B. L'INTÉRÊT DES ETATS MUSULMANS VOISINS

L'objectif de l'Iran est de sortir de l'isolement dans lequel les Etats-Unis la confinent et de participer à l'exploitation des ressources de la Caspienne, dont elle est riveraine. L'influence de l'Iran dans le domaine culturel et religieux se heurte à des divergences qui en limitent l'extension (majorité sunnite en Asie Centrale et chiite en Iran). La politique de Téhéran tant dans le Caucase qu'en Asie centrale, n'a d'ailleurs pas pris la forme d'un prosélytisme fondamentaliste.

Très actif, néanmoins, dans les pays de la région, l'Iran a reçu en 1992 le sommet de l'Organisation de Coopération Economique regroupant la Turquie, le Pakistan, l'Iran, l'Azerbaïdjan et les cinq Républiques ex-soviétiques d'Asie centrale. En outre, l'Iran a cherché à renforcer ses liens avec les Etats centre-asiatiques à travers des accords bilatéraux concernant l'évacuation du pétrole et du gaz et les communications aériennes et terrestres, notamment avec le Kazakhstan et le Turkménistan. En soutenant la position de la Russie sur le statut de la mer Caspienne, l'Iran détient un moyen de pression sur les autres Etats du littoral pour défendre ses propres intérêts économiques et énergétiques.

Les relations avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite , considérés comme source d'une éventuelle agitation fondamentaliste -notamment par l'Ouzbékistan-, restent très discrètes.

C. UNE PRÉSENCE IMPORTANTE DU MONDE OCCIDENTAL

1. La forte présence américaine

Les Etats-Unis considèrent l'Asie centrale comme une zone stratégique . Ils ont, dans cette région, trois objectifs principaux : rendre viable l'indépendance des nouveaux Etats et assurer la stabilité régionale, développer leur propre présence commerciale, enfin diversifier leur approvisionnement énergétique qui repose aujourd'hui principalement sur le Golfe persique.

Les Etats-Unis défendent les intérêts de leurs compagnies dans l'exploitation à long terme des hydrocarbures de la zone. Différents instruments sont utilisés à cette fin : un soutien diplomatique actif à tous les niveaux, y compris les contacts personnels établis par le Président et le Vice-président des Etats-Unis avec les dirigeants des pays concernés, l'intervention de structures gouvernementales chargées de soutenir les investissements américains à l'étranger ; enfin, l'assistance technique et le soutien des institutions financières internationales basées à Washington.

Vainqueurs de la guerre froide, les Etats-Unis n'entendent pas laisser la fédération de Russie dominer une zone qui abrite des ressources énergétiques essentielles (que la Russie ne saurait d'ailleurs, faute de moyens financiers et techniques, exploiter seule) et veulent installer leur présence économique et leur influence politique entre l'Asie de l'Ouest et le Moyen-Orient.

Les Etats-Unis ont adapté leur aide à la situation de chacun des Etats d'Asie centrale, en tenant compte non seulement de leur évolution vers une économie de marché, mais aussi du potentiel estimé de chacune de ces Républiques.

Ainsi, l'aide financière et technique américaine bénéficient plus au Kazakhstan qu'aux autres Etats de la région. 66 % des investissements au Kazakhstan proviennent des Etats-Unis. On y dénombre 3.000 ressortissants américains.

Les grandes multinationales du secteur pétrolier (Mobil, Chevron), du négoce international de matières premières (AIOC, Cargill, Dunavant) et de l'industrie agroalimentaire (Philip Morris, Coca Cola), investissent au Kazakhstan chaque année des millions de dollars. En 1996, sur 2,35 milliards de dollars investis dans le secteur du pétrole et du gaz, la part de Mobil et Chevron était d'1,8 milliard de dollars.

En Ouzbékistan, les Etats-Unis sont les premiers investisseurs étrangers. Ils sont présents dans plus d'une centaine de sociétés mixtes, dont la plus importante est Uznewmont qui exploite des mines d'or.

Les intérêts américains se sont ainsi développés dans tous les pays de la zone. Certaines multinationales américaines sont aujourd'hui devenues, semble-t-il, les interlocuteurs privilégiés des chefs d'Etats d'Asie centrale ; tel est le cas notamment au Turkménistan.

Outre cette forte présence économique, les Etats-Unis interviennent dans la restructuration de l'armée et la reconversion des industries de défense en Ouzbékistan et au Kazakhstan, pays où ils implantent actuellement une école de sous-officiers. Par ailleurs, la fascination des populations d'Asie centrale pour les Etats-Unis est telle que des centaines d'étudiants Ouzbèks et Kazakhs effectuent des stages ou sont inscrits dans des universités américaines.

En outre, au Turkménistan, comme dans les autres pays, la diffusion de l'anglais est une des priorités des Américains, présents à tous les niveaux du système éducatif turkmène. Pour ce faire, ils ont recours au " Peace Corps ", composé de bénévoles, qui signent des contrats d'un ou deux ans, et que l'on envoie non seulement à Achkabat mais aussi dans les villes et les villages les plus reculés du pays. Même s'ils ne disposent pas de moyens financiers importants, ces bénévoles ont réussi à promouvoir très efficacement la langue anglaise à travers toute l'Asie centrale.

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