N° 1

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès-verbal de la séance du 1er octobre 1997

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des Affaires culturelles (1), à la suite d'une mission d'information effectuée en République socialiste du Vietnam , sur la francophonie et l' enseignement du français ,

Par MM. Adrien GOUTEYRON, François LESEIN, Ivan RENAR,
Jean-Louis CARRÈRE, James BORDAS et Jean BERNADAUX,

Sénateurs.

(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Pierre Laffitte, Albert Vecten, James Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Ivan Renar, vice-présidents ; André Egu, Alain Dufaut, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. Philippe Arnaud, Honoré Bailet, Jean Bernadaux, Jean Bernard, Jean-Pierre Camoin, Jean-Claude Carle, Robert Castaing, Marcel Daunay, Jean Delaneau, André Diligent, Ambroise Dupont, Daniel Eckenspieller, Gérard Fayolle, Alain Gérard, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Alain Joyandet, Philippe Labeyrie, Henri Le Breton, Jacques Legendre, Guy Lemaire, François Lesein, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , François Mathieu, Philippe Nachbar, Michel Pelchat, Louis Philibert, Jean-Marie Poirier, Guy Poirieux, Roger Quilliot, Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, René Rouquet, Claude Saunier, Franck Sérusclat, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Marcel Vidal.


Vietnam. - Rapports d'information.

Mesdames, Messieurs,

Sans remettre en cause les principes de son organisation politique et institutionnelle, la République socialiste du Vietnam a engagé depuis le VIe congrès du parti communiste vietnamien (1986) une politique de " renouveau " -Doi Moi- axée sur l'ouverture progressive de son économie aux mécanismes du marché et aux échanges extérieurs.

Confirmée par les VIIe et VIIIe congrès du parti communiste vietnamien, la politique du Doi Moi a incontestablement permis d'amorcer le décollage économique du Vietnam.

Certes, il s'en faut que le Vietnam ait pu encore effacer les conséquences de trente années de guerre, et d'une réunification difficile suivie de dix années de collectivisation " dure ". Il n'a pas encore rattrapé le retard pris sur d'autres Etats de la région, même les moins prospères d'entre eux. Cependant, les résultats du Doi Moi sont déjà très prometteurs : le taux de croissance s'est accéléré (7 % en moyenne entre 1988 et 1994, plus de 9 % en 1995 et 1996), la monnaie nationale (le dong) s'est stabilisée, l'industrie progresse rapidement, l'agriculture, sinistrée par la guerre et par la collectivisation, s'est vivement redressée, au point que le Vietnam est devenu un important exportateur de riz et d'autres denrées (café, produits de la mer).

La politique de renouveau économique s'est accompagnée de la réintégration du Vietnam dans le réseau des relations régionales et internationales. Cette ouverture extérieure était d'autant moins dissociable du Doi Moi que l'évolution politique du bloc de l'Est, qui a eu pour conséquence l'interruption de l'aide économique importante qu'accordaient au Vietnam les pays d'Europe orientale, lui rendait plus nécessaire la " normalisation " de sa politique étrangère et la recherche de nouveaux partenaires.

L'issue du conflit cambodgien, le règlement des arriérés du Vietnam à l'égard du Fonds monétaire international et le rééchelonnement de sa dette, la levée de l'embargo américain, l'adhésion à l'ASEAN ont été, entre 1992 et 1995, les principales et rapides étapes de cette normalisation diplomatique. L'adhésion du Vietnam aux institutions de la francophonie, dont il soutient l'évolution vers une communauté économique, a été aussi une des manifestations de sa volonté de réinsertion dans la communauté internationale : le Vietnam a participé à tous les sommets francophones, il est membre à part entière, depuis le deuxième Sommet de Québec en 1987, de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement ayant le français en partage.

La France a été un des premiers pays occidentaux à prendre acte de l'évolution économique du Vietnam et de sa volonté d'ouverture internationale, et à lui manifester concrètement son soutien, aussi bien sur le plan diplomatique que sur celui de la coopération économique.

· Sur le plan diplomatique , la France a joué un rôle important dans les négociations qui ont conduit à l'allégement et au règlement de la dette vietnamienne. Elle s'est employée à faire aboutir, en juillet 1995, la signature d'un accord cadre de coopération entre l'Union européenne et le Vietnam.

La France a également soutenu la candidature vietnamienne, présentée en 1991, à l'organisation d'un Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage, et elle apporte une contribution importante à l'organisation, en novembre 1997, du prochain Sommet de la francophonie de Hanoi.

·  Le soutien diplomatique français au Doi Moi vietnamien s'est accompagné d'un très important développement de l'aide au Vietnam .

* L'aide bilatérale au développement est passée entre 1989 et 1995 de 5 à 410 MF de dons et de prêts. La France a été le premier pays occidental, avant l'Australie (1991) et le Japon (1992), à reprendre son effort d'aide au Vietnam, dont elle a été, en termes de versements effectifs, le deuxième bailleur de fonds en 1993 (après le Japon), et le troisième en 1994 (après le Japon et l'Australie). En dehors des protocoles d'aide, la Caisse française de développement est intervenue au Vietnam depuis 1994. L'ensemble des aides françaises ont bénéficié à des secteurs-clés du développement vietnamien : télécommunications, traitement des eaux, énergie, équipement et industrie, santé, formation et informatisation mais aussi -en particulier pour ce qui concerne les interventions de la CFD- le développement rural, la pêche, la restructuration des services publics, le développement du système bancaire et financier.

* La coopération culturelle, scientifique et technique , fondée sur un accord signé en avril 1977, a également connu, après une longue période de stagnation, un essor remarquable. Les crédits d'intervention qui lui sont consacrés sont passés de 20 MF en 1989 à 72,4 MF en 1994. Même si les exigences de la maîtrise des dépenses budgétaires ont imposé la stabilisation du montant des crédits de la coopération culturelle et linguistique au niveau -il est vrai très élevé- atteint en 1994, le Vietnam est ainsi devenu le premier pays bénéficiaire de cette coopération en Asie (avant le Cambodge et le Laos, qui reçoivent respectivement 39,4 et 29,6  MF) et le quatrième dans le monde, après les trois pays du Maghreb.

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Le Vietnam constitue désormais une des " priorités géographiques " de la politique française de coopération, et en particulier de la coopération linguistique et culturelle.

Pour votre commission, cette priorité se justifie : bien que le français soit actuellement peu pratiqué au Vietnam, qui n'a d'ailleurs jamais été un pays " francophone " au sens linguistique du terme, son adhésion aux institutions de la francophonie, les potentialités du développement, dans des domaines très divers, des relations culturelles, scientifiques et techniques franco-vietnamiennes, les perspectives, aussi, de développement économique du Vietnam font de ce pays un enjeu majeur pour la diffusion de la francophonie en Asie du Sud-Est.

Compte tenu des exigences de maîtrise de la dépense publique, cette priorité ne pourra plus se traduire, comme entre 1989 et 1994, par une croissance rapide des crédits budgétaires.

Cette contrainte -peut-être à certains égards salutaire, car il s'en faut que les résultats obtenus soient toujours fonction des moyens financiers mis en oeuvre- constitue une raison supplémentaire de veiller tout particulièrement aux orientations de notre action culturelle et linguistique au Vietnam, à l'efficacité des moyens mis en oeuvre, à leur adéquation aux attentes de nos partenaires.

C'est dans cette perspective que votre commission des Affaires culturelles avait décidé d'effectuer une mission d'information sur la coopération culturelle franco-vietnamienne, et en particulier sur le développement de la francophonie au Vietnam.

La délégation de la commission, qui était conduite par M. Adrien Gouteyron, Président de la commission, et composée en outre de MM. François Lesein, Ivan Renar, Jean-Louis Carrère, James Bordas et Jean Bernadaux, a séjourné au Vietnam du 11 au 19 septembre 1996, et s'est rendue à Hanoi, à Hué et à Ho Chi Minh-Ville.

Grâce au concours efficace que lui ont apporté l'ambassadeur de France en République socialiste du Vietnam, M. Gilles d'Humières, et le service culturel de l'Ambassade, ainsi que le Consulat général de France à Ho Chi Minh-Ville, grâce aux nombreux entretiens qu'elle a pu avoir avec des membres du gouvernement et de l'Assemblée nationale du Vietnam, mais aussi avec des universitaires, des enseignants, des formateurs, des responsables des médias audiovisuels, la mission d'information s'est efforcée de dresser un premier bilan du " renouveau " de la coopération culturelle et linguistique franco-vietnamienne.

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Avant d'analyser les voies et les moyens de la politique de coopération culturelle et linguistique au Vietnam, il convient de prendre l'exacte mesure de la situation actuelle de la francophonie au Vietnam.

Des trois pays de la péninsule indochinoise autrefois placés sous la domination française, le Vietnam est celui où la pratique du français est aujourd'hui la moins répandue : cette réalité, sans doute assez éloignée de l'idée que l'on se fait, en France, de la situation de la francophonie au Vietnam, doit naturellement être un facteur déterminant dans le choix des orientations de la politique de diffusion linguistique au Vietnam.

En outre, il faut être conscient que l'intention des dirigeants vietnamiens est à l'évidence de n'accorder aucun " traitement de faveur ", que ce soit en matière culturelle ou en matière économique, à aucun de leurs partenaires étrangers : l'avenir de la francophonie au Vietnam sera donc fonction de sa contribution possible au développement culturel et économique du Vietnam, et non du soutien que la France aura apporté à la normalisation diplomatique du Vietnam ni de l'importance de son effort de coopération.

Il ne faut pas cependant s'en tenir à ce constat immédiat, et qui peut paraître décourageant : le renouveau de la francophonie au Vietnam peut en effet s'appuyer sur de solides atouts, en particulier l'image positive dont bénéficient encore la langue et la culture française, et l'appartenance du Vietnam à la communauté francophone. La tenue à Hanoi, en novembre 1997, du 7° Sommet de la francophonie doit à cet égard être une occasion de consolider et de dynamiser la relance de la coopération linguistique et culturelle franco-vietnamienne.

1. L'image positive de la langue et de la culture française

Le français n'a jamais été au Vietnam une langue véhiculaire, et son enseignement y a subi une longue éclipse. Il avait été supprimé au nord après 1954 -l'allemand et le russe devenant, pendant une trentaine d'années, les principales langues étrangères enseignées- et avait quasiment disparu en 1975 au sud, où il avait été supplanté par l'anglais.

Ces raisons historiques expliquent que le nombre des francophones réels soit aujourd'hui très limité au Vietnam : il était évalué en 1990 par le Haut Conseil de la francophonie à 0,1 % de la population, soit environ 70.000 personnes, qui se recrutaient essentiellement dans des tranches d'âge élevées de la population.

Mais les mêmes raisons ont aussi contribué à asseoir le prestige de notre langue : avant 1954, le français était la langue des universitaires, des scientifiques, des intellectuels qui, après avoir effectué leur scolarité dans les écoles et lycées français de l'ancienne Indochine, poursuivaient fréquemment leur formation dans les universités françaises.

Grâce à cette élite francophone et érudite, qui a joué un rôle majeur dans la vie nationale après l'indépendance et qui a conservé l'usage de notre langue, le français est aujourd'hui encore considéré comme un instrument privilégié de formation intellectuelle, d'échanges, d'accès à l'information et à la connaissance, en particulier dans certains domaines -le droit, la médecine, l'agronomie, les sciences humaines, la technologie.

Le souvenir, toujours vivace, de grands scientifiques français -Pasteur et Yersin en particulier- et le maintien de liens de coopération scientifique et technique depuis le début des années soixante ont également entretenu l'image positive du français comme langue de la pensée et de la culture. Même si elle demande sans doute à être actualisée, notamment en intégrant, à côté de leurs réussites passées, une information plus complète sur l'évolution récente de la science et des technologies françaises, cette image constitue une base solide pour relancer la pratique de notre langue, et pour lui assurer une place à côté de l'anglais, incontestablement avantagé tant par l'adhésion du Vietnam à l'ASEAN que par son statut de " langue des affaires " dans les pays de la zone.

2. L'adhésion du Vietnam aux institutions de la francophonie

L'adhésion du Vietnam à la francophonie n'est pas prioritairement motivée par des considérations d'ordre culturel et linguistique.

Certes, comme l'a dit en 1996 à l'occasion de la journée mondiale de la francophonie le vice-ministre des affaires étrangères, M. Tran Quang Co, elle est " dans le droit fil de la volonté de diversification et d'équilibre des relations extérieures " du Vietnam, et " procède de circonstances historiques et d'un choix politique conscient ".

Mais il ajoutait que " tout choix politique doit être soumis et conforté par des actions concrètes ", et il semble en effet que les autorités vietnamiennes, très favorables à l'évolution de la francophonie vers un espace économique, en attendent surtout un renforcement des flux d'investissement et de coopération entre pays francophones, un développement des échanges Sud-Sud, la définition et la défense de positions communes sur les problèmes internationaux d'ordre commercial ou monétaire.

En revanche, elles ne paraissent pas considérer que l'adhésion vietnamienne à la francophonie doive obligatoirement se traduire par le développement de l'enseignement et de la pratique du français ou l'intensification des relations culturelles. Comme le soulignait, lors de la 22° session ordinaire de l'AIPLF (juillet 1996), le Président de la section vietnamienne, M. Nguyen Ngoc Tran, pour les jeunes générations " apprendre une langue étrangère est aussi une forme d'investissement " : cet investissement ne sera donc encouragé et consenti que s'il s'avère utile, c'est-à-dire s'il concourt à une bonne insertion professionnelle des étudiants et au développement de l'économie nationale.

En dépit de ce pragmatisme - par ailleurs aisément compréhensible de la part d'un pays légitimement soucieux de conforter son décollage économique- l'engagement du Vietnam à l'égard de la francophonie est un atout essentiel pour le maintien et le développement de la présence du français au Vietnam et dans le Sud Est asiatique.

· En premier lieu, il conforte, dans cette région du monde, la place du français comme langue internationale -et il convient à cet égard de souligner que la langue choisie par le Vietnam à l'ONU est le français . Il impose aussi le maintien d'un certain niveau de pratique du français parmi les cadres et les dirigeants des milieux économique, diplomatique ou politique parmi lesquels se recruteront les acteurs de la coopération avec les pays francophones.

· En second lieu , il ne faut pas mésestimer les opportunités qu'ouvre à la francophonie -et plus spécialement au resserrement des liens avec la France- la " volonté de diversification " des relations extérieures du Vietnam.

Cette volonté procède en effet du souci d'affirmation de son indépendance et de son identité culturelle qu'a toujours manifesté le Vietnam, et qui lui a toujours fait redouter toutes les hégémonies. Cette tendance traditionnelle ne peut qu'être renforcée, chez les dirigeants actuels, par la crainte des possibles effets pervers du développement et de la libéralisation économique, qui peuvent être des facteurs de déstabilisation sociale et de banalisation culturelle.

Le Vietnam ne peut donc que partager les principes culturels -attachement à la diversité linguistique, défense de " l'exception culturelle "- qui fondent la francophonie, et en font un contrepoids à la domination du modèle américain.

Plus particulièrement, le souci de sauvegarder son héritage peut inciter le Vietnam à renforcer ses relations culturelles avec la France. Depuis le début du siècle, en effet, d'importants travaux de recherche sur la civilisation et la culture vietnamiennes ont été conduits par la France -en particulier ceux de l'Ecole française d'Extrême-Orient- et c'est en français qu'ont été publiés, par des auteurs français ou vietnamiens, les principaux ouvrages et études sur ces sujets.

Ce " gisement " commun de connaissances, l'acquis, aussi, de relations vieilles de plusieurs siècles -dont le témoignage le plus ancien et le plus éclatant est la " romanisation " de l'alphabet vietnamien, généralisée au début du XXe siècle et qui trouve son origine dans les travaux, au XVIIe siècle, d'un religieux français, Alexandre de Rhodes- peuvent faire de la France le partenaire privilégié d'un Vietnam soucieux de la protection de son patrimoine historique et culturel.

3. Le Sommet de Hanoi : une occasion de renforcer l'image de la francophonie

La tenue à Hanoi, en novembre 1997, du septième Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage, qui constitue un rendez-vous important pour la francophonie, sera aussi un événement décisif au regard de l'affirmation de la présence de la francophonie en Asie du Sud-Est et de la relance de la coopération culturelle entre la France et le Vietnam.

Comme l'avait rappelé le secrétaire d'Etat à la francophonie, Mme Margie Sudre, lors de sa visite officielle au Vietnam en janvier 1996, ce Sommet représente, pour la France " la consécration des efforts auxquels, parmi les premiers, la France a participé afin de favoriser la réinsertion du Vietnam dans les cadres de la légalité internationale. (...) La complémentarité et la continuité entre la tenue de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement ayant le français en partage, la présence de nos entreprises au Vietnam et la coopération bilatérale sont totales. La perspective du Sommet ne peut que perfectionner, enrichir et diversifier nos actions communes ".

Par delà cette consécration des " retrouvailles " franco-vietnamiennes, le Sommet de Hanoi, qui sera un événement très important et largement médiatisé, doit être aussi l'occasion de valoriser notre effort de coopération, et de mieux faire connaître la France et la francophonie dans l'ensemble de la population, en particulier les jeunes générations (plus de la moitié de la population vietnamienne a moins de 25 ans) qui n'ont de notre pays qu'une image au mieux très sommaire.

Il est très positif, à cet égard, que l'aide apportée par la France à l'organisation du Sommet, et dont une partie renforcera les moyens de formation linguistique, soit complétée par la réalisation à Hanoi de six grands projets de coopération bilatérale orientés sur le renforcement de la présence culturelle et de l'enseignement francophones.

· L'aide à l'organisation du Sommet

Premier contributeur à l'organisation du Sommet, la France y consacre une enveloppe totale de 75 MF. Une partie de cette aide n'aura pas d'incidence pérenne sur les moyens de la coopération culturelle franco-vietnamienne : ainsi en sera-t-il de la participation française (35 MF, soit environ les 2/3 du coût total de l'opération) à la construction du centre de conférences international où se dérouleront l'essentiel des travaux du Sommet, ou de l'assistance technique fournie dans divers domaines (fourniture de véhicules, d'équipements électriques et de télécommunications...).

En revanche, le programme de formation linguistique et professionnelle mis en place par la France contribuera de façon durable à renforcer la francophonie et les moyens techniques de l'enseignement du français au Vietnam.

Ce programme s'élève à 2 MF pour la formation technique et professionnelle, destinée en particulier à des cadres diplomatiques et à des personnels de sécurité, et à 9 MF pour la formation linguistique, que pilotera l'Alliance française de Hanoi.

Cette dernière somme sera affectée à l'organisation de cours de français dispensés à l'Alliance française et dans les établissements vietnamiens enseignant le français (notamment l'Ecole supérieure des langues étrangères de Hanoi, le Centre de Formation Continue en français de spécialité et l'Institut des relations internationales), ainsi qu'à l'acquisition d'équipements de formation linguistique.

Ces formations, organisées sur l'année précédant la tenue du Sommet, doivent bénéficier à environ 2.000 fonctionnaires et agents administratifs appartenant à 21 catégories socio-professionnelles. Elles seront complétées, pour certaines d'entre elles, par des formations professionnelles assurées par la France ou par d'autres pays et organismes contributeurs.

· Les projets de coopération culturelle associés à la tenue du Sommet

Six grands projets de coopération culturelle, qui ont bénéficié du soutien de nombreux opérateurs -français ou non- permettent de prolonger et d'inscrire dans la durée les effets bénéfiques que l'on peut attendre du Sommet pour la relance de la francophonie au Vietnam.

* Trois de ces projets mettent l'accent sur la coopération culturelle et la " présence francophone " au Vietnam :

- La réalisation du Musée national d'ethnographie, aboutissement d'une coopération engagée depuis 1992 entre le Musée de l'Homme et les autorités vietnamiennes, constitue une illustration positive de la contribution que la France peut apporter à la connaissance et à la sauvegarde du patrimoine culturel vietnamien. Le musée, qui devait ouvrir pendant l'été 1997, retrace l'histoire et la culture des 54 ethnies du Vietnam. Il a bénéficié de soutiens des ministères des affaires étrangères et de l'éducation nationale, mais aussi de la région Ile-de-France et de l'Agence de la francophonie.

- L'ouverture d'une librairie française et francophone au centre de Hanoi : ce projet était déjà très avancé lors de la visite de la mission. Installée dans un local de 100 m2 environ, la librairie pourra offrir à des prix accessibles pour le public vietnamien un large éventail de livres en français et d'ouvrages traduits en vietnamien. Soutenue par le ministère de la culture et par l'Agence de la francophonie, facilitée par des remises substantielles sur le prix des livres consenties par de nombreux éditeurs français, cette réalisation contribue à lever un des obstacles au développement de la présence culturelle francophone au Vietnam : la rareté et la cherté des livres français ou traduits du français.

- Dans le même esprit, a été prévue l'ouverture, également au centre de Hanoi, d'une salle de cinéma de 900 places consacrée à la diffusion de films français et francophones en version originale, sous-titrée ou doublée.

* Les trois autres projets sont axés sur l'enseignement et la formation :

- L'installation de l'école française internationale de Hanoi dans de nouveaux locaux : ce projet souffrait, lors de la visite de la mission, de quelques retards dus à des lenteurs administratives dans l'attribution du permis de construire.

Ces difficultés ont cependant été depuis résolues, et la construction des nouveaux bâtiments, qui a débuté en février 1997, est en voie d'achèvement.

- L'extension de l'Ecole Semi-publique de Technologie Informatique de Hanoi : cet établissement a été ouvert à la rentrée 1994 à l'initiative commune de la Ville de Paris et de la Ville de Hanoi, et dispense des formations de niveau BTS. Soutenue par la Chambre de commerce et d'industrie de Versailles (qui reconnaît les diplômes de l'ESTIH), l'AIMF et le ministère français du travail, l'Ecole a étendu à la rentrée 1996 les formations dispensées à l'informatique industrielle et à la maintenance informatique et s'est installée dans de nouveaux locaux construits par la ville de Hanoi.

- La rénovation et l'équipement du lycée Chu Van An de Hanoi : ce lycée de haut niveau, installé dans les locaux de l'ancien " lycée du protectorat du Tonkin " fondé en 1907, forme chaque année plus de 800 bacheliers. Il fait partie des trois " lycées d'excellence " qui formeront les bacheliers issus des filières d'enseignement bilingue, avec le lycée Le Hong Phong de Ho Chi Minh-Ville et le lycée Quoc Hoc de Hué. En vue de l'accueil de ces classes à la rentrée 1997, a été conduit un programme de formation des enseignants et d'équipement financé par l'ambassade et aidé, pour la rénovation des locaux, par le conseil régional d'Ile-de-France.

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Les orientations de la coopération linguistique et culturelle avec le Vietnam tiennent compte de la situation actuelle de la francophonie et des potentialités de développement du rayonnement culturel et intellectuel français dans ce pays. Prioritairement axée sur l'enseignement et la formation, ainsi que sur l'animation et les échanges culturels, la coopération culturelle franco-vietnamienne s'attache à favoriser, en même temps que la connaissance et la pratique du français, les échanges et la coopération dans certains domaines privilégiés, et à renforcer l'influence française parmi les élites vietnamiennes.

Elle fonde donc le renouveau de la francophonie au Vietnam sur trois " lignes de force " :

- l'enseignement du français ;

- le statut du français comme langue de formation, d'échanges et de coopération scientifique et économique ;

- le renforcement de la " présence francophone " à travers l'audiovisuel, la presse, le livre et le renouveau des échanges culturels.

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CHAPITRE I :

L'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS

La promotion de la francophonie passe d'abord par le développement de l'offre d'enseignement du français, en direction de la population scolaire et étudiante, bien sûr, mais aussi de toute personne désireuse de s'initier au français ou d'acquérir des compétences linguistiques spécialisées correspondant à un projet de formation ou à une activité professionnelle.

Les efforts accomplis depuis la relance de la coopération culturelle franco-vietnamienne ont déjà permis d'obtenir des résultats notables : environ 100.000 personnes, tous publics confondus, bénéficient d'un enseignement du français, et le français est désormais en deuxième position parmi les langues enseignées au Vietnam, derrière l'anglais mais avant le chinois, l'allemand et le japonais.

A. L'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS DANS LE SYSTÈME SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE

Le soutien à l'enseignement du français aux niveaux scolaire et universitaire revêt trois formes : l'aide apportée à la formation des professeurs de français de l'enseignement scolaire et supérieur, le programme d'enseignement bilingue piloté par l'AUPELF-UREF (avec une importante contribution financière française), beaucoup plus ambitieux mais qui s'adresse à un public nettement plus restreint, et, enfin, la scolarisation d'élèves vietnamiens dans les deux établissements français existant au Vietnam.

Ces établissements, de dimensions modestes, n'accueillent certes qu'un petit nombre d'élèves vietnamiens, mais ils méritent d'être mentionnés, tant en raison de la remarquable qualité de leur enseignement que parce qu'ils offrent un exemple éloquent, en matière d'enseignement des langues, du plurilinguisme qui, au Vietnam comme ailleurs, est le meilleur rempart contre la domination du " tout anglais " qu'avait dénoncée un précédent rapport d'information de la commission 1( * ) .

1. L'aide à la formation des professeurs de français

Le système scolaire et universitaire vietnamien est soumis à une très forte pression démographique : il accueille environ 18 millions de jeunes -un vietnamien sur quatre est en formation scolaire ou supérieure. Son fonctionnement représente donc une charge difficile à assumer pour le budget vietnamien, ce qui se traduit par un certain nombre de problèmes cumulatifs :

- difficulté à recruter et à former des enseignants en nombre suffisant, et à leur assurer un niveau de rémunération satisfaisant ;

- insuffisance des équipements ;

- recul de la gratuité de l'enseignement, qui freine, en dépit du désir des familles d'assurer une bonne formation à leurs enfants, la poursuite d'études (la scolarité n'est pas obligatoire au-delà de l'âge de 11 ans).

L'aide à la formation des professeurs de français, qui sont au Vietnam les plus actifs promoteurs de la francophonie, est donc fort utile pour soutenir le développement tant qualitatif que quantitatif de l'enseignement du français.

Dans l'enseignement secondaire, qui accueille au total 4 millions d'élèves, 34.000 collégiens et 35.000 lycéens apprennent le français, cet enseignement étant dispensé par environ 1.200 professeurs.

Dans l'enseignement supérieur, où la connaissance d'une langue étrangère est exigée depuis 1991, 12.000 étudiants (sur un effectif total de 150.000 environ) ont choisi le français et un peu plus de 5.000 autres apprennent le français comme deuxième langue vivante.

L'aide apportée au renforcement de l'enseignement du français a porté à la fois sur la pédagogie et sur la formation des enseignants :

· la réalisation d'une série complète de manuels de français destinés aux classes des collèges et lycées a été entreprise depuis 1989 par des équipes franco-vietnamiennes : le dernier de ces manuels, destiné aux classes terminales, devait paraître en 1996.

· les actions de formation des enseignants sont menées en partenariat avec l'Université nationale et les écoles normales supérieures vietnamiennes. Elles comprennent :

- des stages de perfectionnement linguistique et méthodologique régulièrement organisés et animés par des formateurs français ;

- des actions de formation continue à distance : conduite en collaboration avec les professeurs des écoles normales supérieures vietnamiennes, cette formation a pour but de sélectionner des enseignants à qui sont proposés des stages en France, à l'issue desquels ils pourront remplir des fonctions de conseillers pédagogiques ;

- une formation de télé-enseignement, élaborée par le département des sciences du langage de l'Université de Rouen : 500 enseignants suivaient en 1996 cette formation, qui assure la préparation à des examens de licence, de maîtrise et diplôme d'études approfondies.

En 1996, 1 500 étudiants de l'Université, 600 étudiants des filières de formation des maîtres, 1 100 enseignants de français langue étrangère, ainsi que 250 enseignants des classes bilingues, ont bénéficié de l'ensemble de ces stages et formations.

Trois attachés, assistés de deux coopérants-lecteurs et de quatre conseillers pédagogiques, travaillent, en association avec les professeurs des départements de français des universités, à actualiser le contenu des programmes et les méthodes pédagogiques. Dans les provinces, les quatre centres de français, gérés par des attachés conseillers pédagogiques, appuient également la formation des enseignants dans les écoles normales supérieures de Da Nang, Hué, Nha Trang et Can Tho.

2. L'enseignement bilingue

Le programme d'enseignement bilingue tend à la constitution, au sein de l'appareil éducatif vietnamien, de filières scolaires et universitaires complètes -du cours préparatoire au diplôme d'ingénieur- destinées à des élèves et étudiants sévèrement sélectionnés et leur offrant à la fois un enseignement intensif du français et une formation de haut niveau dispensée en partie en français.

Piloté par l'AUPELF-UREF (et financé à 80 % par la France), il a pour objet de créer des " filières d'excellence " et de reconstituer au Vietnam une élite francophone de cadres et de scientifiques dans tous les secteurs de l'activité nationale.

Il s'agit donc d'un programme très ambitieux qui constitue, en terme d'allocation de moyens, la pièce maîtresse du dispositif de coopération dans le domaine de l'enseignement du français, et qui semble susciter un intérêt certain de la part aussi bien des familles -qui, au Vietnam comme en France, attachent un grand prix à la réussite scolaire de leurs enfants- que des autorités vietnamiennes, soucieuses de développer et de moderniser leur système éducatif.

Il faut être conscient cependant que les résultats du programme d'enseignement bilingue ne pourront être véritablement appréciés que dans quelques années, lorsque les filières de formation auront été complétées et au vu du devenir des premières formations de bacheliers et de diplômés qui en seront issus.

Le succès de l'enseignement bilingue, et sa contribution à la place du français au Vietnam, dépendront en effet non des moyens mis en oeuvre ni même de la qualité intrinsèque des formations dispensées, mais bien des opportunités qui seront offertes à ses diplômés, en matière de poursuites d'études ou d'insertion professionnelle. Et il subira, à cet égard, la concurrence d'autres cursus de formation, au Vietnam ou dans des pays étrangers, car l'enseignement francophone au Vietnam et les universités françaises ne sont plus, comme autrefois, la seule voie d'accès aux formations de haut niveau et aux emplois supérieurs ouverte aux jeunes vietnamiens.

Le programme d'enseignement bilingue et le placement de ses jeunes diplômés exigeront donc un suivi très attentif car, si les résultats de l'entreprise n'étaient pas à la hauteur des espoirs qu'elle a pu faire naître chez les jeunes engagés dans ses filières et leurs familles, les conséquences de cette déception seraient sans doute très graves pour l'image de la francophonie et l'avenir de la diffusion de notre langue au Vietnam.

· Les filières bilingues dans l'enseignement scolaire

En 1996/1997, 370 classes bilingues environ étaient ouvertes dans 72 établissements, répartis dans 17 provinces sur les 53 que compte le Vietnam. Elles accueillaient plus de 11.000 élèves. En 2006, date où s'achèvera la mise en place du cursus scolaire bilingue, l'enseignement bilingue sera assuré dans quelque 1.230 classes, et 1 à 2 % des bacheliers en seront issus. Trois " lycées d'excellence " formeront les premières promotions de bacheliers bilingues : le lycée Le Hong Phong à Ho Chi Minh-Ville (à partir de la rentrée 1996), le lycée Chu Van An à Hanoi (à partir de la rentrée 1997) et le lycée Quoc Hoc à Hué (à partir de la rentrée 1998).

Les élèves des classes bilingues, qui suivent les programmes de l'enseignement vietnamien, organisé sur 18 à 20 séquences pédagogiques de 40 ou 45 minutes par semaine, bénéficient en supplément de 10 heures hebdomadaires d'enseignement de français (soit 14 à 15 cours). Certaines matières scientifiques -les mathématiques, la physique, la biologie- leur sont en outre enseignées en français.

Les professeurs bénéficient d'un complément de traitement, d'une formation initiale et continue et d'une assistance pédagogique.

Les classes bilingues reçoivent aussi un important support pédagogique : fourniture de manuels, bibliothèques de livres et de périodiques, équipements d'enseignement des langues, organisation de séjours d'études et de découverte, jumelages d'établissements.

Au terme de leurs études, les bacheliers francophones pourront poursuivre leurs études dans les filières universitaires francophones, ou dans les universités françaises.

L'enseignement scolaire bilingue remporte indéniablement un très grand succès auprès des parents d'élèves : le nombre des demandes d'inscription est en moyenne cinq fois supérieur à celui des places disponibles.

Il convient de noter que ce succès n'est pas uniquement fonction d'une demande d'enseignement du français. Il tient aussi à la plus grande qualité de l'enseignement bilingue : les enseignants sont plus nombreux, mieux formés et motivés, les moyens pédagogiques plus développés. Surtout, comme a pu le constater la mission en visitant des classes bilingues, les effectifs de ces classes, quoique nombreux au regard des critères français (de l'ordre de 40 élèves), sont nettement inférieurs à ceux des classes " normales " (qui peuvent atteindre 60 à 70 élèves).

Ces différents facteurs, auxquels s'ajoute la sévère sélection des élèves inscrits, contribuent puissamment aux excellents résultats scolaires obtenus par les élèves des classes bilingues, et donc au nombre élevé des candidatures.

· Les filières francophones universitaires

Mises en place à partir de 1994, les filières francophones universitaires ont très rapidement progressé : 13 filières avaient été ouvertes en 1994, 40 fonctionnaient à la rentrée 95/96, leur nombre a été porté à 47 à la rentrée 1996. Une dizaine d'entre elles assurera la formation des enseignants de français et de sciences des filières francophones.

Ces filières, installées à Hanoi, Haiphong, Hué, Da Nang, Ho Chi Minh-Ville et Can Tho, sont implantées dans les Instituts polytechniques, les universités (chimie, physique, droit, sciences économiques, médecine, langues, informatique) ainsi que dans les écoles supérieures offrant des formations dans les secteurs du commerce, de l'agronomie, de la construction, des transports ou de la communication.

Leurs effectifs peuvent varier entre une vingtaine et une soixantaine d'étudiants par promotion, la plupart accueillant entre 30 et 50 étudiants. Elles devraient former, au terme de leur mise en place, un millier de diplômés par an aux niveaux bac + 4 ou bac + 5.

Dans l'enseignement supérieur comme dans l'enseignement scolaire, les filières francophones se veulent des " filières d'excellence " et sélectionnent leurs étudiants en fonction de leurs résultats aux concours d'entrée à l'université ou, pour les formations de 2° cycle, après un examen de français. Elles ont pour objet de développer la francophonie dans les milieux scientifiques et de haute technologie et, selon l'Agence de la francophonie, " de permettre une meilleure intégration des scientifiques vietnamiens francophones dans le réseau mondial de la recherche, pour former des professionnels dont la spécialisation correspond aux besoins des entreprises francophones, pour servir au sein de la coopération francophone ".

Elles assurent, en complément du programme de l'établissement d'accueil, une formation intensive en français (10 heures hebdomadaires) dispensée pendant les deux premières années.

A partir de la troisième année, en plus des enseignements de français (4 heures hebdomadaires), certains enseignements sont dispensés en français, et les étudiants rédigeront en français un mémoire de fin d'études.

Les filières francophones sont également dotées de centres de documentation (ouvrages, cassettes) en français.

Les diplômes obtenus sont les diplômes vietnamiens des établissements d'origine, et font mention de la spécialisation francophone de la filière.

Cette mention doit ouvrir aux diplômés la possibilité :

- de continuer des études post-universitaires au Vietnam dans des établissements d'enseignements francophones ;

- de bénéficier de bourses d'études dans les établissements d'enseignements supérieurs francophones ;

- de trouver des emplois dans le secteur public ou dans des entreprises francophones.

C'est à la fin de l'année universitaire 1997/1998 que sortiront les premières promotions de diplômés des filières francophones, ceux des filières à bac + 4 mises en place dès 1994.

C'est donc à partir de cette date que l'on pourra commencer d'apprécier, à travers les débouchés offerts, le succès et l'avenir de la formule.

L'AUPELF-UREF s'en préoccupe notamment en s'efforçant de " mettre en contact " étudiants et entreprises francophones, en organisant une bourse de l'emploi francophone : la grande inconnue reste cependant le volume, à moyen terme, de l'offre de recrutement local francophone à bac + 4 ou  + 5. Quant aux opportunités de poursuite d'études en France et de débouchés dans l'enseignement et la recherche, elles dépendront pour partie des moyens dont seront dotés les programmes de bourses, mais aussi d'autres facteurs, notamment des possibilités de réévaluation des carrières d'enseignants et de chercheurs, professions actuellement très dévalorisées, et qui ne seront sans doute pas les premières bénéficiaires du décollage annoncé de l'économie vietnamienne.

3. Les établissements d'enseignement français

L'enseignement français au Vietnam est dispensé dans deux établissements relevant de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, l'école française internationale de Hanoi -qui prendra, lorsqu'elle sera installée dans ses nouveaux locaux, le nom d'Alexandre Yersin- et l'école Colette de Ho Chi Minh-Ville.

L'école de Hanoi (300 élèves) assure un enseignement direct primaire et secondaire, l'école Colette, créée en 1975, accueille quelque 220 élèves et assure un enseignement direct pour le primaire.

La mission a eu l'occasion de visiter l'école de Hanoi, qui accueille des élèves de 38 nationalités différentes, dont un quart d'élèves vietnamiens.

Le projet pédagogique de l'établissement met l'accent sur la pratique des langues (" trois langues pour le XXIe siècle "), l'adaptation linguistique rapide des élèves étrangers, et l'ouverture sur la culture vietnamienne. Les élèves étrangers sont " mis à niveau " en français en une année, et tous les élèves apprennent l'anglais à partir du CE2. Des enseignements d'allemand et d'espagnol sont également offerts à partir de la quatrième.

Cet enseignement, qui associe la maîtrise du français à l'apprentissage des autres langues internationales, et qui reconnaît à l'anglais, comme le souligne le projet d'établissement, sa place de " langue de communication internationale " a paru à la mission se situer dans la perspective réaliste et équilibrée qui doit être celle du développement de la francophonie au Vietnam : la connaissance du français doit être considérée comme un atout supplémentaire pour les jeunes, le français doit être perçu comme une langue offrant l'accès à des formations de qualité, mais il ne faut en aucun cas opposer le français à l'anglais, ni aux autres langues étrangères.

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