IV. RECONNAÎTRE ET GÉNÉRALISER L'EXIGENCE DE FORMATION DE L'ÉLU
Comme le rappelait M. Jacques Thyraud, rapporteur de la loi du 3 février 1992 au nom de la commission des lois, " la formation permet aux élus d'exercer effectivement leurs nouvelles compétences sans être tributaires, voire victimes, de la tutelle insidieuse des administrations de l'Etat ".
A. UN MÉCANISME ENCORE INSUFFISAMMENT UTILISÉ
Le
principe selon lequel les membres d'un conseil municipal, général
ou régional ont droit à
une formation adaptée à
leurs fonctions
figure aux
articles L. 2123-12, L. 3123-10 et
L. 4135-10 du code général des collectivités
territoriales
.
Chaque élu a le droit de suivre, pendant la durée de son mandat,
une formation, dont le coût, y compris les pertes de revenus
professionnels, constitue une
dépense obligatoire
pour les
collectivités locales (
articles L. 2321-2, L. 3321-1
et L. 4321-1 du code général des collectivités
territoriales
).
Les élus ont droit au remboursement des frais de déplacement, de
séjour et d'enseignement. Les
pertes de revenu
pour l'élu
sont supportées par la collectivité, dans la limite de
six
jours par élu
pour la durée d'un mandat et d'une fois et
demie la valeur horaire du SMIC.
Le montant des dépenses de formation est
plafonné à
20 %
du montant total des crédits ouverts au titre des
indemnités de fonction susceptibles d'être allouées aux
élus (
articles L. 2123-13, L. 3123-11 et
L. 4135-11 du code général des collectivités
territoriales
).
Indépendamment des autorisations d'absence et du crédit d'heures,
les élus salariés ont droit à un
congé de
formation
dont la durée est fixée à
six jours par
élu et par mandat
quel que soit le nombre de mandats détenus.
Les voyages d'études des conseils municipaux, généraux et
régionaux ne sont pas inclus dans les actions de formation des
élus.
Enfin, l'obligation de l'agrément par le ministre de l'Intérieur
des organismes de formation permet le contrôle
a priori
des
formations proposées aux élus (
articles L. 2123-16,
L. 3123-14 et L. 4135-14 du code général des
collectivités territoriales
). 109 organismes sont
agréés par le Ministre de l'Intérieur après avis du
Conseil national de la formation des élus locaux (CNFEL).
Les élus salariés doivent faire une demande écrite
à leur employeur au moins 30 jours avant le stage en précisant la
date, la durée du stage et le nom de l'organisme de formation
agréé par le Ministre de l'Intérieur.
L'employeur privé accuse réception de cette demande. Si
l'employeur privé n'a pas répondu 15 jours avant le début
du stage, la demande est considérée comme accordée.
Par contre, si l'employeur privé estime, après avis du
comité d'entreprise ou des délégués du personnel,
que l'absence du salarié aurait des conséquences
préjudiciables à la production et à la bonne marche de
l'entreprise, la demande peut être refusée, à condition
toutefois d'être motivée et notifiée à
l'intéressé.
Si l'élu salarié renouvelle sa demande quatre mois après
la notification d'un premier refus, l'employeur est obligé de lui
répondre favorablement.
Les élus fonctionnaires ou contractuels sont soumis au même
régime mais les décisions de refus, s'appuyant sur les
nécessités de fonctionnement du service, doivent être
communiquées avec leur motif à la commission administrative
paritaire au cours de la réunion qui suit cette décision.
Dans tous les cas, l'organisme dispensateur de formation doit délivrer
à l'élu une attestation constatant sa fréquentation
effective, que l'employeur peut exiger au moment de la reprise du travail.
Force est de constater
la sous-utilisation manifeste des crédits de
formation par les collectivités locales
, certaines
collectivités territoriales n'inscrivant qu'une somme très
modeste au titre du budget formation, voire ne mandatant pas les sommes
inscrites.
Ainsi, M. Didier Lallement, directeur général des
collectivités locales, a-t-il souligné au cours de son audition
que dans les comptes administratifs pour 1996, le volume des crédits de
formation s'élevait à 12,5 millions de francs, soit un
montant bien inférieur au montant qui aurait pu être inscrit
théoriquement, soit de l'ordre de 1,3 milliard de francs par an.