B. L'ÉVOLUTION POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
La
république Argentine est un Etat fédéral comprenant 23
provinces auxquelles il convient d'ajouter le district fédéral de
Buenos Aires.
Peuplée de quelque 36 millions d'habitants, ce pays s'étend
sur un territoire de 2,776 millions de km², soit une superficie de
l'ordre de celle de l'Inde.
La population argentine est caractérisée par son origine
majoritairement européenne issue d'une immigration intervenue entre 1880
et 1930 en provenance d'Italie et d'Espagne et par un taux d'urbanisation
important.
C'est en 1516 que les Espagnols découvrirent le Rio de la plata. En
1536, Pedro Mendoza fonda Buenos Aires, unique cité de cette
" colonie du bout du monde " qui ne présentait qu'un faible
attrait aux yeux d'une métropole plus attirée par les
métaux précieux du Mexique et du Pérou.
En 1776 cependant, Madrid créa une " Vice-Royauté du Rio de
la plata " détachée de celle de Lima (Pérou).
Contrairement au Brésil, c'est dans le sang que le pays conquiert sa
liberté en 1816, après une guerre d'indépendance conduite
par le Général José de San Martin.
En 1853, l'adoption d'une Constitution fédérale entraîne la
sécession de la Province de Buenos Aires et une période de
troubles politiques.
C'est sous la présidence de Bartholomé Mitre (1862), que le pays
rétablira son unité et entamera sa modernisation.
A partir de 1880, une immigration de masse d'origine européenne assure
le développement économique (surtout agricole) du pays et
accélère l'urbanisation.
La période 1880-1930 sera " l'âge d'or " de l'Argentine
qui constitue alors, devant les Etats-Unis, le premier exportateur du continent
américain (boeuf, mouton). Cette situation florissante s'accompagne
d'une relative stabilité institutionnelle.
Jusqu'à la crise mondiale, Buenos Aires apparaît comme le centre
politique, économique et culturel de toute l'Amérique latine.
En 1930 un premier coup d'Etat militaire chasse le Président radical
Hipolito Yrigoyen. L'armée exercera désormais et jusqu'en 1983
une sorte de main mise sur la vie politique argentine.
Dans les années 40, se met en place, avec le général Juan
Domingo Peron, un courant politique original (le péronisme) qui
continue, au demeurant, d'exercer son influence sur le pays avec le parti
" Justicialiste ".
Elu président de la république en 1946, Peron sera
réélu en 1952 et contraint à la démission par les
militaires en 1955.
L'Argentine connaîtra ensuite une période d'instabilité
(retour du général Peron en 1973, mort de Peron en 1974...), que
conclura un coup d'Etat militaire qui fit vivre au pays une des périodes
les plus sombres de son histoire, de 1976 à 1983.
Après la défaite de la guerre des Malouines contre la
Grande-Bretagne en 1982, le régime militaire laisse la place aux civils.
De 1983 à 1989, le président Raoul Alfonsin dut faire face au
délabrement du tissu industriel et à une dette publique
écrasante.
La " révolution libérale " mise en oeuvre par le
président Carlos Menem, élu en 1989 et dont le plan de
redressement dit plan " Cavallo " fut adopté en 1991, a
profondément assaini l'économie argentine.
La disparition de l'hyper inflation (5.000 % en 1989 et 0,2 % en
1996 !) s'est accompagnée d'une croissance économique
(4,4 % en 1996, 8,6 % en 1997 et 4,5 % en 1998) qui a retenu
l'attention des experts.
Le redressement de l'économie argentine s'est notamment appuyé
sur :
- la fixation d'une parité fixe " un peso égal un
dollar " ;
- un programme massif de privatisations largement ouvertes aux capitaux
étrangers ;
- le rétablissement de la confiance avec la communauté
financière internationale (un accord sur le
rééchelonnement de la dette externe fut signé au printemps
1993) ;
- l'assainissement du système bancaire (42 établissements
sur 200 ont disparu) ;
- la réduction du besoin de financement des administrations
publiques provinciales ;
- la mise en place, en 1993, d'un système de retraite par
capitalisation qui a intéressé un salarié sur deux.
En 1998, le produit intérieur brut argentin s'élevait à
341 milliards de dollars, soit un PIB par habitant de 9.436 dollars.
Le MERCOSUR (36 % des exportations) a représenté en 1998 le
premier client de l'Argentine devant l'Union européenne (18 %) et
la zone Alena (10 %). Les produits agro-alimentaires (6 % du PIB
argentin) ont représenté 58 % du total des exportations, les
produits manufacturés 33 % et le pétrole 9 %.
S'agissant des importations (composées de biens intermédiaires
(28 %), de biens d'équipement (27 %) et de biens de
consommation (21 %)), l'Union européenne a représenté
le premier fournisseur (28 %) devant le MERCOSUR (25 %) et la zone
Alena (23 %).
En 7 ans, grâce au MERCOSUR, le commerce bilatéral entre
l'Argentine et le Brésil a été multiplié par 7 en
avoisinant 20 milliards de dollars.
Hélas, la crise brésilienne a touché de plein fouet une
économie argentine dont plus de 30 % des exportations sont
dirigées vers son voisin (automobile, textile, chaussure et jouet).
En 1999, la baisse de la demande brésilienne, la chute des cours des
matières premières et la hausse relative du crédit ont
ralenti, ainsi, consommation et investissements.
On relèvera cependant que la crise n'a pas provoqué de fuite de
capitaux et que les réserves de la banque centrale argentine sont
restées élevées (près de 26 milliards de
dollars).
En 1999, la situation argentine suscitait néanmoins plusieurs
inquiétudes : la persistance d'un déficit de la balance des
paiements (6 milliards de dollars) rendant le pays encore très
dépendant du financement externe, une dette publique encore
élevée (112 milliards de dollars) et un taux de
chômage préoccupant que la récession économique n'a
pu qu'aggraver.
Peuplée de 3 millions d'habitants en 1870, l'Argentine a
enregistré à partir de cette époque une immigration
massive qui a porté sa population à près de
21 millions d'habitants en 1960 et à 36 millions en 2000.
Selon certaines estimations, cette population pourrait atteindre les
42 millions d'habitants en 2020.
La tranche d'âge 15-64 ans constitue 69 % d'une population
extrêmement urbanisée (89 % en 2000, 93 % en 2020 selon
les experts) dont le taux de croissance démographique reste dynamique
(1,16 % en 1995 contre 0,4 % en France par exemple).