C. LA SÉPARATION DES SERVICES FINANCIERS ET DU COURRIER : UNE ERREUR STRATÉGIQUE ?

La séparation entre les services postaux chargés de l'acheminement du courrier et des colis et ceux assurant la gestion des services financiers a été décidée lors du vote de la loi du 1er janvier 1995. A l'occasion de cette séparation stricte entre la Deutsche Post AG et la Post Bank AG, cette dernière a été dotée du statut de banque de plein exercice.

Désormais, la Post Bank AG assure les services à la clientèle dans des conditions strictement analogues aux autres établissements de crédits. Elle a réalisé, en 1995, un bénéfice de 51 millions de deutsche marks et gère des dépôts de 53 milliards de deutsche marks.

Cependant, sa cohabitation avec la Deutsche Post AG s'est avérée difficile . En effet, la banque postale n'était dotée d'aucun bureau propre à l'origine. Bien qu'elle ait étendu son propre réseau de guichets, celui-ci n'atteint actuellement que quelques dizaines de sites pour l'ensemble du territoire allemand. Dès l'origine, la Post Bank AG s'est donc trouvée dans l'obligation de coopérer avec la Deutsche Post AG, laquelle disposait d'un vaste ensemble de succursales. Cette cohabitation n'est pas allée sans heurts, faute d'être formalisée dans un acte juridique suffisamment précis, réglant les droits et les obligations des parties.

D'un côté, la Deutsche Post AG avait besoin des services financiers pour rentabiliser son réseau. De l'autre, la Post Bank AG était soucieuse de développer des activités de " banque à domicile ", grâce aux nouvelles techniques de communication et au marketing téléphonique, ce que contestait la Deutsche Post AG. Celle-ci estimait, en effet, que la Post Bank ne prenait pas de mesures suffisantes pour limiter la baisse tendancielle du nombre d'opérations bancaires réalisées au guichet des bureaux de poste. Dès lors, le montant de la contribution versée par la Post Bank AG à l'opérateur postal fit l'objet d'âpres discussions. Elle fut, finalement, fixée à 1,4 milliard de deutsche marks en 1994, chiffre à comparer aux 4,5 milliards de deutsche marks que nécessite, chaque année, l'entretien du réseau postal.

La Deutsche Post AG, associée à la Société suisse de réassurance et à la Deutsche Bank a, fin 1995, présenté à l'office fédéral des postes et télécommunications, une offre d'achat de 75 % du capital de la Post Bank AG, pour un montant de 3,075 milliards de deutsche marks. Cette offre, surprenante moins d'un an après la scission des deux entités, mettait en lumière la difficulté des services du courrier à se passer de toute activité financière. Au demeurant, la Deutsche Post AG soulignait le fait que le rachat de la Post Bank AG permettrait de maintenir de 15 à 16.000 bureaux de poste en activité. Il n'a pas été donné suite à cette offre. Il s'est par conséquent avéré nécessaire de fixer un cadre aux relations entre les deux entités.

C'est dans cette perspective que, sous la pression du ministre de tutelle, le Conseil de surveillance de la Post Bank a approuvé, en mai 1997, le contrat réglant les modalités de coopération entre la banque et la Deutsche Post AG. Aux termes de cet accord, la banque postale versera une indemnité de près de 5 milliards de francs à l'opérateur-courrier, en 1997. Cette indemnité sera progressivement diminuée jusqu'à atteindre 750 millions de francs en 2001.

L'accord prévoit, en outre, que la Post Bank AG restera le seul opérateur bancaire utilisant des guichets de la poste après l'an 2000. Mais la Deustche Post AG recevra, sans contrepartie, 17,5 % du capital de la Post Bank AG, le 1er janvier 1999.

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