b) Une adaptation par les recettes paraît difficilement concevable

La proposition espagnole d'une progressivité de la ressource PNB présente le grave inconvénient de transposer hâtivement à des Etats une règle appliquée jusqu'à présent à des personnes physiques . Or, les Etats regroupent des personnes physiques extrêmement diverses, notamment sur le plan de leur richesse effective. Ainsi, en termes d'équité, on peut difficilement concevoir qu'un espagnol riche contribue moins au financement de l'Union européenne qu'un allemand modeste. Comme le fait en effet observer la Commission, " la progressivité est généralement obtenue en différenciant les taux des impôts incombant aux contribuables et non en élargissant ou en rétrécissant la base d'imposition. (...) En revanche, la proposition espagnole visant à utiliser le PNB par habitant en écus comme coefficient de progressivité à appliquer aux parts de PNB revient à réaliser la progressivité en élargissant ou en diminuant l'assiette et en conservant un taux identique pour tous (taux d'appel des ressources PNB), du moins dans l'une des variantes de la proposition ".

Les solutions proposées pour créer de nouvelles ressources propres se heurtent toutes à plusieurs objections :

- soit en raison de l'insuffisante visibilité par le citoyen de la ressource proposée (impôt sur les sociétés européen)

- soit en raison de la dépendance de cette ressource à l'égard de la conjoncture économique (impôt sur les sociétés - " taxe CO 2 ", retenue à la source sur les intérêts...) ;

- soit en raison des coûts de perception (droit d'accises, taxation des services de communication...).

Certaines de ces objections, notamment l'irrégularité de leur rendement, peuvent être formulées à l'encontre de la " TVA différenciée ".

Quant à la généralisation de la ressource PNB, qui deviendrait l'unique ressource propre des Communautés, elle aboutirait à financer intégralement le budget communautaire par des contributions nationales, au dépens de l'autonomie des finances européennes.

Toutes les objections ci-dessus évoquées ne sont peut-être point dirimantes et ne sauraient conduire à renoncer à une éventuelle modification du régime des ressource propres de l'Union européenne. Toutefois, indépendamment de leurs avantages et inconvénients respectifs, ces suggestions ne constituent pour l'heure que des pistes de réflexion. La nécessité de recueillir l'unanimité des membres du Conseil pour modifier la décision sur les ressources propres condamne en effet, tout au moins à court terme, toute tentative en ce sens.

C'est donc forcément autour de la question d'une autre affectation des dépenses que doit s'orienter le débat sur les futures perspectives financières.
Cette orientation correspond d'ailleurs aux observations de la Cour des comptes européenne, laquelle souligne que " l'objectif de réduire un déséquilibre budgétaire (...) aurait pu être atteint par le volet "dépenses" du budget ". Elle correspond également aux conclusions du rapport de la Commission sur les ressources propres : " Le choix par l'Union européenne de préférer une solidarité financée par le volet dépenses du budget répond à deux raisons principales :

- en premier lieu, la solidarité au sein de l'Union européenne s'exprime essentiellement par le biais de l'objectif de convergence réelle des économies obtenue par le transfert des fonds vers les régions éligibles plutôt que vers l'Etat membre pris en tant que tel ;

- deuxièmement, il est plus probable que la convergence se réalise grâce à la progressivité des dépenses plutôt que par celle des contributions. La raison en est que cette dernière, en réduisant la quote-part financière des Etats membres moins prospères, leur laisserait le libre choix de l'utilisation des fonds. Il est plausible qu'en ce cas, les investissements ne bénéficieraient pas d'un renforcement aussi important que dans le cadre d'une progressivité basée sur les dépenses. "

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