B. DES MOYENS DE LUTTE CONTRE LE CHÔMAGE LARGEMENT INADAPTÉS
1. Les faibles résultats de la politique de l'emploi
a) La politique de l'emploi en Guyane
En Guyane, comme dans les autres départements d'outre-mer, la politique de l'emploi se fonde principalement sur les dispositifs du FEDOM, issu de la loi du 25 juillet 1994.
Le FEDOM
La loi
du 25 juillet 1994 a créé un fonds pour l'emploi dans les
départements d'outre-mer et Saint-Pierre-et-Miquelon, appelé
FEDOM. Géré directement par le secrétariat d'Etat à
l'outre-mer, ce fonds est souple d'utilisation et adapté aux
spécificités économiques et sociales des DOM.
Le comité directeur du FEDOM, composé de parlementaires des
départements d'outre-mer, se prononce sur la répartition des
crédits entre les différentes solutions d'insertion : contrat
d'accès à l'emploi (CAE), contrat d'insertion par l'emploi (CIA),
contrat emploi solidarité (CES), primes à la création
d'emplois ainsi que les emplois-jeunes.
Le contrat d'accès à l'emploi (CAE)
Il est proposé aux demandeurs d'emploi de longue durée, aux
bénéficiaires du RMI, aux travailleurs handicapés et aux
jeunes en grande difficulté. L'employeur privé
bénéficie pour chaque recrutement en contrat à
durée indéterminée ou déterminée d'au moins
12 mois, d'une prime modulable en fonction de l'ancienneté du
chômage de 1.000 à 2.000 francs par mois et de
l'exonération des charges sociales patronales. Ce type de contrat est
réservé au secteur privé. Il correspond à
l'adaptation du contrat de retour à l'emploi (CRE) dans les DOM.
Le contrat d'insertion par l'activité (CIA)
Ce dispositif consiste à remettre en activité, par
l'exécution de tâches d'utilité sociale, des
bénéficiaires du RMI exclusivement, au moyen d'un
véritable contrat de travail. Les titulaires de CIA ont un employeur
unique, l'agence d'insertion, établissement public créé
dans chaque département, qui les met par voie de convention à la
disposition des collectivités et des associations. Comme pour les CES,
l'activité est exercée à mi-temps. Elle est
rémunérée sur la base du SMIC horaire.
Le contrat d'emploi solidarité (CES) ou le contrat emploi
consolidé (CEC)
Ce dispositif est le même qu'en métropole. Il s'agit d'offrir
à des publics en difficulté d'insertion un emploi à
mi-temps, rémunéré au SMIC horaire, pour satisfaire, dans
le secteur associatif ou auprès de collectivités, des besoins
d'utilité collective.
Les primes à la création d'emplois
Elles sont attribuées sur agrément préfectoral aux
entreprises dont l'activité est principalement orientée vers des
débouchés commerciaux à l'extérieur des
départements d'outre-mer et qui augmentent leurs effectifs.
Source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer
Depuis 1996, le FEDOM permet chaque année de proposer un contrat
à quelque 4.500 demandeurs d'emplois.
Action du FEDOM en Guyane
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999* |
2000* |
CES-CEC |
2.595 |
3.147 |
3.229 |
2.376 |
2.529 |
2.725 |
3.000 |
CIA |
- |
- |
944 |
1.050 |
1.050 |
1.050 |
1.050 |
CAE |
- |
431 |
628 |
729 |
434 |
444 |
444 |
CRE |
533 |
18 |
- |
- |
- |
- |
- |
Emplois-jeunes |
- |
- |
- |
- |
209 |
250 |
195 |
Total |
3.128 |
3.596 |
4.801 |
4.155 |
4.222 |
4.469 |
4.681 |
*
Prévisions Source : secrétariat d'Etat à
l'outre-mer
A ce dispositif spécifique s'ajoutent les actions de droit commun de la
politique de l'emploi, telles qu'elles peuvent être menées en
métropole.
Au total, en 1998, 6.320 demandeurs d'emploi ont bénéficié
d'une des mesures de la politique de l'emploi, qu'il s'agisse d'un contrat ou
d'une action de formation.
Actions de la politique de l'emploi en 1998
Mesures en
faveur
des jeunes
Emplois jeunes |
|
Nbre de projets déposés |
194 |
Nbre de postes prévus |
498 |
Nbre de conventions conclues |
142 |
Nbre de postes prévus |
318 |
Contrats en alternance |
|
Contrats d'apprentissage |
|
Contrats visés |
175 |
Contrats de qualification |
|
Contrats visés |
109 |
Contrats d'adaptation |
20 |
Contrats d'orientation |
48 |
Créations d'emploi |
|
CES |
|
Conventions conclues |
1.135 |
Avenants reconduction |
1.324 |
Total |
2.459 |
Avenants formation |
266 |
CEC |
|
Conventions conclues |
140 |
Avenants reconduction |
282 |
Total |
422 |
CEV |
|
Avenants reconduction |
27 |
Avenants formation |
1 |
Exonération à l'embauche |
|
Exonération 1 er salarié |
271 |
Temps partiel (30 % abat.) |
99 |
Nbre déclarations reçues URSAFF |
95 |
Nbre transformations |
4 |
ACCRE |
|
Nbre de bénéficiaires de l'aide |
18 |
Nbre d'entreprises créées |
8 |
Mesures en faveur des chômeurs de longue
durée
|
|
SIFE/COLLECTIF |
|
Conventions signées |
48 |
Entrées en stage |
460 |
SIFE/individuel |
|
Conventions signées |
95 |
SAE |
|
Conventions signées |
83 |
CAE |
|
Conventions signées |
434 |
Jeunes |
142 |
CIA |
|
Contrats signés |
1.229 |
Mesure dans le cadre de l'O.M.I. |
|
Contrats de réinsertion |
|
dans le pays d'origine |
42 |
Total |
6.320 |
Source : DDTEFP
b) Un bilan décevant
Face
à la progression du chômage, la politique de l'emploi s'est
fixée un objectif qui peut paraître modeste : le maintien du
taux actuel de chômage.
Pour autant, même au regard de cet objectif, le bilan de la politique de
l'emploi est médiocre.
Force est d'abord de constater l'inadéquation quantitative entre le
nombre de mesures pour l'emploi et le nombre de demandeurs d'emplois.
En 1998, alors qu'il existait 13.000 demandeurs d'emplois en fin
d'année, seules 6.320 actions avaient été mises en place,
certaines pour des durées inférieures à l'année.
Il semble donc que la politique de l'emploi accumule un retard certain par
rapport à la croissance du chômage. Ainsi, de 1996 à 1998,
alors que le nombre de chômeurs déclarés a augmenté
de 21,2 %, le nombre d'actions d'insertion financées par le FEDOM
(qui représentent les deux tiers du total des actions de la politique de
l'emploi) a diminué de 12 %.
Cette situation est tout particulièrement préoccupante
s'agissant des jeunes arrivant sur le marché du travail.
Ainsi, en
1998, seul un tiers environ des jeunes quittant l'école sont
allés s'inscrire à la Permanence d'accueil, d'information et
d'orientation (PAIO), alors même que la moitié de ces jeunes n'a
aucune qualification. On peut donc en conclure que les deux tiers des jeunes
devant entrer sur le marché du travail échappent à tout
suivi.
La situation des allocataires du RMI est aussi très
inquiétante. Depuis la mise en place du RMI, 10.000 personnes ont
été bénéficiaires de cette allocation, mais seules
1.500 sont sorties du dispositif.
Cela signifie alors que les dispositifs
du retour à l'emploi sont très imparfaits.
En 1998, le taux d'accès des bénéficiaires du RMI aux
mesures pour l'emploi s'établissait à seulement 8 % en
Guyane alors que ce taux atteignait en moyenne 15,9 % pour les quatre
départements d'outre-mer et 20,2 % en métropole.