B. ... POUR MIEUX REVITALISER LES TERRITOIRES

La Poste ne peut être laissée seule face aux territoires fragiles car elle ne peut être qu'écartelée entre l'attachement ancestral qu'ils lui inspirent et l'appel d'air compétitif qui l'aspire vers le " grand large " international, du fait de l'érosion de ses protections traditionnelles. Les orientations qui doivent être arrêtées excèdent manifestement le champ de sa compétence.

Il s'agit en effet de décider non seulement de l'avenir du territoire, socle de la Nation, mais aussi de l'avenir même de l'opérateur public. De telles décisions sont par essence de nature politique. Seuls les politiques peuvent et doivent en assumer la pleine responsabilité.

C'est pourquoi, la loi doit fixer le cadre de la dynamisation postale du territoire, les élus locaux la conduire sur le terrain, l'État la soutenir financièrement, et les élus nationaux l'expliquer.

1. En fixant les règles nationales de la dynamisation postale

La loi d'orientation postale, que le présent rapport souhaite voir déposer dès qu'il s'agira de transposer en droit français les orientations de la directive postale européenne, ne doit pas se limiter à ce seul exercice de traduction. Cela a déjà été affirmé 177( * ) .

Cette loi devra aussi fixer le cadre de la modernisation et de la dynamisation des modalités de revitalisation du territoire par La Poste. Elle ne saurait toutefois décider de tout. Le dogmatisme ou l'uniformité tatillonne et aveugle interdiraient la réussite. C'est le pragmatisme et l'imagination locale qu'il convient de promouvoir dans le respect des principes d'égalité qui unissent les Français au sein de la République.

Quels pourraient donc être les principes fondateurs d'une telle législation ? Il semble d'ores et déjà possible d'en faire émerger trois : la définition d'objectifs en termes de services, la détermination de critères nationaux pour les moyens de mise en oeuvre, l'établissement de " discriminations positives " en faveur des zones rurales fragiles et des quartiers urbains en difficulté.

a) Définir des objectifs en termes de services

Il s'agira, comme l'ont déjà fait d'autres Parlements de l'Union européenne, de donner à La Poste des objectifs de services répondant aux préoccupations territoriales. En ce domaine, l'élément pertinent qui paraît pouvoir être retenu est proche de celui qu'a déjà sélectionné la loi d'orientation pour le territoire en ce qui concerne les transports 178( * ) , à savoir : le temps d'accès au service .

C'est le critère, on l'a déjà vu 179( * ) , qui peut être appliqué indifféremment aux zones rurales et aux zones urbaines, dès lors que l'allongement des temps de déplacement ou de desserte dans les premières est souvent corrigé par les temps d'attente au guichet et l'absence fréquente de lien direct avec le facteur dans les secondes.

Il est clair que ce critère ne saurait être érigé en droit individuel reconnu à chaque citoyen. Prenons un exemple volontairement simpliste : l'alpiniste plantant son piolet au sommet du Mont-Blanc ne saurait espérer pouvoir envoyer une carte postale dans un laps de temps équivalent à celui nécessaire à quelqu'un qui dispose d'une boîte à lettres au pied de son immeuble !

Il ne serait, en revanche, pas raisonnable d'appuyer ce critère sur une moyenne nationale. La compensation arithmétique des variations extrêmes aboutirait à ce que cette moyenne puisse être respectée sans que des portions entières du territoire y satisfassent.

La voie d'équilibre consisterait donc sans doute à établir un objectif de durée maximale d'accès aux services postaux relevant du service public ou de l'animation territoriale sur la base d'une moyenne départementale.

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