7. Intervention de Maître Patrick THIEFFRY, avocat

Maître Patrick THIEFFRY . - Fort heureusement pour moi, les questions de droit des finances publiques ont déjà été traitées et le juriste n'en dira pas beaucoup plus. La règle de la non affectation et celle de l'annualité, vous les vivez quotidiennement.

Que le refus du deuxième dividende puisse se heurter à ces règles est un sujet que vous avez perçu et que vous avez bien énoncé, même si l'on pourrait y revenir. On n'a pas, et un fiscaliste aurait pu le faire, parlé des difficultés de contrôle éventuel de l'assiette d'une taxe particulièrement technique. Son objet étant une pollution, l'effet incitatif exige une grande modularité de cette taxe et un contrôle sophistiqué pour lequel les agences paraissent mieux qualifiées que le ministère lui-même.

Mais du point de vue du droit européen de l'environnement, je voudrais poser une question. Là, nous nous interrogeons sur le fait de savoir si l'institution et surtout l'affectation des redevances pollution des agences de l'eau à la TGAP ne vont pas à contre-courant de tendances législatives internationales, voire même ne s'inscrivent pas en contrariété par rapport à des engagements internationaux souscrits par la France.

Deux règles se dégagent de ces engagements : la première est l'impératif de différenciation écologique. La convention d'Helsinki du 17 mars 1993, adoptée par la communauté européenne, impose que l'on gère les questions d'eau au niveau des cours d'eau définis comme les bassins hydrographiques. Or, cette convention est visée dans l'exposé des motifs de la directive-cadre sur les ressources en eau. Cet impératif de différenciation écologique conduit la directive-cadre à suggérer que la gestion des ressources en eau se fasse au niveau des bassins hydrographiques.

Deuxième règle : le principe pollueur-payeur qui impose la pleine récupération des coûts occasionnés par les prélèvements et les utilisations.

La combinaison des deux règles, n'impose-t-elle pas une modularité au niveau des bassins, tant des redevances pour assurer l'effet incitatif en fonction des circonstances locales que de la gestion de l'utilisation ?

Pour cette modulation des redevances, qui doit être très technique, ce qui posera un problème de pratique fiscale, on peut se demander si la remontée dans le budget de l'Etat du produit de la taxe est compatible avec le maximum d'incitation requis par le principe pollueur dans un contexte de différenciation écologique.

M. Jacques OUDIN . - Vous avez, en quelques minutes, tout résumé des grands problèmes qui se posent à nous. Modularité au sein de l'instance de bassin ou centralisation, est-ce compatible ou non ? C'est une question qui n'avait pas été examinée jusqu'à présent. Je vous remercie de l'avoir posée et nous serons désireux d'avoir des compléments d'information à ce sujet, nous, c'est-à-dire les instances parlementaires qui se pencheront sur cette question.

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