheur et que l'agrégation ne comporte pas de contenu " recherche " ;

- un autre intervenant est favorable à la généralisation d'une année post-bac qui prendrait la forme d'un enseignement pluridisciplinaire, d'une inscription d'attente ou d'une année sabbatique mais souhaiterait que les étudiants ne soient pas pénalisés en raison de leur âge pour accéder à un certain niveau d'études ; il conviendrait également d' informer les employeurs sur les contenus pédagogiques de l'enseignement universitaire, pour mettre fin à certains préjugés, étant rappelé que l'université dispense un savoir académique mais développe aussi la capacité d'adaptation des étudiants : ce n'est pas tant l'université qui est à remettre en cause que les fausses idées que certains véhiculent sur elle ;

- un dernier intervenant, réagissant à la remarque faite par un responsable de CIO universitaire concernant l'information des étudiants, souligne l'inadaptation de cette information dans de nombreux lycées et établissements universitaires, en raison de l'évolution rapide des formations, de l'existence d' " informations erronées " et d'une " documentation parfois totalement dépassée " ; il indique également que certains chefs d'établissement assureraient un " contrôle " sur les CIO, en orientant les lycéens sans tenir compte de leurs souhaits, afin d'" augmenter le prestige de telle ou telle formation locale ".

3. Les informations proposées à la mission d'information

- une correspondante s'est proposée de communiquer à la mission un rapport établi dans le cadre de son université sur l'information et l'orientation des étudiants de premier cycle ;

- une dernière correspondante se félicite enfin des orientations contenues dans le rapport Fauroux et, s'appuyant sur son expérience, cite un certain nombre de dysfonctionnements constatés dans tous les degrés de notre système éducatif.

*

* *

VI. SYNTHÈSE DES MESSAGES REÇUS, VIA LE RÉSEAU INTERNET,
PAR LA MISSION D'INFORMATION ENTRE LE 15 AVRIL
ET LE 3 MAI 1996

Au cours de cette période, la mission d'information a reçu vingt-cinq nouveaux messages dont deux contributions substantielles consacrées aux modalités d'information et d'orientation des lycéens et des étudiants expérimentées dans deux universités.

A. LES REPONSES COMPLEMENTAIRES APPORTEES AU QUESTIONNAIRE DU 21 FEVRIER 1996

1. Les causes de l'échec universitaire dans les premiers cycles

- certains évoquent l'importance du secteur sélectif dans l'enseignement supérieur, qui conduit de nombreux étudiants à s'orienter par défaut avec une faible motivation dans certaines filières générales, et à suivre la totalité des enseignements avant de prendre ou non conscience de l'intérêt de la discipline dominante ;

- d'autres considèrent que la discontinuité des programmes et des méthodes d'enseignement entre le lycée et l'enseignement supérieur, et l'organisation administrative de l'université elle-même, est à l'origine de l'échec universitaire : le lycée prépare au baccalauréat mais pas à l'université alors que la classe de terminale et la première année de DEUG devraient faire partie d'un même cursus et que les nouveaux étudiants devraient être préparés au travail individuel et à la prise de notes ; l'université est par ailleurs qualifiée de " monstre administratif " inadapté aux particularités et aux attentes des étudiants qui n'y viennent qu'en " touristes " ;

- une participation des étudiants à l'organisation des cours, des TD et des TP est préconisée et l'université devrait mettre en place des structures de concertation à un niveau très déconcentré :

2. L'appréciation portée sur le système actuel d'information et d'orientation au lycée et à l'université

On estime que cette question est secondaire comme le serait celle qui porterait sur l'intérêt de formations destinées à préparer des entretiens d'embauche et la rédaction de C.V. dans le cadre d'une opération contre le chômage au niveau national.

3. Les suggestions proposées pour améliorer ce système d'information et d'orientation

Certains préconisent de mettre en place un numerus clausus généralisé dans l'ensemble des filières et de décloisonner celles-ci pour permettre aux étudiants de choisir une dominante après avoir " goûté " aux différentes matières enseignées.

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