1. L'assurance par tous les acteurs au premier franc du risque santé : un scénario concurrentiel

Il s'agirait au fond de transposer dans le domaine de la santé les principes de l'assurance obligatoire combiné avec la liberté de choix de l'assureur tel qu'il existe dans divers domaines, comme le domaine automobile dans les risques de masse (sans introduction nécessaire d'un système de bonus-malus si l'on veut organiser au travers d'une mutualité plus large des populations une solidarité interindividuelle plus grande).

C'est le projet qu'appelaient de leurs voeux les professionnels de l'assurance en 1996 et auxquels pensent " in petto " de nombreux assureurs aujourd'hui. Il pourrait mettre, à certaines conditions, en pleine concurrence caisses primaires d'assurance-maladie (ou caisses régionales) avec les sociétés d'assurance privées autorisées à pénétrer le métier de l'assurance-maladie au premier franc.

Le système n'est pas incompatible avec un mécanisme national de solidarité assurant les écarts de risques entre les organismes d'assurance-maladie rendus insusceptibles par cahier des charges de pratiquer la sélection du risque et le refus du mauvais risque.

Il supposerait que la Sécurité sociale dans le domaine de l'assurance-maladie déplace le centre de gravité de son action pour définir les cahiers des charges, en assurer le respect par le contrôle des divers assureurs, évaluer l'action des divers acteurs et tirer les leçons de l'expérience.

Pour révolutionnaire qu'il soit, ce scénario n'est pas nécessairement impensable, pour peu que sa mise en oeuvre soit faite de manière prudente. Il convient même de savoir si ce scénario n'est pas le plus en phase avec la vision concurrentielle européenne qui prévaut aussi dans le domaine de l'assurance santé (voir en ce sens l'annexe 3).

C'est sur la base du droit européen qu'a d'ailleurs été introduite par le " Mouvement pour la liberté de la protection sociale " une plainte contre l'Etat français pour manquement à ses obligations de transposition des directives 92/49 et 92/96, interprétées comme ouvrant le champ de la concurrence à tous les acteurs, y compris dans le domaine de l'assurance santé.