2. Une culture cotonnière traditionnelle

La guerre de Sécession aux Etats-Unis a favorisé le développement de la culture cotonnière en Asie centrale afin de permettre l'approvisionnement de l'empire russe. A la veille de la première guerre mondiale, le coton occupait déjà 400.000 hectares de terres irriguées dans ce qui constitue depuis 1924 le territoire de la république d'Ouzbékistan. Le régime soviétique a systématisé la politique du pouvoir tsariste et multiplié cette superficie par cinq : les champs de coton couvraient en effet 2,1 millions d'hectares en 1987. Depuis lors, la proportion des terres arables consacrées à la culture du coton a été réduite à 40 %, la superficie n'étant plus actuellement que d'1,5 million d'hectares irrigués par près de 170.000 kilomètres de canaux.

La production de coton est assurée par toutes les régions irriguées, mais plus particulièrement par la vallée du Fergana qui assure un quart de la production totale, aucune autre région n'en fournissant plus de 10 %. Le coton est toutefois de meilleure qualité dans les régions les plus méridionales, celles de Karchi et de Termez en particulier.

L'Ouzbékistan est le cinquième producteur mondial après la Chine, les Etats-Unis, l'Inde et le Pakistan.

LA PRODUCTION DE COTON-FIBRE
(en millions de tonnes)

1992

1993

1994

1995

1996 (1)

1,31

1,31

1,22

1,31

1,06

(1) mauvaises conditions climatiques

Le volume de production de coton-graine est en diminution constante depuis le milieu des années soixante-dix, selon les statistiques officielles, en raison non seulement de la réduction de la superficie cultivée mais aussi de la baisse des rendements (de l'ordre de 25 % entre le milieu des années soixante-dix et le milieu des années quatre-vingt). Cette baisse résulte de l'épuisement des sols, de la pénurie d'engrais, de pesticides et de machines agricoles, ainsi que de la désorganisation du travail. En 1994, la production -avec moins de 4 millions de tonnes de coton-graine- était inférieure de 7 % à la récolte précédente. En 1995, la récolte a été anticipée de quelques semaines sur celle des années précédentes car, faute de machines, elle s'est effectuée à 80 % à la main.

Grâce à une meilleure sélection des semences, les autorités prétendent néanmoins mettre un terme à la baisse du rendement à l'hectare (soit 28 quintaux en moyenne). Elles escomptent aussi une augmentation des rendements à l'égrenage, qui sont sensiblement plus bas que dans la plupart des autres pays producteurs (ils sont de 32 % officiellement).

L'organisation de ce secteur est très contrôlée.

Les exploitations agricoles sont toujours astreintes à l'exécution d'un plan de production qui leur est fixé par l'Etat. Lorsqu'elles n'atteignent pas ces objectifs, la totalité de leur production doit être livrée à l'Etat à un prix, qui était en moyenne de 1.200 soums la tonne pour la campagne 1994 (soit 50 à 100 dollars, selon le taux de change considéré) et est de 11.000 soums en moyenne depuis le mois d'août 1995 (soit 350 de dollars environ au cours officiel du mois de septembre 1995). Lorsqu'elles ont atteint les objectifs fixés, elles peuvent en principe commercialiser librement 40 % de leur production.

Le Gouvernement s'est engagé à libéraliser complètement la commercialisation du coton avant trois ans. Cependant, jusqu'à présent, ces entreprises n'ont pas obtenu le droit d'exporter directement cette fraction sur les marchés extérieurs. L'obtiendront-elles à l'avenir comme le Gouvernement l'a annoncé ? Il n'est pas certain que l'Etat renonce à ce qui constitue la source essentielle de ses ressources en devises étrangères, soit environ 50 %.

La main-d'oeuvre reste, en outre, très peu coûteuse : en vertu d'un arrêté du 25 juillet 1995, elle est désormais rémunérée au minimum 1.200 soums la tonne récoltée (soit moins de 30 dollars) : une rémunération qui ne peut être suffisamment motivante et qui contraint le Gouvernement à recourir aux soldats, aux écoliers et aux étudiants pour aider une main-d'oeuvre rurale pourtant pléthorique !

L'Ouzbékistan exporte la presque totalité de sa production de fibres de coton si bien qu'en dépit d'un volume de production relativement limité, il est le second exportateur mondial après les Etats-Unis . 60 % du total des exportations sont achetés par Daewoo (Corée), Donavan (Suisse, filiale USA) et Ralli Brothers & Correy (USA). Il assure environ 15 % des approvisionnements sur le marché international du coton. L'Ouzbékistan serait donc en position de peser sur les cours d'un marché tendu par une augmentation régulière de la demande. Mais, faute d'un contrôle de qualité suffisamment rigoureux et de techniques de commercialisation sophistiquées (en dépit de la centralisation extrême de l'organisation de ces exportations), ce pays ne fait que subir toutes les variations des marchés mondiaux.

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